Skully est mort. Il n'est plus qu'un squelette. Mais ça va. Sa nouvelle existence dans la bourgade d'Aftervale, où il côtoie d'autres personnes et créatures décédées, ne lui déplaît pas. Enfin, encore faudrait-il qu'il ait un point de comparaison, puisqu'il ne se souvient guère de ce qu'il était lorsque son coeur battait encore et qu'il ne ressemblait pas à un héros des pires publicités pour les produits laitiers. Cela va changer : la cérémonie du Souvenir l'attend. Sauf qu'en fait non. Le jour où tout aurait pu rentrer dans l'ordre dans sa caboche, les humains prennent d'assaut les environs et s'emparent du doyen pour qu'il leur révèle l'emplacement de la source d'énergie locale, la Flamme Bleue. Dès lors, Skully, qui se montre plutôt habile épée en main, va partir à l'aventure accompagné de sa pote chauve-souris Imber pour remettre les pendules à l'heure. Qui sait ce qui l'attend...

Une meule d'air pour Skully

Eh bien nous allons vous le dire : de l'action et de la plate-forme en 2D faite à la main, et des révélations explosives. Nous occulterons volontiers tout ce qui concerne un scénario somme toute mignonnet et un tantinet prévisible, avec une galerie de personnages amusants, pour nous concentrer sa proposition ludique, qui s'apparente à un mix entre Hollow Knight et Super Meat Boy. Le héros squelettique explore six donjons différents (avec des égouts, une forêt verdoyante, une forge ou encore une crypte) dans lesquels l'attendent des ennemis prêts à passer au fil de son épée et surtout une abondance de pièges. Les combats faisant montre d'une certaine mollesse, face à des soldats et bestioles sans grande variété ni pattern pouvant les rendre intéressants, à l'instar de boss sans aucune envergure, le plaisir provient plutôt de l'exploration.

Chaque nouvelle pièce, ou presque, se présente comme un niveau dédié à tester votre habileté. Il faut éviter les projectiles, les mécanismes susceptibles d'épuiser la barre de vie et surtout les surfaces capables d'envoyer immédiatement ad patres, nombreuses. Skelattack vous donne accès à un double saut et surtout la possibilité de se baisser, glisser et bondir sur les murs (simplement avec les directions, sans le saut, coup de main à prendre) pour mieux appréhender chaque défi. Parfois même, pour varier, à des moments de vol très Flappy Bird avec le facétieux Imber, ou même de furtivité. Aucun problème côté maniabilité, le tout répond vite et bien. Mais loin d'être clément avec la moindre erreur, le jeu d'Ukuza sanctionne durement. Souvent. La mort n'est heureusement pas synonyme de temps de chargement, et les différents checkpoints d'une seule pièce, placés avec intelligence, vous dispensent de la frustration de tout recommencer depuis le début pour une erreur d'inattention.

Un bon os à ronger

Reste que dès le début, si vous n'êtes pas attentif et précis, vous risquez d'enchaîner les déconvenues. Si un trépas semble n'avoir que peu d'incidence sur la progression en elle-même, il faut néanmoins garder à l'esprit que les pierres précieuses ramassées ici et là, parfois dans des renfoncements cachés, peuvent vite disparaître si l'on enchaîne les échecs - libre à vous d'aller ou non rechercher celles perdues à la dernière tentative ratée. Leur utilité ? Acheter des bouillons d'os rallongeant votre énergie et des sorts qui, comme les lingots que l'on amène au forgeron du village pour améliorer sa force de frappe, facilitent la vie. Ou la mort. Enfin bref.

En plus des capacités de dash ou de renvoi des flèches et autres boulettes qui tuent offertes en accomplissant des quête annexes, vous pouvez récupérer de quoi vous soigner, effectuer un triple saut ou lancer une côte tel un boomerang. Ce qui, vous vous en doutez, en plus de simplifier certains passages, en ouvre d'autres. Néanmoins, les compétences nouvelles n'étant pas nombreuses, le côté Metroidvania demeure assez sage. Pour ne pas perdre le joueur, Skelattack ne propose pas de donjons immenses ou trop dédaliques avec une mutliplicité d'objectifs. Il y a bien quelques recoins secrets. Encore une fois, peu nombreux. Au final, comptez cinq heures grand maximum - les speedrunners riront probablement de ce chiffre. Mais cinq heures distrayantes, au coeur d'un univers charmant, à l'esthétique colorée, parfois naïve et maladroite dans certains traits, qui évoquera, comme ses différentes mélodies, un univers à la Tim Burton. On aurait simplement aimé qu'il y ait un peu plus de chair et de muscle sur l'os.