Le foyer d'une cheminée, tel est l'unique théâtre de Little Inferno. Normal pour un feu de joie ! En effet, ce puzzle game consiste à entasser divers objets par le biais de nos petits doigts (ou des Joy-Cons à plusieurs), puis d'y mettre le feu, un double rôle parfois à l'origine d'incendies involontaires, en particulier dans le mode multijoueur exclusif à ce cru Switch. La moindre braise peut ainsi déclencher un brasier, le moteur physique se chargeant de propager les flammes comme une traînée de poudre, joliment mais sûrement. Mieux vaut donc ne pas trop se dissiper quand on a quelque chose sur le feu... Difficile cependant de résister à l'envie de cramer les bestioles qui se baladent sur le mur, histoire de glaner quelques piécettes ou des timbres bonus. L'argent sert à commander des babioles dans le catalogue, et le cachet de la Poste à en accélérer la livraison.

C'est d'ailleurs la seule pression d'ordre temporel qu'exerce Little Inferno. Idem au niveau financier, la banqueroute ne constitue jamais une réelle menace, puisque l'on récupère toujours sa mise une fois les éléments calcinés. Car le coeur incandescent du gameplay réside dans le choix des bricoles carbonisées ensemble, des combinaisons que l'on a par conséquent tout loisir d'expérimenter. Les objets présentent tous des propriétés spécifiques, nombre d'entre eux disposant en prime de fonctions mécaniques souvent amusantes, à l'image de leurs descriptions ironiques. Il faut juste déterminer les associations susceptibles de produire les combustions les plus élaborées, ou les plus improbables, en s'inspirant de leurs appellations dans la liste.

Résultat : un spectacle pyrotechnique de toute beauté qui s'accompagne quelquefois de flammèches de poésie, grâce à l'imagination explosive de Tomorrow Corporation. D'autant qu'un univers plus ou moins ignifugé se dévoile tout autour, notamment par l'intermédiaire d'une intrigante voisine, et ce jusqu'au fantastique feu d'artifice final, l'aboutissement d'une narration subtile livrée à l'interprétation de chacun. Rarement game design et satire ne s'embrasent aussi harmonieusement ensemble, poussés en toute humilité par de riches aspirations métaphoriques à même de nous marquer profondément, au fer rouge. Une raison supplémentaire de se laisser consumer par cette oeuvre flamboyante, qui rappelle malicieusement qu'il est dangereux de jouer avec le feu !