Nintendo 64 : la superbe

En fonction du territoire considéré, la Nintendo 64 ne compte encore en 1998 qu'une ou deux années d'ancienneté. Son sort n'en apparaît pas moins déjà inquiétant sur l'Archipel, où les ventes sont loin derrière celles de la PlayStation de Sony.

Par exemple, Yoshi's Island atteint péniblement les trente mille exemplaires écoulés sur le marché japonais. Afin de relancer les ventes au Japon, les jeux de la N64 sont bradés pour l'équivalent de 100 ou 150 francs. Par ailleurs, les éditeurs tiers se plaignent du contrôle trop strict qu'exerce sur eux Nintendo. Le constructeur va en effet jusqu'à imposer ses plannings de publication.

Pendant ce temps, Sony applique une politique agressive et s'octroie ainsi les faveurs des éditeurs tiers. Nintendo ne s'en inquiète pas et préfère assurer la plus grande partie de la production en interne. Ce qui explique l'agrandissement substantiel de son siège social à Kyôto, passant de 17.000 à 27.000 mètres carrés. Cela dit, la presse n'est pas tendre et pense que Nintendo a besoin de rajeunir son image en créant de nouvelles licences, plutôt que de se contenter de décliner ses succès 8 et 16 bits. Et pourtant, la N64 va offrir au joueur l'une des plus belles années du monde.

Rumeur : Mario 64 part. 2

C'est une certitude, la suite du meilleur jeu de plate-forme sera disponible en 1998. Au programme : de nouveaux niveaux, mais surtout un mode deux joueurs !

Comme avec ses concurrentes, on commence doucement avec la naissance de la saga Mario Party. Anecdotique pour certains, cette série connaît un succès phénoménal, se vendant à plusieurs millions d'exemplaires par volet et rassemblant autour d'un jeu de plateau tous les profils de joueurs. Un titre qui illustre parfaitement la politique du constructeur.

En juillet, c'est au tour du studio Rare de faire rêver les fans de plate-forme avec l'excellent Banjo-Kazooie. Partenaire privilégié de Nintendo entre 1994 et 2001, le studio anglais impressionne par la rigueur et la régularité de ses productions.

Ainsi, après GoldenEye 007 (et Diddy Kong Racing me souffle t-on), c'est une fois encore une copie sans faute que Rare va rendre avec cette aventure étrange d'un ours et de son oiseau logeant dans son sac à dos. Si Nintendo assure tout au long de l'année des sorties espacées mais de qualité, c'est réellement pour les fêtes de Noël que la N64 offre à ses adeptes une myriade de titres.

Trois jeux majeurs réalisés en interne par Nintendo, bouleversent tous les fans : le génialissime 1080° Snowboarding, le survitaminé F Zero et le messie, plus grand jeu de tous les temps pour un grand nombre de sites spécialisés et de joueurs : The Legend of Zelda : Ocarina of Time.

Si ce dernier est à ce point adulé, c'est aussi qu'il aura su se faire attendre. Le récit de sa commercialisation est une épopée à lui seul. Pas un mois ne s'est écoulé sans que les magazines lui accordent une double page. Plus les jours passaient, plus la tension montait ! En décembre, alors que la sortie du jeu ne semblait plus être un mirage, c'est l'infime quantité d'exemplaires du jeu distribués qui a fini de transformer Ocarina of Time en chimère. Un lancement rocambolesque qui a très largement contribué au statut culte de cet épisode.

Scoop : Nintendo et Mitsubishi préparent l'avenir

Nintendo et Mitsubishi en 1998, c'est l'alliance improbable qui devait mettre au monde une console, mais qui a finalement accouché d'une caméra ! Par la 3D motion tracking, ce système analyse les gestes d'un individu pour les traduire à l'écran par les mouvements d'un avatar : donnez un coup de poing, votre combattant numérique fera de même ; inclinez votre buste, et votre voiture tournera. Autrement dit, plus besoin de manettes !

Cette nouvelle technologie était mise au point par Mitsubishi dans ses laboratoires secrets de Kanagawa. Une fine équipe a ainsi mis au point une puce baptisée ARC, pour Artificial Retina Chip, ainsi que deux programmes spécifiques de capture de mouvement qui se distinguent de la motion capture traditionnelle en ne faisant appel à aucun capteur. Les perspectives deviennent illimitées, mais l'équipement nécessaire coûte une fortune. Une rumeur court en outre que SEGA aurait lui aussi approché Mitsubishi pour acquérir à son tour cette technologie. Avec le recul, je ne sais pas pourquoi, mais cela me rappelle quelque chose...