Il existe trois choses dont je reste persuadé dans la vie : d'abord on naît, on vit et on meurt ; ensuite, les fous furieux qui basent leur sauce carbonara sur de la crème fraîche finiront leurs jours en enfer ; et enfin EA Sports a une rentrée automnale aussi chargée que le sang d'un coureur britannique sur les routes du Tour de France. Ce n'est pas pour autant que l'éditeur américain se tourne les pouces le restant de l'année mais la fin de l'été est synonyme pour lui de promotion intense et de communiqués de presse pompeux pour annoncer la mise à jour de ses simulations. On parle bien de mise à jour ou d'actualisation, car rares sont les licences sportives qui révolutionnent l'expérience de jeu, ajoutant au gré de leurs envies et des retours de leur fidèle communauté de chiches nouveautés qui nous mettent dans l'embarras. Doit-on, oui ou non, repasser à la caisse pour user ses doigts sur la version ultime du soft ?

Le mariage pour tous

Les producteurs des simulations sportives ne s'en cachent pas et assument se concentrer sur un aspect principal de leur soft pour justifier l'investissement d'une année sur l'autre. Le curseur a cette fois-ci été pointé sur le contenu plutôt que sur l'esthétique du jeu, sur le fond plutôt que sur la forme. Au jeu des sept différences avec son aîné, ce NHL 17 engendre en effet un casse-tête des plus costauds pour les maniaques du puck. Car côté gameplay et réalisation, les changements restent minimes, relevant plus de la caresse dans la nuque que du grand coup de cross dans les gencives. Ainsi, EA Vancouver continue de prendre ses groupies par la main en leur proposant différentes configurations de jeu dont le mode NHL 94, qui revient aux sources avec son système à deux boutons pour effectuer la quasi-totalité des actions. Une option parfaite pour ceux qui recherchent du divertissement pur sans prise de tête ; les autres, ceux qui ne jurent que par le réalisme et les combinaisons complexes trouveront leur bonheur dans les modes plus classiques. Que l'on soit nostalgique des nineties, époque arcade, ou abonné à l'Equipe TV pour mater la Ligue Magnus, cet épisode saura s'adapter à votre appétence et enterre donc l'idée d'une trop grande technicité pour s'adonner aux plaisirs de la glace.

De manière générale, ce nouveau cru s'avère beaucoup plus accessible que les précédents grâce au système d'aides venant accompagner le joueur dans sa progression. Des marqueurs - que l'on peut désactiver - interviennent régulièrement à l'écran (trajectoires estimées, filets en surbrillance, visée assistée) pour faciliter la construction du jeu et ajuster ses tirs. Pour autant, cette interface, un brin déroutante au départ, ne vient pas empiéter sur le plaisir de jeu et la finesse du gameplay. Car ce NHL 17 gagne en fluidité et en précision. Cela se ressent au niveau du patinage et des mouvements de tirs, beaucoup plus fins, mais également dans la conduite du palet, la rondelle restant moins collée à la crosse. Mais les développeurs se sont surtout penchés sur les phases défensives, en animant des acteurs enfin réactifs et non plus des plots faciles à contourner. Auparavant, la seule tactique pour éviter une farandole de buts consistait à se replier et à mettre les barbelés devant sa cage. Ici, rien de tout ça, les interventions (mises en échec, harponnages, plaquages, dump) sont plus percutantes et cohérentes pour un ensemble très plaisant et fidèle à l'esprit viril du hockey. Il reste encore des situations embarrassantes, comme l'intelligence proche du néant des gardiens, mais EA Sports est parvenu à un compromis intéressant entre l'attaque et la défense.

Une franchise qui l'honore

Ils l'ont promis, ils l'ont fait. Face à la concurrence, qui propose un contenu à la limite du raisonnable, les petites mains de la série NHL se devaient de réagir en amenant l'expérience de jeu à un autre niveau. C'est désormais chose (bien) faite, grâce à l'intégration de trois nouveaux modes de jeu. Si les deux premiers - Coupe du monde consacrée aux équipes nationales et Repêchage de champion, sorte de jeu de cartes où l'on constitue sa Dream Team - restent agréables mais sommaires, l'ancien "Be a GM", renommé "Franchise", a pris une toute autre envergure dans cet ultime épisode. À la manière d'un Phil Jackson - pour les fans de NBA - votre avatar se glisse dans le costume cintré du directeur sportif pour répondre aux objectifs du propriétaire du club. Un poste exposé aux quatre vents puisqu'il vous sera demandé de dépoussiérer l'armoire à trophées tout en soignant les finances du club à travers plusieurs vaches à lait (marketing, communication, transferts). Une vraie plongée dans les arcanes du sport et de la finance, comme savent très bien faire les Américains.

La recette du succès consiste à suivre les ambitions, parfois démesurées, du patron pour ne pas le froisser et risquer la faillite. Certains proprios mégalos concentrent leur énergie sur la formation d'une grosse armada quand d'autres ne jurent que par le profit et la modernisation des outils de travail (rénovation de l'enceinte, prix des billets, soirées promotionnelles). Il faudra donc savoir gérer tous ces paramètres pour populariser sa franchise et l'amener au sommet. Un équilibre, entre gestion et réalité du terrain (on peut simuler les matches) bien fichu, qui justifie à lui seul l'investissement pour peu que l'on aime avoir une vision globale de son sport préféré. Sinon, les joueurs plus classiques pourront toujours se rabattre sur le HUT (Hockey Ultimate Team) avec son fameux lot de cartes spéciales représentant les légendes de la discipline ou sur le très estimé LHEAS qui propose ce qui se fait de mieux en matière de mode en ligne. Chaque match effectué vous permettra de monter une barre d'expérience, de gagner des badges et de débloquer des objets personnalisables (tenues, logos, patinoires) pour donner une identité visuelle à sa team. Sur le plan du contenu, NHL 17 a effectué un grand bond en avant, titillant même les champions de l'exercice.

Ce n'est malheureusement pas le cas de sa réalisation graphique, à cent lieues de nous convaincre. Loin d'être une démonstration technique, ce nouvel opus reste propre et fluide à l'écran, avec des textures et des effets de lumière convaincants, mais pêche par son manque de punch, que ce soit dans la violence de ses mises en échec ou dans la puissance de ses shoots. C'est surtout l'absence totale de mise en scène avant et après les parties qui gâchent l'expérience de jeu. De quoi nous laisser un goût amer en bouche, surtout quand on s'est abîmé la rétine devant ses comparses Madden et FIFA. Pourquoi une telle impasse ? Pourquoi un tel décalage entre une ambiance des arènes réussie et cet enrobage raté ? Peut-être pour donner une bonne raison à EA Vancouver de louer le moteur Frosbite, ignoré dans cette version et utilisé pour franchir un palier visuel lors de la prochaine mise à jour...