Jojo's Bizarre Adventures... La seule évocation du nom de cette série de manga fait frémir le coeur de pas mal de fans à travers le monde. Et pour cause : si cette oeuvre d'Hirohiko Haraki ne jouit pas d'une aura aussi puissante que Dragon Ball, Naruto ou même Saint Seiya sur nos terres, ce n'est pas du tout le cas au Japon où il est régulièrement cité comme l'un des meilleurs, devant les titres évoqués précédemment, ce qui lui donne un cachet tout particulier auprès des connaisseurs. Sa parution à commencé en décembre 1986, et 30 ans plus tard, elle continue pour un total de 113 tomes ! Impressionnant. Cette longévité est due aux huit arcs du manga qui ont su, chacun à leur manière, totalement se renouveler avec un nouveau héros à chaque fois. Leur point commun ? Ils possèdent deux fois la syllabe "jo" dans leurs noms, et un talent inné pour la baston.

Jojo's Bazar Adventures

Une fois la galette insérée dans le lecteur, la première action du joueur sera de commencer le mode histoire, qui s'ouvre sur le grand final du 3e arc, Stardust Crusaders, et le combat entre Dio et Jotaro Kûjo. Notre héros gagne en effet son duel au sommet, mais alors qu'il accompagne son ami Jean-Pierre Polnareff à l'aéroport dans l'épilogue, le petit groupe se fait attaquer par Noriaki et Avdol, deux de leurs coéquipiers décédés dans ce long combat livré contre Dio ! Ces derniers, entourés d'une aura maléfique, se retirent après la défaite, et un autre invité surprise fait une apparition encore plus surprenante, puisqu'il s'agit de Robert E.O Speedwagon, un des personnages du premier arc, Phantom Blood ! Nous n'en sommes qu'aux dix premières minutes du jeu ! Ce dernier nous explique que des « anomalies » ont lieu un peu partout dans l'espace temps, mais que le morceau du cadavre sacré en sa possession lui permet d'explorer les différentes époques et lieux pour lutter contre ces faits plus qu'étranges (oui, je sais, les non initiés à l'univers Jojo's se demandent ou ils sont tombés). Voilà donc Jotaro et sa clique en route pour l'année 2001 et l'Italie, pour filer un coup de main à un certain Giorno Giovana, lui aussi en proie à la résurrection hostile d'anciens camarades...

Notre petit groupe va donc grossir au fil de ses différentes visites aux autres protagonistes principaux des 8 arcs du manga, et un peu à la manière de ce qu'a pu proposer Dragon Ball Z Xenoverse en son temps, il va falloir lutter contre toutes ces injustices et ces failles dans l'histoire de Jojo's. Mais la méthode de narration employée ici, sans être à la hauteur de celle de Naruto Ultimate Ninja Storm 4, est plus que convaincante : Chaque arc visité sera présenté par des extraits du manga, sous forme de BD animée, puis les cinématiques seront ensuite partagées en deux types : les importantes, entièrement animées, et les plus petites, avec une animation moins travaillée, mais toujours un doublage intégral Japonais de très bonne facture.

Et c'est vraiment dans ce mode que Eyes of Heaven prend tout son sel, puisque sans révolutionner le monde du manga avec une histoire, il faut bien le dire, assez banale en vérité, il va permettre à des héros qui ont vécu à des époques différentes de se rencontrer, et de combattre ensemble ! Dites bonjour à des duels aussi hallucinants que Jotaro Kûjo et sa fille Jolyne contre Dio et Giorno ! Ou encore, Jonathan Joestar associé à Johnny Joestar, contre Dio Brando et Diego Brando ! Du pur Fan Service qui accroche le fan du début à la fin des 10 bonnes heures proposées, et qui va arracher moult sourires au coin des lèvres de beaucoup de monde.

Di molto !

Si le fan est aux anges, le joueur lambda, un peu moins. Cyberconnect2, qui nous avait pourtant pondu un Jojo's All Star Battle d'assez bonne facture, qui se rapprochait énormément d'un "vrai" jeu de combat, fait ici machine arrière et nous propose une formule qui renvoie, malheureusement, à ce qui avait été fait sur un autre jeu Bandai Namco : J-Stars Victory Versus. A savoir, des combats 3D par team de deux, dans des niveaux tout en verticalité, et une jouabilité au ras des pâquerettes. En effet, le passage de niveau et la pseudo évolution des héros via un système de compétences n'est que l'arbre qui cache la foret.

