Quel ambitieux projet que nous propose ici le petit studio indonésien répondant au très, très doux nom de Yummy Yummy Tummy Inc. Un jeu d'action et d'aventure en deux volets, le premier sur PS4, et le second sur PSVita, un peu à la manière des célèbres licences Nintendo en multiples versions telles que Pokémon Rouge/Bleu, Zelda Oracle of Age/Seasons ou encore la saga Fates de Fire Emblem. Et ici, la formule se rapproche plus de celle adoptée par l'avant dernière itération du célèbre RPG made in Big N, à savoir un gameplay commun pour deux titres partageant aussi le même scénario, mais deux personnages jouables différents qui possèdent chacun leur propre aventure et point de vue sur la question.

Ainsi, sur PS4, vous aurez la chance de suivre les aventures de la princesse Cecille, tentant de sauver les fondations de Fenumia, l'empire séculaire auquel elle appartient, tandis que sur PSVita, ce sera le rebelle Legatus Laendur qui tentera de lutter contre ce gouvernement qui a tout pris à lui et aux siens. Vaste programme s'il en est. Mais alors, ce jeu en vaut-il la chandelle et le temps qu'il faudra lui consacrer ? Alors que je mets en pause ma partie estivale de Persona 5 pour y jouer, il a plutôt intérêt !

Le cul entre deux jouabilités

Quelle que soit la version choisie, on enchaîne donc les niveaux en se baladant sur une carte du monde, et c'est bel et bien le seul endroit où l'on dirigera les déplacements de notre personnage. Dans les différents tableaux, votre avatar avance tout seul à la manière d'un héros de runner façon Rayman Jungle Run ou Super Mario Run. Seuls les combats viendront interrompre cette course folle. Vous y dirigez alors votre protagoniste, accompagné de trois "exemplars", des guerriers magiques qui obéiront sans détours à vos ordres, d'une simple pression sur l'un des trois boutons désignés s'ils possèdent assez de points d'action. Avec la quatrième touche, c'est votre héros qui passe à l'action, à l'aide d'l'un de ses trois pouvoirs : soin, résurrection ou boule de feu. Les rixes se déroulent alors en temps réel, et pour les recharger, il faudra attaquer sans cesse vos ennemis. Vos coups rempliront aussi une jauge de combo, d'une longueur relative au nombre d'exemplars qui vous accompagnent, et vous réussissez à la compléter sans vous faire toucher, le dernier coup porté deviendra alors une attaque spéciale dévastatrice.

La partie offensive du système se montre donc assez simpliste mais efficace, et elle est complétée par un aspect défensif des plus important. Avec une des gâchettes, vos exemplars passeront en garde et pourront même renvoyer un coup si vous appuyez avec le bon timing. Mais cette défense est bien trop complexe, car il faut bien connaître les patterns de vos adversaires, et même avoir un peu de chance, car les informations à l'écran s'avèrent bien trop nombreuses ! Jauge de combo, points d'action, compteur de combo... Sans compter un trop grand nombre d'ennemis affichés, ou qui sortent de l'écran, empêchant de voir les attaques lancées ! Dans ces conditions, il est plutôt difficile de comboter, une parade parfaite étant requise pour continuer sans interruption... Au final, on a donc fortement l'impression de faire face à un hybride qui n'a pas su trouver sa véritable place entre véritable RPG et jeu mobile, mais sans limite dans le temps ou "pay-wall"... Fallen Legion est un RPG "no brain", ou l'on avance sans réfléchir, que l'on peut parfaitement jouer via de courtes sessions, dans les transports en commun, ou en regardant le dernier épisode de Game of Thrones en même temps...

Le double effet pas cool

Et pourtant, quelques autres subtilités sont de la partie, comme la construction de votre équipe qui vous fera adopter un style offensif ou défensif selon votre propension à attaquer au corps à corps ou à distance, ou ces bonus à sélectionner entre certains combats qui vont venir vous offrir moult modifications des plus intéressantes. Ces derniers ont d'ailleurs la particularité d'influer sur le déroulement du scénario. Quelle que soit votre version, l'histoire vous sera comptée via des phases de roman visuel, uniquement en anglais pour les voix et le texte, en sachant que seuls certains passages sont doublés. Le scénario se montre assez tentaculaire, plutôt dur à suivre et assez indigeste au final, tout en se payant le luxe d'être plus complexe que la jouabilité !

Pour ce qui est de la partie artistique, que ce soit sur PS4 ou sur VITA, le jeu se montre assez beau, que ce soit au niveau des environnements ou des sprites. Les dessins ne sont pas aussi fins que dans une production Vanillaware, mais l'ensemble est plutôt réussi de ce point de vue-là. Si les héros s'avèrent charismatiques et classieux, en renvoyant à une belle galerie de personnages médiévaux, le bestiaire n'est pas en reste, bien qu'assez classique, avec ses gobelins, ses chevaliers, ses hommes-lézard et ses chevaliers. Les bosses sont vraiment au-dessus du lot, avec des designs réussis s'inspirant de grandes créatures mythologiques telles que des dragons, des mandragores et autres joyeusetés. Quand aux musiques médiévales, si elles sont plutôt bien composées et réalisées, elles demeurent malheureusement peu nombreuses, et par extension, plutôt répétitives... Un bilan bien contrasté que celui de Fallen Legion, donc.