SNK avait surpris son monde en annonçant lors d'un Nintendo Direct de ce début d'année un titre assez atypique à venir dans leur catalogue : SNK Heroines. Avec ses combats en duo, son casting exclusivement féminin et son fan service aguicheur, il n'en fallait pas plus pour faire chavirer le coeur des otakus amateurs de baston.

Et ça y est, il est là, et on a pu jouer à la mouture destinée à la console hybride de Nintendo. Sur Switch, le jeu pèse 11 Go, et il est disponible en version physique. Sur PS4, il faudra passer par la case "dématérialisé". Maintenant, voyons sir le résultat est à la hauteur des attentes.

La baston pour tous

Quand on a passé un moment à jouer à SNK Heroines, on sent vraiment que des titres comme Blazblue Cross tag Battle ou Dragon Ball FighterZ sont passés par là en termes d'accessibilité et de plaisir de jeu immédiat. SNK Heroines met en scène des affrontements 2 contre 2, où les commandes ont étés extrêmement simplifiées, un peu comme si le mode Stylish de Guilty Gear avait été appliqué. Avec les touches en façade, on dispose d'une attaque faible, une forte, la choppe, et le coup spécial. Seule la direction influe sur le coup qui sort, et force est d'avouer qu'il y a tout de même quelques petites possibilités de combos à base de cancels. Sur les gâchettes, on va retrouver la garde, désagréable au possible avec un Joy-Con, le tag pour changer de perso et le coup ultime, que l'on déclenchera d'une simple pression pour peu que l'on ait l'énergie nécessaire. Comptez quatre attaques spéciales et deux ultras par personnage. Des attaques de soutien et l'utilisation d'objets assez débiles sont aussi de la partie, comme par exemple cet item qui vient appliquer un filtre "canal + sans décodeur" sur l'écran pour décontenancer les joueurs ! Le tout donne un ensemble vraiment fun et ultra accessible, ou même votre petit frère ou petite soeur qui ne jure que par Candy Crush pourra sortir des coups assez spectaculaires très rapidement. Je vous le disais en préambule de ce paragraphe, SNK Heroines est un jeu de baston "à la mode".

Sa véritable particularité, il faut aller la chercher dans les conditions de victoire : ici, il ne suffit plus de vider la barre de vie de son adversaire, mais il faudra bel et bien lui mettre un ultra dans la face pour en finir ! L'humiliation est obligatoire, et on doit bien dire que ça ajoute pas mal de piment aux affrontements en permettant notamment des remontées fantastiques ! Pour une fois, les deux équipiers partagent la même barre de vie, et c'est la jauge de spécial qui sera séparée. Forcément, la combattante en retrait recharge bien plus vite cette dernière. Et plus on perd, plus on dispose de réserve de spécial, et donc de chances de remonter. Imparable ! Question profondeur et jouabilité sur le long terme ou en tournoi, on repassera, mais avec ses potes en local, c'est le pied ! On ressent bien la pression d'arriver à placer son ultra, les pifs sont de sortie, le mind game bouillonne, les injustices et remontadas sont légion et au final, on passe vraiment un bon moment. SNK Heroines remplit son contrat sur ce point, et on ne lui en demandait pas plus.

Service minimum

Là ou l'on aurait pu chercher la générosité, c'est du côté du contenu. Et ce n'est pas fameux. On ouvre le jeu avec un tutoriel, en Français comme le reste du jeu, assez basique - après tout, les commandes le sont bien - qui va venir nous montrer les bases de la jouabilité. Puis on va ensuite se lancer dans le mode Histoire, qui est en fait un mode arcade, avec sa paire de nymphettes préférées. On pourra y suivre un scénario, dont l'histoire peuvent très bien tenir sur un ticket de métro, comme toujours, dans un jeu qui mélange les personnages de différentes licences. Ici, les filles ont été enlevées par un dangereux pervers qui veut se constituer son propre harem personnel dans une dimension parallèle, mais pour cela, il a besoin que ses prisonnières se battent pour générer suffisamment d'énergie ! Quelques petites saynètes amusantes et/ou sexy sont insérées entre les combats, qui vont nous mener vers un affrontement final face au seul personnage masculin du casting. Ce boss, on pourra aussi le retrouver dans le mode Survie, qui propose un challenge classique mais efficace. L'argent durement gagné servira à acheter des costumes - nous en reparlerons plus tard - mais aussi quelques images, sons et vidéos dans une succincte galerie, et on pourra aussi admirer ses statistiques dans le menu détaillé.

