La Saturn : la singularité nippone

Les joueurs qui comme moi approchent de la trentaine et ont été élevés aux mangas, aux JRPG et à la culture japonaise ont forcément possédé ou bavé à l'idée de posséder la Saturn. Aucune autre machine n'a su mettre en valeur avec tant de justesse la singularité des oeuvres nippones. En 1998, deux jeux très caractérisés m'ont particulièrement marqué : Panzer Dragoon Saga, déclinaison parfaite du jeu de shoot à la sauce RPG, et surtout Shining Force III !

Si en France nous n'avons connu que le premier chapitre de ce titre pourtant développé en trois actes, le Japon eut le privilège de goûter à l'ensemble de l'oeuvre en 1998. Aussi, ajoutons au crédit de SEGA Dragon Force II, un superbe tactical RPG distribué uniquement au Japon. Toujours au pays du Soleil levant, le studio Treasure livre en cette belle année 1998 une véritable pépite : Radiant Silvergun.

Autour de cette exclusivité de la 32 bits de SEGA (depuis disponible sur XBLA) s'est progressivement créée une légende ayant fait de ce shoot them up l'un des jeux les plus chers à la revente. Terminons ce tour d'horizon des jeux Saturn par le brillant Symphony of the Night : cette version a été éditée une année après la version PlayStation, mais nombre de joueurs s'accordent à la considérer comme supérieure.

La PlayStation : l'offre la plus complète

Nous attaquons à présent le bilan de la machine de mon coeur, de ma console favorite, toutes générations confondues, celle qui m'a totalement comblé et fait rêver des jours, des nuits et des mois durant ! En 1998, elle a su tenir ses promesses et proposer aux joueurs des titres d'exception, et cela dans la totalité des genres existants. C'est simple : l'ensemble des productions mentionnées dans les prochains paragraphes s'avère remarquable, admirable, tutoyant parfois le divin !

L'année a commencé doucement en avril avec le portage console d'un mythe en devenir, Diablo ; mais, dès le mois de mai, les terres vidéoludiques allaient trembler avec Gran Turismo et Resident Evil 2 ! L'équipe de Motor Toon 1 et 2 n'avait plus fait parler d'elle depuis ses titres hauts en couleur. Revenu du paradis de l'automobile, Yamauchi a rapporté la recette secrète de la simulation parfaite, de sorte qu'après Gran Turismo aucun jeu de voiture ne pourra plus être comme avant : Polyphony Digital a créé là un précédent auquel tous les développeurs devront se référer.

De la même manière, Resident Evil 2 a su marquer son temps. Après un premier épisode élu meilleur jeu PlayStation en 1997 par 200.000 Américains et vendu à quelque quatre millions d'exemplaires de par le monde, Capcom va remettre le couvert pour terrifier une fois encore la terre entière. Resident Evil 2, c'était une surenchère en tout point : deux nouveaux personnages, deux CD, des environnements inédits, une 3D jamais vue, de nouvelles armes et une campagne de lancement signée George Romero. Pour beaucoup, Resident Evil 2 reste l'un des meilleurs épisodes de la série !

L'année 1998 ne souffre que d'une seule imperfection : l'absence d'un épisode de Final Fantasy, le septième volet étant sorti l'année précédente, alors que FF VIII verra le jour douze mois plus tard.

Même chose pour Grandia : il s'en est fallu d'un cheveu que le jeu sorte en 1998. En dépit de l'absence de ces grandes franchises, la machine de Sony ne s'en est pas moins particulièrement illustrée en matière de JRPG, jugez plutôt : Alundra, le formidable Zelda-like de la PlayStation ; Star Ocean : The Second Story, volet grandiose de la série de tri-Ace ; Breath of Fire III, deuxième chapitre de la saga de Capcom à arriver en France, et pas des moindres ! Chanceux, nous l'avons été, mais pas autant que les joueurs nord-américains et japonais !

Ces derniers ont en l'occurrence eu le privilège de s'adonner au sublime Xenogears ainsi qu'au non moins atypique Parasite Eve. C'est sans compter la joie des amateurs américains de stratégie, qui se sont vu offrir une référence en la matière avec Tactics Ogre. Et quitte à me voir reprocher de ressasser les vieilles rancoeurs, parlons tout de suite de ce qui nous a le plus affectés en 1998, pauvres Français que nous sommes.

L'origine de cette amertume est Metal Gear Solid. Sorti au Japon et aux États-Unis en 1998, il n'arriva dans notre pays que l'année suivante. Durant des mois, nous avons donc patiemment usé les pages de nos magazines favoris, lisant et relisant jusqu'au déchirement les news, previews et tests de MGS. Certains d'entre nous ont craqué, mais les moins polyglottes se sont retrouvés bloqués face aux premières énigmes nécessitant un minimum de compréhension. L'attente fut insoutenable, mais le plaisir ressenti une fois le Graal entre les mains sut nous faire oublier toutes les souffrances.

La qualité des jeux du reste de l'année ne baissera pas d'un iota : Heart of Drakness et Dead or Alive en juillet ; Tenchu : Stealth Assassins en septembre ; MediEvil en octobre ; Tekken 3, Tomb Raider III, Oddworld : l'Exode d'Abe en novembre ; et enfin, Crash Bandicoot 3 en décembre ! Vous en voulez encore ? Je vous laisse terminer cette lecture : avec la conclusion, vous serez définitivement rassasié.

Trivia

À l'occasion de la sortie de MediEvil, le numéro 71 de Joypad offrait à tout acheteur dudit canard un CD audio de dix pistes tiré de l'aventure de Sir Daniel Fortesque. En 1998, même les magazines étaient fabuleux.