Décidément, la génération de consoles actuelles ne cesse d'accueillir d'anciens grand jeux de plate-forme remis au goût du jour. Après des titres forts tels que Crash Bandicoot N.Sane Trilogy, ou encore le dernier Ratchet & Clank, c'est au tour de Spyro le petit dragon de remontrer le bout de son museau.

Eh oui, c'est encore un jeu d'Insomniac Games qui est à l'honneur, et c'est Toys for Bob - qui avait déjà travaillé sur la licence avec les Skylanders - qui s'est occupé du développement de ce qui est un véritable remake, pas une simple remasterisation. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le travail n'a pas dû être de tout repos pour cette compilation proposant les trois premiers épisodes sortis sur PlaySttaion en 1998, 1999 et 2000.

Au pays des dragons...

Il est une chose à savoir à propos du remake qui nous intéresse aujourd'hui, c'est que le code source de la trilogie d'origine à été perdu... Un travail aussi minutieux que titanesque à dû être organisé : rejouer aux trois jeux d'origine pour s'inspirer des décors et des créatures qui les peuplent afin de les recréer intégralement, de la façon la plus fidèle possible. Mais il a aussi fallu retravailler toutes les musiques d'origine, ainsi que le doublage, en ré-écoutant le matériel de base, qui avait à l'époque été composé par Stewart Copeland, l'ancien batteur de The Police ! D'ailleurs, ce dernier participe encore aujourd'hui, dans une moindre mesure, et le résultat final est assez bluffant quand il est comparé au jeu d'origine. Du moins artistiquement parlant, puisque le jeu, sa jouabilité et ses niveaux restent globalement identiques : on n'est pas devant une refonte complète à la Resident Evil "Rebirth". Si l'on peut regretter cet état de fait, au final, on reste ultra nostalgique de la version PS1 et on reconnaît tout de même que le travail de recréation est bien fait.

Ce changement s'accompagne en tous cas d'un design légèrement différent, où les modèles 3D anguleux de l'époque, qui faisaient appel à notre imagination féerique il y a 20 ans, semblent désormais tout droit sortis d'un film d'animation Pixar, avec un design résolument plus humoristique. Spyro a désormais une bouille bien plus espiègle et expressive, les dragons ont plus de personnalité et des costumes plus élaborés, tout comme les monstres, qui gagnent en finesse et en détails. Si l'on pourra tiquer sur le fait que le design choisi n'est pas plus mature aujourd'hui, maintenant que les fans ont bien grandi (imaginez un Spyro avec un univers à la Last Guardian !), au final on se dit que ça colle bien avec l'esprit initial, et qu'on pourra y jouer non seulement pour nous remémorer quelques bons souvenirs, mais aussi pour initier nos chères petites têtes blondes aux joies du gaming d'antan, avec un jeu sur lequel Papa et Maman ont passé de nombreuses heures en rentrant de l'école (mais après avoir fait leurs devoirs, bien sûr !).

Rallumer le feu

Ce travail de restauration graphique s'accompagne donc également de toute une révision de la partie sonore. Et là encore, on n'est pas pris au dépourvu : les mélodies d'antan reviennent en tête aussi vite que l'éclair. Pour ce qui est des doublages, le choix des voix et le jeu d'acteur de la version française se montrent plus que convaincants, avec toujours une bonne dose d'humour et des dialogues fidèles à ceux de 1998/1999/2000. La narration reste quant à elle assez similaire, avec quelques courtes cinématiques, là encore refaites, mais aussi quelques panneaux de textes qui apparaissent ici et là. Le résultat se révèle assez déroutant, car on se rend assez vite compte que ces cinématiques ne sont pas en temps réel mais enregistrées, avec une définition inférieure au reste des phases de jeu... L'ensemble donne malgré tout un résultat plutôt bien fichu, et on a été plutôt séduits par l'aspect visuel et sonore de ce remake de la trilogie Spyro originelle.

Niveau jouabilité, et même level design, comme indiqué peu plus haut, on reste sur quelque chose de quasiment identique à la formule d'origine. En effet, on est toujours sur un jeu de plate-forme 3D à l'ancienne, avec pas mal de liberté, où l'on va pouvoir aller fouiner un peu partout, puisqu'on nous lâche dans une sorte de hub central à la Super Mario 64 qui va permettre d'accéder à tout un enchevêtrement de niveaux, au fil de la progression. C'est dans ces arènes fermées que l'on va passer le plus clair de notre temps, à fureter dans les moindres recoins. On doit toujours partir sur la piste de dragons à sauver, histoire d'apprendre les bases de la jouabilité, mais aussi de moult trésors à dénicher, avec des joyaux par milliers ainsi que ces satanés voleurs d'oeufs à courser dans les niveaux, et enfin de nombreux combats contre des adversaires familiers, marrants et assez variés. La course au 100% est prenante, et on est à peine surpris de retomber dans l'addiction que représente la collecte de tous ces objets, avec même parfois un peu de frustration quand on passe à côté du bon chemin pendant 15 minutes sans l'avoir, alors qu'il ne nous reste plus qu'une poignée de joyaux à ramasser ! La durée de vie pour atteindre les 120% dans un des jeux de la compilation devrait donc vous prendre pas mal de temps, et ils sont trois à proposer peu ou prou une formule sensiblement identique, à quelques menus ajustements de gameplay près ("Oh, il peut nager !").

Psycho le Dragon

Parlons-en, de la jouabilité, car s'il y a bien un aspect de ce remake qui va se montrer assez frustrant, c'est la relative fidélité des commandes à celles d'origine... Pas de souci, on retrouve bien le feeling d'il y a 20 ans : il ne faut pas aller trop vite, bien régler sa caméra avant de tenter un saut, et bien faire attention à ne pas faire de faux mouvements avec la direction, sous peine de rentrer dans des bouts de décor ou de tomber de la plateforme sur laquelle on se trouve au lieu d'atterrir sur celle d'en face... Pourtant, le jeu bénéficie enfin du confort moderne de la rotation de la caméra avec un second stick. La course au trophée de platine risque de ne pas être de tout repos tant les commandes sont lourdes, avec beaucoup d'inertie. Sachez que chaque jeu dispose de sa propre ligne de trophées sur PS4 et il faudra libérer bien des dragons avant d'en voir le bout !

L'autre point un peu négatif : la technique. Si l'on vous à déjà donné notre avis sur le design, l'aspect purement graphique n'a rien de transcendant par rapport aux derniers blockbusters de nos consoles favorites. Alors oui, c'est sûr que le design reste séduisant et que comparé à la version PS1, le bond en avant s'avère prodigieux, reste que ce n'est pas impressionnant pour autant. Ce n'est pas le fait de pouvoir cramer la végétation qui va nous éblouir, et on est assez déçu par les nombreuses et fréquentes chutes de framerate, mais aussi par des graphismes qui sont clairement en dessous des standards actuels. Avec un peu de mauvaise foi, on pourrait même dire que le jeu aurait probablement pu tourner sur la précédente génération de consoles, et on le verrait aussi, par exemple, très bien fonctionner sur Switch. C'est assez surprenant, car le jeu en version dématérialisée pèse pas moins de 70go sur PS4 ! D'ailleurs, à ce propos, notez que si vous achetez la version boîte, seul le premier jeu sera présent sur le disque, et il faudra donc télécharger les deux autres... En démat' la question se pose moins, mais dans les deux cas, attention aux petites connexions internet... Vous l'aurez compris, malgré d'évidentes qualités, ce remake de la trilogie Spyro originelle n'en reste pas moins entachée de quelques petits défauts bien agaçants.