Ces derniers temps, après avoir joué à la démo TGS et de Nioh 2 et à The Surge 2, votre serviteur est verni puisqu'un troisième Souls-like vient de tomber dans son escarcelle, pad en mains : Code Vein. Avec ce titre, la pression est lourde sur les épaules de Bandai Namco, l'éditeur des derniers épisodes de Dark Souls qui veut désormais goûter une part de son propre gâteau , en tant que chef qui copie la recette de son pâtissier le plus talentueux. En effet, notre preview de mai dernier ne nous avait pas spécialement enchantés. Mais comme vous allez pouvoir le lire dans ce test, Code Vein s'en sort au final plus qu'honorablement...

God Vein

Vous le savez, Code Vein empruntera beaucoup à Dark Souls, mais ce que vous savez peut-être un peu moins, c'est qu'il s'inspirera aussi beaucoup d'un certain God Eater, Monster Hunter-like de son état édité par Bandai Namco, tant au niveau du design manga post-apocalyptique que de certaines features de jouabilité. L'éditeur de héros qui ouvre le jeu donne d'ailleurs le ton avec la possibilité de se créer un bel éphèbe androgyne, ou une nymphe plus ou moins affriolante, le tout selon vos envies. On passe du temps dans cet éditeur, aux très nombreuses options et multiples possibilités, et d'ailleurs, on pourra y revenir à souhait et sauvegarder ses designs préférés, très variés avec de multiples couleurs et motifs et ce malgré quelques petits bugs de collision. Pour peu que vous aimiez le genre, le design manga est très efficace, et son côté pompé sur God Eater est assez séduisant lui aussi. On y retrouve un héros amnésique, mort-vivant, vampire et muet ! Notre bougre est l'Élu, puisqu'il est capable de changer de code - de classe - à volonté, et de purifier l'univers de l'épais brouillard qui l'entoure. Le monde est en déroute, et les vampires sont obligés de taxer du sang aux humains, parfois pas mieux traités que du bétail. On s'intéresse beaucoup aux destins croisés des héros et à leur psyché, et l'histoire reste assez sombre dans l'ensemble.

Par rapport au reste de la production Souls-like, Code Vein ne sera pas avare en narration. En plus des nombreuses cinématiques et des discussions avec les compagnons dans le HUB, on aura aussi droit à des phases à la Killer Is Dead, ou l'on avance sur un chemin imaginaire à la découverte des souvenirs et du passé des protagonistes de l'aventure. La bande-son du jeu est plutôt juste, tantôt pêchue, tantôt dramatique avec des airs de classique. Les voix seront disponibles en japonais et en anglais, les textes eux restent en français. Le design global très japonisant fait preuve de pas mal de fan service, et ce même sur les boss, comme cette copie démoniaque d'Hatsune Miku qui vous découpe en deux tout en faisant du pole dance sur sa faux. Il faut apprécier ! Et ce d'autant plus que les plans cinématiques douteux sont légions. Avis aux amateurs ! Le reste du casting - les mobs - sont plutôt variés, changent à chaque zone et sont plutôt raccords avec cette dernière. Le tout est soutenu par une technique solide, mais pas des plus flamboyantes. Si les couleurs peuvent chatoyer, les modèles 3D cell-shadés restent basiques et le jeu peut souffrir de quelques ralentissements. Clairement, l'univers de Code Vein, fortement inspiré de la vision post-apocalyptique manga un poil sexy de God Eater a vraiment de quoi séduire.

Darksoulisé ?

Aussi, si vous connaissez les moindres recoins de Lordran, Code Vein va vous confronter à quelques menus détails vraiment troublants : le HUD de boss vaincu, pour ne citer que lui. Et ce même si un bon vieux "Vous êtes mort" manque curieusement à l'appel. Les animations de consommation d'objets seront là aussi source d'intrigue. Les ascenseurs fonctionnent bel et bien comme dans les jeux de From Software, même si on n'est pas tombés cette fois-ci. Des slimes bien vicieux s'arrachent parfois du plafond. En fin, le joueur peut tourner dans le dos des ennemis pour leur faire moult dégâts. Quelques éléments de décors semblent eux aussi tout droit sortis de Dark Souls, à peine remaniés, comme un hommage appuyé, et ce même dans leur conception, comme cette descente hasardeuse qui semblait mener vers le hameau du crépuscule... Tout ces petits clins d'oeil sont de l'or en barre, et montrent bien au joueur là ou il est : dans un Dark Souls-Like.

