Si vous avez suivi l’actualité hier, alors il ne vous a probablement pas échappé qu’un autre gros rachat vient tout juste de secouer l’industrie du jeu vidéo : celui d’Electronic Arts. Vingt-cinq ans après son entrée en bourse, la compagnie américaine a en effet confirmé être passée entre les mains d’un consortium d’investisseurs, qui ont déboursé la colossale somme de 55 milliards de dollars pour s’offrir l’éditeur de franchises très populaires comme EA Sports FC, Battlefield, Les Sims ou encore Mass Effect. Mais cela pourrait avoir de lourdes conséquences.

Le rachat d’Electronic Arts fait craindre le pire aux joueurs

Nous avons pu le constater avec des rachats comme ceux de Bethesda et Activision-Blizzard chez Microsoft, ou encore Bungie chez PlayStation, ce qui s’apparente à première vue comme une bonne nouvelle ne l’est en réalité pas toujours. Car oui, en acceptant d’être racheté, Electronic Arts se sauve peut-être d’un funeste destin qui aurait pu voir l’entreprise périr sous le poids de ses derniers échecs... Mais à quel prix ? Probablement celui, pour commencer, de lourdes conséquences sur le plan humain, comme le souligne très justement Jason Schreier sur Bluesky.

« Le rachat par endettement sera financé par une dette colossale de 20 milliards de dollars, ce qui signifie probablement qu’Electronic Arts devra procéder à des réductions de coûts *agressives* dans les mois et les années à venir. […] Cela pourrait se traduire par des licenciements massifs, une monétisation plus agressive et d’autres mesures importantes de réduction des coûts » explique le journaliste de Bloomberg. Autant dire qu’à une époque où les licenciements n’ont jamais été aussi nombreux, cela est donc loin d’être rassurant.

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BioWare et Mass Effect en danger ?

Pour Electronic Arts, cela est toutefois loin d’être le seul problème qui peut se profiler à l’horizon. Car dans ce genre de situation, outre des licenciements massifs, la réduction des coûts peut également passer par des annulations de jeux en développement, ou encore des fermetures de studios. Et qui sont les premières victimes ? Ceux dont les derniers jeux n’ont pas vraiment marché, et/ou dont les cycles de développement peuvent rencontrer des difficultés. Un profil qui correspond, à première vue, parfaitement à un studio comme BioWare.

En effet, depuis la sortie de Dragon Age: Inquisition en 2014, le studio d’Electronic Arts a éprouvé bien des difficultés à renouer avec le succès. Mass Effect Andromeda n’a pas forcément rencontré l’engouement suscité par ses prédécesseurs, Anthem est rapidement devenu l’un des naufrages les plus notoires de l’histoire de l’éditeur, et Dragon Age: The Veilguard a profondément divisé les joueurs. De fait, le rachat d’Electronic Arts fait aujourd’hui craindre le pire aux fans de Mass Effect, qui redoutent que BioWare n’ait jamais l’occasion de donner vie à Mass Effect 5.

« Je savais que l’avenir de BioWare était sombre, mais je ne pensais pas qu’il serait *aussi* sombre » regrette par exemple un internaute sur Bluesky, en réaction à un post ironisant sur le fait que la propension de BioWare à inclure des thématiques LGBT et politiques dans ses jeux pourrait aussi jouer en sa défaveur. « Adieu BioWare, on a eu un parcours exceptionnel, même avec Andromeda » déplore avec fatalisme une autre fan de Mass Effect, qui est loin d’être la seule à avoir déjà abandonné tout espoir de revoir la franchise un jour.

Mass Effect

La rentabilité avant tout

Car oui, depuis l’annonce du rachat d’Electronic Arts, les messages de ce style se multiplient par centaines sur les réseaux sociaux, preuve du peu de confiance qu’ont aujourd’hui les joueurs face à ce genre de combine. Et il est difficile de leur en vouloir après les récents déboires de Microsoft, qui n’a par exemple pas hésité à fermer des studios comme Tango Gameworks ou Arkane Austin après les avoir rachetés, en plus d’annuler de nombreux projets très attendus comme Everwild chez Rare ou Perfect Dark chez The Initiative.

Alors oui, à ce stade, rien ne garantit évidemment que BioWare ou Mass Effect vont inévitablement souffrir du rachat d’Electronic Arts. Néanmoins, sachant que l’éditeur a désormais une dette colossale à éponger, il est évident que des décisions vont être prises en conséquence, et que les projets les plus rentables vont être privilégiés. À commencer par EA Sports FC, bien sûr, dont la dernière itération vient tout juste de sortir, mais également probablement Battlefield ou encore Les Sims, qui rapporte beaucoup d’argent grâce à son modèle économique.

Dans le cas d’autres licences, comme Mass Effect ou Need for Speed par exemple, la situation s’annonce en revanche bien plus compliquée. Et cela expliquerait d’ailleurs pourquoi il se murmure que Need for Speed aurait finalement été mis de côté par Electronic Arts, bien que l’information n’ait toujours pas été officialisée. Quant à Mass Effect, à moins d’un miracle ou d’un jeu service bourré de microtransactions dont personne ne voudrait, l’avenir s’annonce pour l’heure on ne peut plus incertain. On croise donc les doigts aussi fort que possible.