Tout est calme. J'avance doucement sur des rails, installée dans un wagonnet identique à ceux qu'on utilise dans les grands-huit de parcs d'attractions. Une double porte en bois s'ouvre sur un homme devant moi. C'est un médecin semble t-il. Mais soudain, sa tenue s'estompe et il se retrouve habillé en monsieur Loyal. Il a l'air amusé et s'exprime calmement, m'expliquant succinctement ce qui m'attend... Totalement excitée par ce qui va se passer, comme si j'étais réellement dans ce chariot du diable qui se met alors en route, j'écoute patiemment les indications de mon hôte, qui m'accompagne pour un rapide tuto consistant à tirer sur des cibles tout en avançant à une vitesse raisonnable. Une musique de cirque aux accents lugubres raisonne, tandis que le train fantôme traverse le paysage familier d'Until Dawn, avec son décor et ses sapins enneigés... Munie de mes deux PS Move, faisant office de pistolets et de torches, je m'apprête alors à vivre une expérience sans précédent. Si si, je vous assure.

Horror Land

Si comme moi vous êtes un grand fan des manèges à sensations, autant dire que Rush of Blood vous fera économiser des billets d'entrée à Disneyland ou au Parc Asterix. En effet, les sensations de vertige dans les montées et descentes du train, ou encore la perception de vitesse, sont de franches réussites, ce qui ajoute une saveur exquise à l'aventure. Mais évidemment il y a encore bien pire que les éventuels hauts le coeur que vous pourrez ressentir ici... Disons que dans Space Moutain, personne ne voulait votre mort ! Ici, c'est le principe, et ça fait toute la différence. Mais passons rapidement à la préparation d'usage...

Comme souligné plus haut, ce sont vos PS Move qui joueront le rôle de vos armes, donnant ainsi une véritable impression de tenir des pistolets dans ses mains et renforçant l'immersion. Il faut les calibrer en amont, mais si le réglage part en sucette pendant l'aventure, pas de panique : il est bien sûr possible de recalibrer le matos en cours de route. Notez à ce propos que vous pourrez également utiliser votre manette PS4, mais je le déconseille fortement, la précision de cette dernière étant moins efficace qu'avec les PS Move, clairement prévus à cet effet.

Quatre modes de difficulté sont proposés : Facile, Normal, Infernal et Fou, ce dernier ne vous octroyant qu'une seule et unique vie et offrant la possibilité de jouer les niveaux dans le désordre. Je conseille toutefois de les faire dans l'ordre chronologique, histoire de suivre le petit scénario concocté par notre ami médecin/Loyal.

Dans les 7 niveaux - d'une vingtaine de minutes chacun - que vous traverserez, les développeurs se sont inspirés de différents environnements d'Until Dawn, et y ont intégré de nombreux ennemis. Si vous y reconnaîtrez les antagonistes du jeu de Supermassive Games, d'autres se joindront à eux pour vous empêcher de terminer cette attraction macabre. Pour passer au rayon des graphismes, vous noterez que les décors qui ne sont pas d'une beauté saisissante sont toutefois loin d'être moches. C'est même "joli".

Que ce soit dans une mine, au coeur du chalet, dans une ville fantôme ou dans le sanatorium (que ceux qui ont joué à Until Dawn reconnaîtront tout de suite), l'immersion est telle que vous oublierez vite les petit défauts d'ordre visuel. De plus, l'ambiance est si oppressante que vous vous ficherez de savoir si les textures sont propres ou non. Vous penserez juste à l'expérience de jeu. Mieux, vous la (sur)vivrez. La musique angoissante, les cris déchirant le silence de mort, les pleurs d'un bébé ou encore une chanson enfantine fredonnée par une voix frêle dans l'obscurité berceront votre progression dans une pénombre quasi totale... Et lorsque de cette noirceur une araignée géante, des mannequins à tête de clown ou des infirmières zombies jailliront devant vous sans prévenir, vous hurlerez de douleur ! Quoi, vous n'aimez plus les manèges ?

Un train d'enfer

Mais au delà de son atmosphère glaciale et glauque au possible, la force d'Until Dawn : Rush of Blood est qu'il se joue en réalité virtuelle. Ça n'est plus un simple jeu vidéo classique, où les monstres peuvent arriver derrière votre personnage tout en restant dans l'écran. En fait, tout reste coincé entre les quatre bords de votre téléviseur habituellement, mais avec un casque de réalité virtuelle, ces limites entre vous et ce qui se déroule devant vos yeux ou derrière vous n'existent plus. Quand les méchants arrivent dans votre dos, ils sont réellement derrière vous. Et lorsqu'il surgissent de l'ombre devant votre chariot, ils sont à un millimètre de votre visage... Imaginez les sensations !

Le Survival Horror prend ici tout son sens, car le danger peut venir de n'importe où. Et si grâce aux oreillettes du PlayStation VR, offrant le son 3D, on localise bien les sons, impossible pour autant de ne pas tourner la tête dans tous les sens pour se rassurer lorsque ce rire étrange ou ce bruit bizarre résonne autour de vous... "Mais bon sang, d'ou est-ce que ça vient ?!" est une question que vous vous poserez souvent...

Le seul moyen d'en ressortir indemne sera de garder votre sang froid, de tirer sur tout ce qui bouge (en chopant quelques objets au passage, histoire de faire du scoring) et accessoirement de ne pas vous faire trop amocher. Pour ce faire, il va falloir bouger ! En effet, si les monstres et fantômes ne vous laisseront pas de répit, arrivant parfois par vagues, quelques éléments viendront ajouter du sel à la pression : troncs d'arbres, portes, barrières ou scies circulaires devront être évités en se poussant ou en se baissant littéralement.

À côte de ça, il ne faut pas oublier de recharger ses pistolets dans le bon timing (le geste fait perdre du temps) en assénant un coup vif avec ses PS Move (ou en appuyant sur les gâchettes de la manette), pour continuer à tirer. Notez que pour être plus efficace, vous devrez dégommer des caisses disséminées un peu partout sur le trajet, celles-ci offrant de armes plus performantes et indispensables pour éliminer certains ennemis plus coriaces que d'autres.

Bref, à la fin de l'attraction (si vous arrivez au bout), vous vous demanderez si ça n'est pas plus efficace qu'une séance de sport intensive... En un tout petit peu plus gore, cela dit. Voire terrifiant.