Enfilez votre casque de réalité virtuelle et soufflez un bon coup. Vous entrez dans un monde cauchemardesque où vous devez poursuivre les bribes d'une histoire d'amour qui s'est mal terminé, pour tenter de sauver les meubles. En effet, la première séquence s'ouvre sur une conversation entre le protagoniste, vous donc, et une jeune femme habillée de jaune. Elle semble triste suite à votre rupture, laisse entendre que vous avez un choix à faire et s'efface finalement pour vous laisser entrer dans un métro désert... Oubliant vos problèmes de coeur (vous en aurez bien d'autres...) pour faire face à un stress grandissant, vous avancez prudemment, vous demandant ce qui va vous tomber (littéralement) dessus. Ici, l'obscurité joue avec la lumière et des apparitions démoniaques donnent le ton. Des flammes jaillissent devant, au-dessus et derrière vous. Et là vous comprenez : vous allez avoir peur. Très peur.

Une plongée dans l'horreur

Si les nombreux jeux d'horreur qui ont marqué l'histoire du jeu vidéo nous ont offert quelques sursauts en bonne et due forme, ils ne font pas le poids avec ce que la réalité virtuelle propose. Comme je le soulignais dans mon TEST de Until Dawn : Rush of Blood, ces moments de solitude bien connus des joueurs fans de Survival Horror et appelés plus communément Jumpscares, prennent une autre envergure en VR : contrairement aux jeux classiques, les monstruosités ne surgissent pas de votre écran, ils semblent être vraiment là, autour de vous... Ce n'est plus votre personnage qui risque sa vie, c'est bien vous ! Et cette fois-ci, il faudra réellement vous retourner pour voir ce qui se trame dans votre dos... Here They Lie est le jeu parfait pour ce genre de sensations. Au delà de la peur qu'il peut générer, il est dérangeant, intriguant et va fouiner au fond de vous pour en faire sortir d'intenses sensations.

Que ce soit dans une gare, au coeur de la ville morte dans laquelle vous évoluez, ou encore dans ses sous-terrains sombres, l'atmosphère du jeu vous comblera de peur et alimentera copieusement un malaise auquel vous allez devoir très vite vous habituer. Comme je le mentionnais précédemment, vous poursuivrez cette jeune femme en jaune tout au long de votre progression, tentant au passage de comprendre un scénario brumeux mais vous devrez aussi échapper à quelques assaillants tandis que des réminiscences assez désagréables, les vôtres et celles d'autres personnages, accompagneront cette quête de l'amour... Ces souvenirs se traduisent par des documents variés, lettres ou photos mais aussi par des appels provenant de vieilles cabines téléphoniques. Offrant davantage de densité à l'histoire, ces éléments vous permettront peut-être de comprendre ce qu'il s'est passé dans le coin et dans votre passé. Même si au fond, on n'a pas vraiment envie de savoir...

Une expérience déroutante

Si l'ambiance du titre de Tangentlemen est aussi réussie c'est qu'elle est vraiment barrée. Elle offre un savant mélange d'horreur, de voyeurisme et d'absurde. Un exemple ? Principalement ces étranges personnages que vous croiserez dans la ville. Des hommes et des femmes portant des masques d'animaux... Chacun son style me direz-vous. Certains d'entre eux sont violents, n'hésitant pas à vous attaquer si vous vous approchez de trop près, d'autres paraissent tout bonnement effrayés. Quelques-uns tenteront également de vous charmer, d'autres encore vous proposeront d'interagir avec eux en prenant part à leurs activités... Pour vous donner un exemple concret, on m'a tendu une sorte de batte pour frapper l'un des personnages et il s'avère que j'ai préféré battre celui qui m'avait donné l'objet. Ce choix a-t-il eu un impact sur le scénario ? Impossible à dire si je ne refais pas le jeu. Quoi qu'il en soit vous vous surprendrez probablement à observer ces créatures en train de se disputer ou de danser de manière provocante dans un club malfamé voire de faire l'amour à une télévision... Vous serez sans doute toujours un peu désarçonné par leur attitude tantôt enfantines, parfois juste dérangées, souvent perverses mais vous regarderez, devenant voyeur malgré vous.

Votre seule arme, une lampe-torche

Au bout d'un moment vous comprendrez qu'il vaut mieux éviter certains d'entre eux, car non seulement vous n'avez aucun moyen de vous défendre, votre seule arme contre l'effroi étant une lampe torche (à recharger régulièrement avec des piles à collecter) mais en plus, vous ne pourrez pas courir. Au mieux, vous pourrez accélérer la marche (en maintenant L1 ou R2,) mais vous n'avancerez pas beaucoup plus vite... D'ailleurs pour passer rapidement au rayon du gameplay, ce dernier se résume à quelques interactions pour ouvrir des portes, interagir avec des éléments ou ramasser des piles.

Bref, une seule issue, fuir ! Enfin, si toutefois vous y parvenez. Et pour cause, les lieux dans lesquels vous évoluez dans Here They Lie se ressemblent tous un peu et il faut garder le sens de l'orientation pour s'y retrouver ce qui est loin d'être une chose aisée. Et puis l'atmosphère générale n'aide pas : l'ambiance sonore oppressante, les bruits étranges autour de vous, les cris d'une créature au masque de bête et sa présence menaçante dans l'obscurité peuvent très vite vous faire perdre les pédales... L'apparition de la femme en jaune vous indiquera que vous êtes sur le bon chemin et que vous passez à une autre portion de jeu...

Survival heartache

Ce test doit vous donner l'impression que Here They Lie est un jeu d'horreur parfait. Mais je vais changer de ton. En effet, le soft n'est pas exempt de défauts. Visuellement, c'est moche. Les textures sont sales, le rendu global flou (certains documents sont presque illisibles) et un aliasing omniprésent achève de ternir le tableau. Mais l'immersion est telle qu'on peut passer sur ces détails techniques. On savait de toutes façons qu'avec la réalité virtuelle on perdrait autant en qualité graphique qu'on gagnerait en immersion. En revanche, on ne peut pas passer sur les réactions physiques, notamment les vertiges et le mal au coeur générés par les mouvements de caméra lorsqu'on tourne la tête tout en avançant...

D'ailleurs, vous aurez plus la sensation de glisser que de marcher ce qui peut expliquer ce ressenti. Malheureusement ce dernier est si désagréable que, malgré l'intérêt du jeu, on a vite envie d'enlever le casque, de boire un verre d'eau et de s'allonger pour reprendre ses esprits... De mon point de vue, il y a de grosses améliorations à apporter sur cet aspect car cela peut tout bonnement gâcher l'expérience de jeu. Je précise à ce titre que Resident Evil 7 propose le même mode de déplacement et que je n'ai ressenti aucune sensation de cet ordre sur le titre de Capcom.

Enfin, notez que le jeu sera très probablement jouable sans la VR mais aucune date de disponibilité n'a été évoquée pour cette version classique. Nous vous proposerons une mise à jour du test lorsque nous y aurons joué. Comme si j'avais envie de retourner là bas...