Le décès d’Akira Toriyama laisse déjà un grand vide chez des millions de fans et de professionnels qui ont partagé leur peine de voir disparaître l’un des plus grands, si ce n’est le plus grand, mangaka de l’histoire. L'œuvre de sa vie, Dragon Ball, ne devrait pas tirer sa révérence de sitôt puisqu’une nouvelle série animée DB Daima, un peu à la sauce DB GT, est attendue en 2024, en plus du nouveau jeu Dragon Ball Sparking Zero. Et hasard du calendrier, Sand Land, l'une des dernières créations de Toriyama-san qui gagne à être connue, revient en force cette année.

Sand Land, du manga au jeu vidéo

Sand Land, c’est quoi ? Un manga paru, comme tant d’autres, dans le magazine Weekly Shōnen Jump, avant son édition dans un format one-shot. Un ouvrage de 192 pages qui n’avait pas vocation à s’inscrire dans la durée comme Dr Slump ou Dragon Ball. Dans cette histoire unique relativement courte, on fait la connaissance de Beelzebub, le Prince des Démons. Un être haut en couleurs, rapide, fort et un peu arrogant sur les bords, qui part dans une quête de l’extrême avec son acolyte Thief et un ancien shérif appelé Rao. 

Une association qui n’est pas naturelle de prime abord, mais pourtant nécessaire. Pour éviter de dépérir dans un monde désertique, transformé à la suite d’une guerre, Rao quémande les services de Beelzebub pour l’aider à trouver une source d’eau potable légendaire. Une denrée devenue ultra rare et qui fait l’objet d’un business contrôlé par une poignée d’hommes. Ça vous parle ? Remplacez l’eau par l’essence et vous avez quasiment le scénario de la mythique licence Mad Max de Georges Miller. Mais si ce récit vous semble familier, c’est aussi parce que le jeu vidéo Sand Land reprend la trame du manga original. Évidemment, on s’attend à des surprises et l’une d’elles n’est autre que le développement d’un nouvel environnement : Forest Land. Un coin de verdure qui insuffle de la vie à Sand Land et qui permet au monde de renouer avec la nature. Cette zone est exclusive au jeu vidéo et aux épisodes 7 à 13 de la série animée Disney+

preview jeu sand land

Que dire de nos premiers pas sur Sand Land ? Pour avoir eu l’occasion de visionner le film, sorti au Japon en 2023, avant notre session, ça s’annonce extrêmement fidèle et indispensable si vous avez un minimum d'affection pour le manga. On retrouve les principaux personnages avec leurs traits de caractère, et notamment Thief qui est la caution humour. De plus, le titre d’ILCA (One Piece Odyssey, Pokémon Diamant Étincelant et Perle Scintillante) tient à être au plus proche de l’aspect manga et utilise le cel-shading pour donner vie à l’univers de Toriyama-san et aux protagonistes associés. Si l’on n’est pas en face d’une claque graphique, l’illusion est bien néanmoins présente. Le rendu global est vraiment très agréable grâce à un cel-shading maitrisé qui, comme souvent, dissimule du mieux possible d'éventuelles carences techniques. Entre l’effet mirage dans le désert bien retranscrit, la section Forest Land avec son vert saturé ou les moments de nuit, les personnages et les véhicules... l'ambiance est clairement là. C’est du très beau boulot et ça nous a d’ailleurs vraiment étonné. 

Un monde ouvert qui ne demande qu'à être exploré

Contrairement à One Piece Odyssey, Sand Land n’est pas un JRPG mais un action-RPG, et est donc plus accessible de base. Peut-être trop même. Bien que notre santé ait pu parfois descendre plus que de raison lors du premier combat, en raison de mauvaises esquives (avec une parade déjà lente en soi), le gameplay parait très simple pour l’instant. On dispose d’une touche de coups, d’une attaque chargée… et c’est tout ! Alors on peut enchaîner les assauts pour faire des combos, mais on l’a rien vu de très développé à ce niveau, pour le moment. Pour gagner en puissance, Beelzebub peut emmagasiner de l’énergie des ténèbres, en prenant ou en assénant des coups, pour lancer des compétences spéciales. Toute ressemblance avec le concept des Saiyans qui peuvent libérer leur incroyable pouvoir lors d’une pleine lune serait fortuite (non). Malheureusement, on a juste pu expérimenter le « Combo ruée » qui manquait de mordant.