Le premier détail qui fait bien tache, c'est l'absence de réel tutoriel. Seul 3 panneaux explicatifs, qui apparaissent la première fois que vous lancez le jeu, vont pouvoir servir d'aide. Et si vous n'avez pas tout capté du premier coup, impossible de le faire revenir ! J'ai, pour cela, du mettre de côté ma sauvegarde sur le cloud pour relancer une nouvelle partie et enfin revoir ce panneau. Même si au final, ce qui représentait beaucoup d'informations à retenir pour un joueur qui n'avait pas encore eu la possibilité de jouer, s'est au final avéré très simple : un bouton de saut, un bouton d'esquive, une garde, un dash et deux boutons d'attaque. Ajoutez un cancel et un burst. Puis, à la manière d'un One Piece : Burning Blood, une simple pression sur L1 et un autre bouton vous donnera accès à plusieurs techniques spéciales tirées du manga. Deux autres compétences sont au programme, le double combo, qui s'active en remplissant une jauge dans le temps imparti, et les doubles attaques fabuleuses, activable d'une bête pression sur L1 et R1, véritable concentré de fan service avec des techniques en coop les plus magiques qui soient !

Ce système, qui pourrait paraître alléchant sur le papier, tombe en fait rapidement dans les poncifs du genre de la baston "pop corn" : on se contente bien souvent de marteler la touche carré, pour effectuer un combo qui se termine par un coup spécial de notre personnage, le tout entrecoupé de quelques attaques fabuleuses lorsque la jauge est remplie. Point de skill requis ici, seulement une bonne connaissance des mécanismes et quelques réflexes. Les combats se ressemblent donc bien souvent, et leur monotonie n'est vaincue qu'avec l'alternance des duos de personnages et leurs attaques combinées. Aussi, il est difficile de parler d'équilibrage, tant certaines attaques spéciales sont plus efficaces que d'autres, malgré le fait que presque tous les persos de la cinquantaine que contient le cast se jouent presque tous de la même manière. Mention spéciale de l'in-jouabilité à Johnny Joestar, véritable horreur lorsqu'il tombe de cheval (oui oui, cous avez bien lu, certains combattants sont montés sur un équidé !). Ajoutez à cela quelques défauts comme une caméra plus que capricieuse, qui va régulièrement se placer dans le dos du joueur, pas un angle parfait pour la compréhension, et qui va en plus complètement perdre les pédales lorsque l'on locke un ennemi près d'un mur... Le jeu ne restera définitivement pas dans les mémoires grâce à sa jouabilité.

ORA ORA ORA !

Les différents modes de jeu ne vont pas non plus permettre de véritablement relever le niveau, puisque sorti du génial mode histoire, on n'a pas grand-chose à se mettre sous la dent... Tout d'abord le mode combat libre, qui ne propose même pas de versus local ! Pour les joutes endiablées à la maison, c'est cuit. Il faudra que chacun reste chez soi, et se tourner vers le seul autre mode de jeu disponible : le online. Et ce dernier est tout simplement catastrophique. Je n'ai pourtant pas une mauvaise connexion chez moi, mais tous les combats auquel j'ai pu difficilement participer, la faute à nombre de joueurs très réduit, se sont résumés à de très longues minutes de lag plus ou moins atroces, qui rendent la discipline presque injouable. Le jeu rame tellement que les bruitages des attaques spéciales se terminent parfois quelques secondes avant la fin de l'animation ! Du jamais vu.

A l'inverse de ses modes de jeux, Eyes of Heaven se montre en revanche plutôt généreux sur le contenu bonus, avec une galerie plus que fournie, un glossaire complet de la série et, c'est assez rare pour le souligner, plus de 110 costumes alternatifs à débloquer, sans passer par la case du DLC payant ! Une initiative plus que louable à l'heure ou la concurrence propose des season pass hors de prix proposant moins de contenu. Un autre aspect lui aussi assez réussi se situe dans la direction artistique globale, épaulée par une réalisation de bonne facture. Toute la partie sonore, soutenue par les doublages originaux dont je vous parlais plus haut est assez réussie, et la partie graphique n'est pas en reste. Si elle n'a pas sensiblement évoluée depuis la mouture PS3 des aventures des Jojo's, les graphismes cel-shadés parviennent avec brio à rendre hommage au style graphique si particulier de monsieur Haraki, tout en ombre et démesure ! Ajoutez à cela un jeu d'une fluidité exemplaire (du moins sur PS4, et hors mode en ligne...) et ce Eyes of Heaven flatte vraiment nos sens.