Bon, autant vous le dire : en 2084, rien n'ira pas mieux. Désolé pour vos enfants et vos petits enfants, mais il y aura une énorme guerre, les mégacorporations vont remplacer les États, un virus informatique, le Nanophage, s'en prendra aux personnes équipées d'implants cybernétiques, on cloisonnera toujours davantage en fonction des classes sociales, et les seules couleurs visibles seront celles des néons et des tags sur les murs. Forcément, il fera toujours moche, et de toute manière, vu la taille des buildings, impossible que le soleil passe. Un futur dystopique comme on les aime, où l'on préférera rester chez soi et passer ses journées dans des univers virtuels. Dans ce monde déconnant au possible, il y aura un nouveau job génial : Observateur. Inspecteur capable de se plonger dans l'esprit des gens grâce au Mange-Rêve, accessoire le connectant aux puces cérébrales, devenues une norme. Fouiller dans les souvenirs, rien de tel pour résoudre des enquêtes et être de bonne humeur quand on connait les moindres détails de meurtres bien sordides.

No Future

Dans Observer System Redux, qui se déroule donc en 2084, vous incarnez Daniel Lazarski, un Observateur expérimenté de la ville de Cracovie, parti sur les traces de son fils, Adam, un brin effronté. Il pensait le retrouver dans un hôtel délabré, il va finalement tomber nez à nez avec un cadavre décapité, sans pouvoir confirmer son identité. Les analyses via bio-vision et vision électromagnétique ne donnant rien de concret, il va falloir parler au concierge, quelque peu buggué, et au voisinage pas toujours très net. Marcher, parler, fouiller, trouver d'autres cadavres, explorer leurs pensées et connaître, peut-être, le fin mot de l'histoire, c'est en gros le programme d'Observer System Redux.

Un programme tout simplement merveilleux pour quiconque aime les ambiances Cyberpunk glauques, les scénarios lourds, pesants, l'horreur, les moments de pure flippe, et les personnages, disons, bizarres. Comme vous l'avait déjà dit avec beaucoup de justesse Filipe dans son TEST, Observer est un thriller prenant, extrêmement bien conçu et écrit, amenant de vraies réflexions sur les rapports humains dans un univers 100% technologique et le transhumanisme. Sans parler de l'interprétation magistrale de Rutger Hauer, qui apporte toute son expérience pour faire de ce flic dans la peau duquel nous allons évoluer un être humain entier. Saluons d'ailleurs un easter egg rendant hommage au rôle le plus marquant de la carrière de l'acteur néerlandais qui nous a quittés en 2019. Vous verrez.

Que du mieux

On rappellera que, pour les plus curieux, il y aura davantage que la seule mission principale inscrite dans le journal de bord. À force d'errer dans le bâtiment et sa cour, de toquer ou de trifouiller des ordinateurs et des digicodes, ce jeu narratif d'exception va vous donner d'autres affaires sur lesquelles plancher, d'autres mémoires, parfois embrouillées, dans lesquelles se balader, la gorge nouée. Avec d'ailleurs de l'inédit par rapport au jeu original. Sans spoiler, on se contentera dire que la folie et l'horreur sont toujours au rendez-vous, avec un zeste d'érotisme. Mais ce n'est pas tout. Tout en convoquant de nouvelles trames qui ne jurent absolument pas avec le reste, Observer : System Redux s'ampute, à raison, de ce qui pouvait l'handicaper. Les phases d'infiltration, fortement stressantes, offrent maintenant davantage de visibilité et semblent moins lourdes. De fait, échapper à un "poursuivant" reste tendu, mais pas jusqu'au claquage et à l'abandon. Le piratage a lui aussi été modifié, avec un mini-jeu d'observation intéressant et que l'on peut toujours zapper.

La réflexion de la perfection

Bien sûr, la raison d'y revenir, d'y accorder plus d'intérêt pour ceux qui ne connaissaient pas le titre de Bloober Team, sensiblement identique et pouvant toujours être bouclé en sept heures environ, c'est ce nouveau look. On n'ira pas jusqu'à parler de démonstration de nouvelle génération, mais le bond visuel demeure suffisamment important pour dire, comme le veut l'adage, que "c'est pas l'même jeu". Les modélisations et les animations ont gagné en détails et en netteté. Les couloirs poisseux de l'hôtel et les différents délires visuels, qu'ils vous projettent dans des bureaux, une forêt ou une suite proprette offrent un rendu époustouflant, synonyme de seconde jeunesse.

Quand on avait déjà une ambiance sonore, sound design comme musiques, d'un si bon niveau, les nouveaux délices proposés par ce réaménagement, à commencer par des effets de lumière somptueux, un HDR efficace et un Ray-Tracing qui améliorent encore l'immersion, sont un peu la cerise sur le gâteau. Dommage que la version PC connaisse quelques soucis de fluidité et d'image qui se déchire lorsque l'on enclenche la dernière option citée avec tous les paramètres à fond, y compris en 1080p, sur une configuration pourtant confortable. Encore heureux, cela ne nuit en rien au ressenti global. Gageons que des correctifs s'en chargeront.