impressions jeu sand land

En sus de compétences actives comme le Combo ruée, le Prince des Démons peut faire éclore des capacités passives pour augmenter la puissance d’attaque, récupérer rapidement sa posture s’il est projeté, concentrer son énergie pour un coup plus fort etc. Les compagnons de route, comme Rao, ont aussi leurs aptitudes qui seront utiles lors des combats, quand bien même nos alliés ne sont pas jouables. Les affrontements n’étaient pas horribles, mais ça manquait de panache, d’impact et de grandeur. On n’a pas eu cette sensation de puissance que notre héros est censé dégager, et on espère que ça se verra plus au fil de la progression. De même, les niveaux au-dessus des ennemis ne nous ont pas paru essentiels au point de faire une vraie différence. 

Outre ces phases musclées à pied, on peut avoir différents moyens de transport comme la Motorbike (pour se déplacer vite dans l’open world), le Battle Tank (pour les combats), le Jump-Bot (pour sauter et atteindre des niveaux surélevés ou combattre), l’Hovercar (pour voler légèrement au-dessus de l’eau ou s'élever très brièvement dans les airs), et un dragon tout mignon (pour gambader avec une solution écolo). Et il y a même une armure de combat - un mecha grosso modo - qui vient alourdir l’équipement et qui peut parer des attaques en plus de faire parler sa puissance de feu. Il faut clairement s’habituer à la conduite de certains véhicules, qui peuvent être rigides comme la moto, parce qu’ils semblent aussi importants que dans le film.

On a par exemple dû affronter un kraken en le bombardant de roquettes, de tirs de mitrailleuse, et en esquivant ses attaques. Soit en se décalant dans la direction opposée d’un de ses assauts tentaculaires, soit en se surélevant avec l’Hovercar avant qu’on ne se fasse toucher. C’était assez raide, mais peut-être que la customisation des véhicules améliorera le feeling au fil du temps. Contre certaines ressources, on peut en effet booster des parties de nos bolides, fabriquer de nouvelles pièces et repeindre la carrosserie - qui est purement esthétique comme d’habitude. 

Des véhicules au cœur des combats, de l’exploration et parfois de la résolution d’énigmes dans des donjons. Avant d’accéder au dit kraken du donjon, qui faisait office de boss final avant de quitter les lieux, on a dû se frayer un chemin à travers ce dernier en actionnant de multiples leviers pour faire grimper le niveau de l’eau, dans le but d’avancer avec notre Hovercar. À voir l’importance que cela prendra dans la version finale de Sand Land, mais l’on espère que ces niveaux seront plus complexes, pour au moins justifier leur présence au-delà du simple fait d'offrir une bulle et de casser le schéma combats / exploration. On a aussi pu prendre part à deux phases d’infiltration, et là, on aurait préféré qu’elles n’existent pas. L’IA a l’air assez molle, il est possible de la déjouer facilement, même en courant, mais si elle a le malheur de vous voir, c’est l’échec assuré et il faut repartir de zéro. Ça risque pour le coup de frustrer les néophytes, mais également les fans d’infiltration qui pesteront devant les limites de l’exercice. 

avis sand land akira toriyama

On attend Sand Land avec curiosité 

Ces premiers pas sur Sand Land sont encore trop timides pour tirer de vraies conclusions. L’adaptation vidéoludique sera t-elle suffisamment intéressante ? Sur la fidélité de l'œuvre d’Akira Toriyama et sur le plan visuel, on ne s’inquiète absolument pas du tout. Le cel-shading est très bien exécuté et le rendu global est très flatteur, à notre grande surprise. Mais c’est sur toute la partie gameplay et le monde ouvert que l’on se pose encore des questions. Certes, les combats n’ont absolument pas besoin d’être d’une profondeur abyssale, et ce ne sera de toute façon pas le cas, mais on espère quand même que ce sera un peu plus consistant. On croise aussi les doigts pour une mise en scène un peu plus dynamique lors des affrontements. On demande également à voir également l’évolution des véhicules et des donjons, en espérant quelque chose de plus motivant. En l’état, le voyage sera peut-être sympathique pour les fans du manga, mais est-ce que ça débouchera sur un bon jeu également ? La réponse lors du test de la version finale.