Et reste donc à savoir si Code Vein s'en sortira sur ce point. Après un tutoriel opaque au possible, surtout porté sur les mécaniques RPG du jeu et qui devrait en perdre quelques-uns, qui dorment au fond de la classe, on découvre un système classique avec deux boutons d'attaque, une garde, une parade à la Bloodborne qui peut tuer son assaillant en un seul coup, et une jauge d'endurance. Mais dès les premiers combats, on se rend bien vite compte que le gameplay axé action n'est pas des plus fluides, avec un feeling très hack'n slash, avec des animations très rigides, et des compétences, qui vont du sort de soin au combo automatique, qui se lancent comme dans n'importe quel Diablo-Like. C'est un poil frustrant, on ne sent pas vraiment ses coups, et de plus, l'ensemble se montre plutôt mou, peu entraînant. C'est vraiment dommage que cet aspect ne fonctionne pas vraiment car comme nous allons le voir, le jeu est en plus assez facile.

Sekiro, c'est plus fort que toi

Bien évidemment, certains principes de la recette ont été ajoutés dans la casserole, comme la fiole d'estus qui ne se recharge qu'aux feux de camp, tout comme le passage de niveaux. Plusieurs types d'armes sont disponibles, et les objets de défense, qui changent le look de notre costume, proposent des mécaniques de défense différentes. Si on meurt, on perd bien évidemment son expérience, avec une chance de la récupérer. Petite nouveauté, aux sources chaudes, dans le HUB et en petite tenue, on pourra en récupérer la moitié sans aucun risque ! Mais on se servira peu de cette fonction tant la progression dans Code Vein nous a paru plutôt et globalement aisée. On a littéralement roulé sur le jeu, même les combats "invasion" où des dizaines de mobs vous harcèlent là où vous trouvez, les premières morts en série ne sont intervenues qu'au bout d'une poignée d'heures de jeu, avec un vrai gap de difficulté contre le boss Miku, strip-teaseuse démoniaque. Mais en fait, on se trouvait sur un chemin un peu trop avancé, et après avoir roulé sur quelques autres boss situés ailleurs sur la carte, l'exécutrice, c'est son nom, est tombée au premier essai. La suite du jeu s'est plus ou moins passée sans encombres, avec quelques passages un peu plus relevés mais pas forcément démoniaques, avec peu de tentatives nécessaires pour terrasser les boss.

Code Vein est dur, mais clairement pas autant qu'un jeu From Software. Les affrontements contre plusieurs adversaires en même temps ne sont pas aussi dangereux, et vos partenaires, avec leurs pouvoirs de soin, peuvent même vous ranimer si vous êtes tombé au combat ! De plus, avec le mode multijoueur coopératif, qui permet à un autre joueur de répondre à un appel type fusée de détresse dans Monster Hunter World, l'aventure s'en trouve encore plus simplifiée, puisque votre compagnon IA reste lui aussi dans le game, portant le nombre de chasseurs à trois ! Attention cependant, le niveau et le nombre de potions s'adaptent au niveau de l'hôte, cela peut surprendre : Attention aux excès de confiance quand vous aidez quelqu'un. Chacun y trouvera son compte, mais une chose est claire : la sensation d'accomplissement et de satisfaction face à l'adversité que peut procurer un Bloodborne ou un Sekiro s'en trouvera bien entamée.

Le code a changé (vous l'avez ?)

La petite originalité de Code Vein, il faudra finalement la chercher du côté des composantes RPG. Si le levelling est très limité et linéaire, tout comme l'amélioration de l'équipement, le code sanguin, qui fait office de classe, est interchangeable, à volonté. Vous pourrez donc passer de la grosse brutasse au magicien en un clin d'oeil. Et si les codes sont limités en progression, de plus puissants feront leur apparition au détour d'un chemin ou d'un pic scénaristique. Mais avec la possibilité d'hériter définitivement de dons - les compétences des classes - on pourra se créer sa classe à la carte, en mélangeant tous les pouvoirs de son choix ! Les dons peuvent êtres des attaques magiques, des combos qui se déclenchent tout seul, du soutien... Il faut attendre un certain temps avant de pouvoir les ré-utiliser et elles consomment de l'ichor, une jauge de magie qui peut se remplir en tapant sur ses ennemis. Mais clairement, on prend plaisir à fabriquer son héros à l'image de son style de jeu.

Un autre motif de satisfaction sera à chercher du côté du level design. Lors de notre preview, nous craignions alors que le monde soit découpé comme Nioh, en niveaux indépendants. Mais il n'en est rien, et nous n'avions en fait rien vu de ce genre : Le monde de Code Vein est une grande carte plutôt linéaire faites de grosses zones qui s'enchaînent les unes après autres. D'ailleurs, ne vous y trompez pas, si deux chemins sont disponibles à certains moments, nous sommes au final très guidés.

Néanmoins, certains niveaux sont assez intéressants et proposent des mécaniques parfois bien retorses. On repassera sur les labyrinthes ou les clefs à récupérer, autrement plus indigents. Des embuscades vous attendent à chaque coin de rue, et les chutes sont implacables et mortelles. Là dessus, le jeu peut se montrer aussi frustrant que son modèle. En termes de verticalité, de surprises et d'intelligence, on est loin, très loin de Dark Souls et de son Lordran qui reste la référence, mais c'est tout de même plutôt pas mal, bien que très linéaire. Un bon point malgré tout.