Avant de commencer, un peu de 36 15 My Life. Pendant son enfance dans les années 90, votre serviteur était un très grand fan de NBA. Tellement fan qu'il devait absolument se procurer tous les jeux vidéo ayant un rapport avec la ligue américaine et ses stars. Sans surprise, Shaq Fu premier du nom a donc figuré dans sa ludothèque Super Nintendo. Avec les mauvais souvenirs de que cela implique. Le temps et le recul aidant, il est devenu possible pour toute personne ayant connu le jeu de rire de Shaq Fu.

Ce dernier est en effet devenu une des icônes des mauvais jeux à licences de l'époque 16-bit. Ces rires ayant été interprétés comme de la nostalgie par Big Deez Productions, une "suite" du jeu, sans lien avec le jeu original a été mise en chantier en 2014. Si l'idée avait de quoi faire sourire pour son côté décalé et totalement improbable, des doutes quant au potentiel du projet ont immédiatement été émis. Et comme il était possible de s'y attendre, le produit fini est le digne successeur de son illustre aîné.

Était-ce bien nécessaire ?

Shaq Fu : A Legend Reborn raconte l'histoire de Shaq Fei Hung, un "pauvre chauffeur de pousse-pousse orphelin venu du village de Hunglow" ("Hunglow" est un jeu de mot en rapport avec les parties génitales et la gravité) aux prises avec l'infâme Yen-Lo-Wang. Ce dernier a envoyé des démons sur Terre, démons qui se font passer pour des célébrités qui transforment les gens en serviteurs abrutis. Bien évidemment, c'est à Shaq Fei Hung qu'incombe la lourde tâche d'arrêter ces démons (inspirés de personnalités comme Donald Trump, Justin Bieber, ou encore Paris Hilton) et de mettre Yen-Lo-Wang hors d'état de nuire.

Malheureusement le côté critique du culte de la célébrité et de l'idiotie ambiante du monde du divertissement n'est pas exploité comme il le mériterait. Si des auteurs, comme ceux de South Park ou des Simpson, ont le talent pour se permettre de faire du politiquement incorrect et/ou du satirique, ce n'est pas le cas de ceux de Shaq Fu : A Legend Reborn. Mis à part quelques rares répliques rigolotes (et le twist de fin au sujet des véritables origines de Shaq), le joueur se retrouve principalement face à des blagues lourdes et parfois limites, qui rappellent un ton plus entendu depuis la fin des années 90.

Shaq Fu, licence maudite

Contrairement au Shaq Fu original, qui était un jeu de combat en 1 contre 1, Shaq Fu : A Legend Reborn est un Beat 'em All à l'ancienne avec un défilement des niveaux à l'horizontale et un gameplay pour le moins basique. Il suffit de passer quelques minutes dans le premier niveau pour comprendre que nous ne sommes pas en face d'un GOTY en puissance. Qu'il s'agisse des animations extrêmement basiques et robotiques (sans oublier la détection hasardeuse des coups), ou de la modélisation des personnages, A Legend Reborn ne flatte jamais la rétine. C'est même tout l'inverse. Si certains défendront (peut-être) le jeu en soulignant le petit budget dont il a bénéficié, la production de ces dernières années a montré qu'il est possible de faire un grand jeu avec des fonds limités. Par moments, Shaq Fu : A Legend Reborn donne l'impression d'un projet amateur, ou d'un niveau de démo utilisé par des développeurs pour pitcher un concept à un éditeur en espérant obtenir un financement.

Mais le plus fort dans cette histoire, c'est que le jeu parvient à donner l'impression d'être trop long alors qu'il se termine en moins de trois heures en mode Normal. Après quelques minutes passées dans chaque niveau, la répétitivité des affrontements et les limitations du gameplay se font cruellement ressentir, et ce malgré la présence de plusieurs phases différentes (pendant lesquelles Shaq enfile une armure ou se transforme en cactus) et de combats de boss. Même Shaq, dans un moment de destruction du quatrième mur d'une rare lucidité, interpelle le développeur pour lui dire d'arrêter avec le flot sans fin d'ennemis... Ce n'est certainement pas l'effet recherché par les développeurs, mais le générique de fin apparaît presque comme une libération.