Little Witch Acadamia est un mignon anime tout droit sorti des studios Trigger à qui l'on doit notamment le survolté Kill la Kill. Loin des accès de violence et de l'absence de tissus auxquels nous a habitué ce dernier, Little Witch Academia se veut un délicieux cocktail sucré entre Harry Potter et Franklin la tortue. La série nous conte les aventures de la petite Akko, jeune fille dénuée de pouvoirs magiques, qui intègre une école de sorcellerie pour devenir magicienne grâce à la force de l'amitié et beaucoup de persévérance.

Suivant la tendance initiée par les récentes adaptations vidéoludiques de Dragon Ball, le scénario de Little Witch Academia : Chamber of Time n'est pas une simple redite de celui de l'anime éponyme mais une histoire inédite rédigée par le scénariste de la série himself ! Enfin... scénario inédit, c'est vite dit. Je pense que le jour où Bandai Namco a contacté ce monsieur il a dû renvoyer le synopsis de la page Wikipedia d'Un jour sans fin avec Bill Murray plutôt que d'envoyer une véritable trame.

Le jour de la marmotte

Nos premiers pas dans l'univers de Little Witch Academia ne sont effectivement pas plus excitants que le premier paragraphe d'une page du projet d'encyclopédie universelle en ligne. Punie pour une bêtise qu'Akko aurait faite hors caméra, notre petite héroïne se retrouve à ranger la bibliothèque de l'académie. Bien évidemment, plutôt que de diligemment accomplir sa corvée, celle-ci fait une sieste et dérègle une horloge magique qui l'oblige à revivre inlassablement la même journée. Plus effrayée par l'idée de se faire gronder par ses professeurs que par celle d'avoir déglingué le continuum espace-temps, Akko fait appel à 6 de ses camarades de classe pour vaincre les monstres cachés dans la chambre du temps et tenter de réparer son erreur.

Cette introduction dure une bonne trentaine de minutes qui nous oblige à répéter trois fois les mêmes actions alors qu'elle aurait pu être résumée en une. C'est d'ailleurs étonnant que cette partie du scénario soit aussi étalée alors que les personnages principaux que l'on croise tout au long du jeu n'ont droit, pour simple introduction, qu'à un mini récapitulatif sous forme de présentation Powerpoint d'une minute.

Dès la première heure de jeu, Little Witch Academia : Chamber of Time a beaucoup de mal à trouver un rythme et un ton qui lui conviennent. A l'image d'Akko lors de ses premiers jours à l'académie, la confusion prend vite le pas sur le plaisir de la découverte.

Basique, simple

Si le scénario de Chamber of Time est un étonnant crossover entre Harry Potter et une comédie avec Bill Murray, son gameplay serait la rencontre plus ou moins heureuse entre un jeu de rôle Playstation 2 et Dragon's Crown sous Lexomil.

Lorsqu'Akko ne fait pas de sieste dans la bibliothèque, elle casse du monstre dans la chambre du temps avec ses amies façon beat-em-all 2D avec des composantes de jeux de rôle. Vous avez bien lu ! Un bouton d'attaque faible, moyenne et forte, un saut, une esquive, on saupoudre le tout de quelques sorts et le tour est joué, nos apprenties sorcières se transforment en tueuses de démons façon Buffy, mais beaucoup plus Kawaii.

Il faut nettoyer l'écran de tous les errants pour avancer vers l'écran suivant. Terminer suffisamment de tableaux permet d'affronter le boss final et de récupérer un maximum d'équipements, d'argent et de points d'expériences pour augmenter les caractéristiques de nos petites sorcières. Simple mais efficace.