Ajoutez à tout cela du versus, en local à 2 ou 4, et en réseau, local ou longue distance. A quatre sur table ou sur la télé, le jeu gagne en intensité et c'est ici que vous prendrez le plus de plaisir. En ligne, les modes s'avèrent assez basiques, avec la possibilité de créer un salon et de jouer un match rapide en pariant - ou pas - son argent durement gagné, avec une possibilité de revanche et de belle. Le netcode est la plupart du temps fiable, mais fuyez les adversaires ayant une mauvaise connexion, sous peine de devoir jouer des matches tout lents et dégueulasses avec un lag constant. Malheureusement, parfois, vous n'aurez pas le choix, car les serveurs ne sont pas des plus fréquentés... Au niveau du roster, très peu de combattantes sont disponibles, et c'est d'autant plus rageant que certaines sont déjà prévues en DLC et que l'écran de sélection, en forme de coeur, semble être prévu pour en accueillir trois fois plus... Vous l'aurez compris, pour un jeu de combat, c'est très faible. Mais peut-être que le fan service sera-là pour jouer les pompiers de service à l'heure du bilan final ?

Les reines du shopping

Et là encore, malheureusement, la réponse est non. De par l'hyper sexualisation de ses protagonistes, SNK Heroines pourrait bien se fermer la porte de quelques foyers. Mais pour ceux que que le grivois intéresse, là-bas, au fond de la salle, sachez que question personnalisation, le constat est sans appel : pour un jeu qui vise les aficionados, on est loin, très loin de la générosité d'un Dead or Alive (et ce, sans aucun DLC) qui peut proposer jusqu'à quinze costumes par personnage. Ici, il faudra se contenter de trois ! Celui d'origine de la combattante, et deux autres plus ou moins sexy. C'est peu, très peu, et il faudra se rabattre sur les quatre couleurs disponibles et des accessoires à placer pour jouer un peu à la poupée et customiser ses héroïnes. Clairement, sur ce point, on est déçu. Ceux qui espéraient passer de longues heures dans l'éditeur, comme avec un Soulcalibur ou un Tekken par le passé, devront se faire une raison. Ou ressortir leurs vieux jeux. Question fan service, passé la découverte des costumes, ont reste clairement sur sa faim. Le bilan est donc sans appel, sur tous les points, que ce soit sur les modes en ligne et local, la personnalisation, le casting : SNK Heroines se contente du minimum syndical. On pourra se consoler en se disant que DLC non compris, le jeu de base est proposé à un tarif plutôt raisonnable.

L'aspect technique au demeurant moyen ne viendra pas relever le niveau. Les effets visuels chatoient et débordent de coeurs de princesses, de diamants de licornes, de bonbons et d'oursons en peluche, pour un effet ultra kawai assumé. Les bruitages et les musiques sont dans le même esprit, avec des thèmes colorés et délicats, des sons stridents et mignons, mais qui pourront, à la longue, devenir légèrement agaçants. Peu de stages sont disponibles, et tous restent dans l'esprit mignon du jeu. Aussi, faites attention à ne pas sélectionner quatre fois le même costume. Ça ajoute à la pagaille ambiante. Niveau direction artistique globale, vous l'aurez compris, c'est très marqué. Mais la réalisation globale, un peu comme pour King of Fighters XIV, est datée. Les modèles 3D possèdent un style bien particulier, pas toujours avantageux. L'ensemble reste globalement peu flatteur.

En outre, la version Nintendo Switch que nous avons pu tester n'est pas exempte de défauts dont des temps de chargement qui peuvent paraître parfois longuets, et des graphismes peu engageants. Au programme, du crénelage associé à un flou prononcé, qui procurent au jeu un scintillement accentué par la faible résolution de l'ensemble, et un framerate proche des 30 FPS, avec parfois des pics de fluidité, dans les animations des attaques spéciales notamment, ce qui est assez déstabilisant. En mode portable, on sent les défauts mais la petite taille de l'écran aide beaucoup. Sur la télé, ça pique un peu plus yeux, mais le résultat reste tout de même potable et tout à fait jouable, même si on est loin du confort habituel de nos jeux de baston. Vous l'aurez compris, à moins d'être un inconditionnel du jeu de baston libidineux, SNK Heroines n'est pas le meilleur de sa catégorie même s'il mérite un peu de notre attention.