L'E3 à Atlanta

C'est à Atlanta, du 28 au 31 mai, que la troisième édition de l'Electronic Entertainment Expo a eu lieu. À l'époque, l'événement était riche en jeux et en surprises. Enfin, c'est ce que nous pouvons affirmer avec un peu de recul en comparant cette édition aux suivantes.

En 1998 déjà, la presse souffrait d'une certaine nostalgie et se remémorait le coeur serré les salons où elle avait découvert avec émoi des jeux comme Killer Instinct sur Super Nintedo ou Aladdin sur Megadrive. On pouvait alors lire entre les lignes des magazines : "Ah ! c'était le bon temps !"

Pour l'édition 1998 donc, pas de surprise, simplement la confirmation des tendances : la Saturn se meurt et fait place à la Dreamcast, Nintendo annonce de très gros titres pour la fin d'année, et Sony poursuit sa route tout en travaillant dans le plus grand secret à la PlayStation 2. Pas de nouvelles machines en démonstration, hormis la future Game Boy Color, qui se voit consacrée une petite démo. Les journalistes présents ont tout de même pu apprécier certaines déclarations musclées du président de Nintendo visant le gameplay des jeux Sony, jugé pas assez innovant.

Un brin offensé, le père Yamauchi ? Malgré ces allégations, le public n'est pas dupe. Comment ne pas fondre, en réalité, devant les présentations de Metal Gear Solid, Final Fantasy VIII, Silent Hill, Soul Reaver et Tomb Raider III ? Au sortir du salon, les comptes rendus ironisaient souvent sur le manque de jeux pour la Nindendo 64 ; pourtant, c'est bel et bien The Legend of Zelda : Ocarina of Time qui sortira grand vainqueur de cette édition de l'E3, ou "e-cube" comme on disait à l'époque pour se la raconter.

La nouvelle venue : la Dreamcast

Jeudi 21 mai, dans le cadre luxueux de l'hôtel international du New Otani, la 128 bits de SEGA, connue sous le nom de code Katana, se dévoile. Cette console a finalement été baptisée Dreamcast.

L'ambiance techno, "cosmique" d'après les journalistes sur place, montre que SEGA cherche à se forger une nouvelle image, plus jeune, plus « sympa ». Pour les observateurs de l'époque, le logo en forme de vortex et le nom de la machine évoquent le magazine Wired. C'est la Sonic Team qui a l'honneur de préparer une petite vidéo de présentation. L'ironie est de mise, et les mille cinq cents personnes sur place sourient malicieusement durant la projection.

En effet, le clin d'oeil moqueur est sans équivoque : alors que Nintendo, lors de la présentation de sa N64, avait mis en scène la tête de Mario en 3D, SEGA reprend le procédé, mais avec le visage de son nouveau PDG, M. Shôichirô Irimajiri. La blague va même plus loin et l'auditoire a droit à une version T 1000 du président de SEGA en réponse au Mario métallique de la conférence de Nintendo.

Le show bat son plein, la démonstration technique se poursuit avec la manette puis la carte mémoire révolutionnaire. Néanmoins, toujours pas de jeux à l'horizon. Enfin, Bill Gates fera une petite intervention pour soutenir avec force la machine et rassurer la foule d'un point de vue industriel et financier. Autant sur la forme que sur le fond, SEGA a réussi son coup ! Le constructeur affiche un nouveau profil, plein d'assurance et d'envie de conquête, après le revers douloureux qu'aura été l'échec de la Saturn !

Pour l'anecdote, la Dreamcast est rapidement rebaptisée "Dorica". Un sobriquet mignon, mais qui n'a pas accompagné la légende de cette machine. En ce qui concerne son line-up, seul Virtua Fighter 3tb tire son épingle du jeu - inutile, donc, de s'attarder sur Godzilla Generations, July ou Pen Pen Tricelon, les trois autres titres qui accompagnent le jeu de SEGA.

Bruit de couloir

Selon des sources sûres au sein de SEGA et de Square, un accord pour le développement d'un épisode de Final Fantasy sur Dreamcast aurait été signé en mai 1998. On attend toujours...