Un potentiel gâché

Il y a en tout 7 sorcières à incarner, Akko incluse, sachant que les donjons s'explorent à 3. Chacun de ces personnages représente un archétype classique des jeux de rôle aux forces et faiblesses clairement définies. Ainsi, Lotte est le mage aux sorts surpuissants mais faible au corps-à-corps, Jasminka est un tank capable d'encaisser de nombreuses attaques mais lente à déplacer ou encore Amanda est la voleuse à l'agilité accrue mais aux compétences magiques inexistantes. Les développeurs sont restés fidèles aux personnalités de chaque personnage et il est très simple de comprendre le rôle que chaque sorcière adopte en jeu si l'on connaît déjà l'animé. Les fans prendront un réel plaisir à découvrir les sorts et talents de chaque sorcière au fur et à mesure de leurs descentes dans la Chambre du Temps.

En revanche, il est dommage de voir que les développeurs n'aient pas accordé autant d'attention à tout le reste : le framerate ralentit régulièrement, les donjons manquent d'originalité et l'I.A. de nos alliées, tout comme celle de nos ennemis d'ailleurs, laissent clairement à désirer. Par exemple il n'est pas rare de voir ses coéquipières courir tête la première vers une mort certaine ou simplement rester immobiles face aux assauts ennemis. Heureusement, grâce au patch disponible à la sortie du jeu il sera possible de remédier à ce problème en jouant avec des amis offline ou online. Le pire reste tout de même les boss qui attaquent sciemment dans le vide, s'ils ne décident tout simplement pas de tourner en rond pendant que l'on spamme des attaques à distance. Les mauvaises langues diront que cela permettra de compenser l'absence d'utilité de nos coéquipières, les autres seront simplement déçus par ce potentiel gâché.

Synchronisation des lèvres !

Débloquer de nouveaux donjons pour réparer le continuum espace-temps nécessite de posséder les clés adéquates. Heureusement pour notre protagoniste, elles sont disséminées un peu partout dans l'école, modélisée entièrement en 3D pour l'occasion. Afin de récupérer ces précieux sésames il faudra explorer les lieux de fond en comble et aider les étudiants et le personnel de enseignant. On aurait espéré découvrir l'académie et apprendre à connaître ses étudiants de manière plus magique, plus fantaisiste, surtout quand on pense à toutes les situations étonnantes auxquelles est confrontée Akko pendant l'anime. Malheureusement, on devra se contenter de quêtes Fedex, d'énigmes simplistes et de dialogues à la synchronisation labiale plus que douteuse. En pour cause, elle est tout simplement inexistante !

Les dialogues, pourtant interprétés par les actrices d'origines de l'anime en version originale japonaise s'il vous plaît, perdent de leur impact lorsque l'on voit les bouches se mouvoir dans le vide. De plus, souhaitant peut-être rendre un hommage aux beat them all et aux jeux de rôle de l'époque, A+ Games a eu la fausse bonne idée d'ajouter un effet de saccade aux animations des personnages. Comme s'il manquait quelques frames entre chaque mouvement. Parfait pour rendre l'expérience moins immersive. Encore une fois, une belle opportunité manquée.

Une lueur d'espoir

Tout n'est cependant pas à jeter dans ce Little Witch Academia : Chamber of Time. L'attention qu'a porté A+ Games à la petite Akko est simplement remarquable. Ses mouvements, ses expressions, son entrain, impossible de ne pas tomber sous le charme de cette pile alimentée aux gaffes et à la bonne humeur. Les fans retrouveront la même Akko espiègle et enjouée qu'ils ont pu découvrir dans l'anime sans. Ce souci du détail se retrouve également lors des interactions entre Akko et les personnages principaux de l'anime. Il n'y a pas de révélations transcendantes concernant le lore de Little Witch Academia mais, une fois que l'on passe outre les défauts du titre, on s'amuse à flâner dans les couloirs et à papoter avec nos amies. La majorité des personnages principaux ont répondu présents pour vivre avec Akko cette petite histoire divertissante et retenir le joueur malgré les nombreux défauts du titre. Les anglophobes auront le plaisir de jouer à Chamber of Time avec les sous-titres en français et le doublage japonais, la combinaison parfaite pour profiter de ce type d'adaptation.