Les problèmes de la Chasse Sauvage et d'Olgierd von Everec réglés, Geralt de Riv continue sa vie de Sorceleur dans la région de Velen, à la recherche d'un contrat qui lui permettra de vivre... jusqu'au prochain. Il ne faut pas bien longtemps avant qu'une annonce n'attire son attention. Toussaint est dans la tourmente. Une série de meurtres fait trembler le duché de l'amour et du vin. La très lunatique Anna-Henrietta, qui dirige la région d'une main de fer, souhaiterait que cela cesse. D'autant plus que les victimes sont des nobles. La façon dont ils ont été occis laisse penser qu'il n'y a rien d'humain chez le tueur. Geralt est donc l'homme de la situation. Ce qui ne va pas l'empêcher de voler de surprises en surprises...

Un Witcher paie toujours ses updates

Avant de nous tourner vers les herbes bien vertes de Toussaint, faisons un point sur la mise à jour qui accompagne la sortie de Blood and Wine, car elle change quand même certaines choses. Sur PC, on distingue que le rendu s'est sacrément affiné et que certains détails graphiques ont bénéficié d'un soin nouveau. De quoi redonner un léger coup de jeune à l'ensemble tant au niveau des bâtiments que de la végétation, avec une densité et des contrastes bien plus marqués et plus agréables que dans l'original. Sans surcoût niveau performances, la stabilité étant de mise en Ultra sur un i7 4770K équipé de 16 GB de RAM et d'une GTX 970 - excepté dans un environnement additionnel vraiment très, très chargé.

Une bonne surprise qui s'accompagne d'une refonte des menus : les objets sont classés par onglets, offrent les infos nécessaires (avec possibilité de zoom pour ceux qui trouvent la typo trop petite), les différents types de tris (prix, rareté, etc) sont pertinents, on sait quels livres ou parchemins ont été lus et il est possible de les consulter au moment où les ramasse, les matériaux nécessaires à l'artisanat peuvent se voir épinglés et achetés à la volée pour fabriquer armes et armures... Cela n'a l'air de rien, mais tout ceci contribue à rendre le tout bien plus agréable que dans le jeu de base. Un problème de réglé. Il n'y a guère qu'Ablette qui continue à se montrer pénible, entre refus de bondir et freinages des quatre fers inopinés -, même si une quête en particulier nous aidera à lui pardonner ses errances.

La vigne est belle

Fin de la parenthèse, revenons aux gourmandises que propose Blood and Wine. Elles sont nombreuses. A commencer par Toussaint en elle-même. Cette contrée inédite et bien connue des lecteurs des romans d'Andrzej Sapkowski a droit à sa carte séparée et celle-ci se montre à la hauteur des attentes. D'une taille impressionnante - équivalente en surface à tout l'archipel de Skellige, sans compter les cavernes et zones un peu à part -, elle ne laisse pas les rétines indifférentes. Après les grisâtres Royaumes du Nord, voici venu le temps de mettre un peu de chaleur au fond de vos coeurs. Des vallées verdoyantes, des villages aux bâtiments colorés, une cité de Beauclair d'une splendeur et d'une noblesse éloquentes, des vignes et oliveraies à perte de vue, une faune bien différente composée de panthères, de sangliers, de paons... Jusqu'aux accoutrements des autochtones et leurs accents latins, tout s'avère charmant. Un peu barré. Mais charmant. Et bourré à craquer de points d'intérêts.

Comme certifié par les développeurs, on dépasse largement ce qu'offrait Hearts of Stone en termes de contenu. En marge d'une quête principale qui prendra bien un bonne dizaine d'heures en ligne droite, ce sont des dizaines de missions qui vont se présenter à Geralt. Outre les contrats classiques ou ceux qui popperont à votre approche, les nouvelles cartes de Gwynt, les nettoyages de nids ou de camps de brigands, durant lesquels il faudra faire attention à éviter les renforts et que les vilains des environs évoqueront, on trouvera des quêtes secondaires avec un peu plus à offrir que des dialogues, personnages et situations à pleurer de rire semblant tout droit tirés des 12 Travaux d'Astérix, Monkey Island ou encore Road Trip.

Geralt est propriétaire

Après avoir introduit les enchantements dans Hearts of Stone, CD Projekt RED a voulu continuer dans les à-côtés susceptibles de procurer des bonus à un héros qui, si vous avez bien bossé, est difficile à surprendre sur le plan martial. Dans les nouveautés auxquelles vous pourrez accéder en fouinant ou résolvant certaines enquêtes secondaires, il y aura des mutations alimentées par des points d'expérience et des mutagènes (que vous allez pouvoir trifouiller pour mieux les recomposer). Bien pensé mais plutôt anecdotique passé un certain niveau. Un peu comme les teintures qui aident à donner de la couleur à des cuirasses un peu tristounettes. C'est moins le cas pour la majorité des loots, significatifs pour contrer des créatures et bandes armées plus résistantes et nombreuses dans certaines zones.

Davantage de lames et de pièces de protection en récompense et des sets d'armure de Sorceleur encore plus incroyables pour veiller que vous ayez du répondant, c'est important. Cela ramène et fait sortir pas mal d'argent. Des piécettes d'autant plus nécessaires qu'il y a désormais une maison à entretenir. Notre protagoniste se voit vite récompensé du domaine de Corvo Bianco. Un endroit charmant avec une vue imprenable. Mais laissé à l'abandon. A force de dépenses et de temps, vous aurez l'occasion de retaper. Une utilité avant tout cosmétique, pour exposer du matériel parfois hautement symbolique dont on aurait du mal à se séparer. Ou pour récupérer des herbes et autres boissons alcoolisées gratos ainsi que des bonus lorsque l'on prendra le temps de profiter de sa literie. Un petit plaisir scénaristique aussi, en rapport avec la chambre d'amis...

La fin qu'on mérite

Au-delà des considérations purement ludiques et de la durée de vie réellement impressionnante pour une simple extension (comptez bien plus de 30 heures pour tout retourner sans zapper les dialogues), il fallait que les parents de la version numérique de Geralt de Riv parviennent à nous faire sentir que cette dernière aventure vaut le coup d'être vécue. A nous investir. Nous prendre au coeur pour peu que l'on suive les tribulations du tueur de monstres aux cheveux d'albâtre depuis longtemps. Et c'est réussi.

La trame principale permet de renouer avec de vieilles connaissances parmi les plus intéressantes de la toute la saga, ce qui pourrait générer quelques larmichettes. Son écriture et sa mise en scène, comme pour les quêtes annexes qui offrent toujours plusieurs issues parfois peu évidentes sur le plan moral, nous mettent dans une position délicate à plusieurs reprises. Des séquences d'émotion, de rire, de surprise absolue, de tension extrême.Sans oublier d'être épique également... Et du rythme. On sent que, pour la dernière, les scénaristes avaient envie de se lâcher et de récompenser les fidèles avec force clins d'oeil et références à tout le contenu écrit et vidéoludique paru auparavant - quitte à mettre un peu de côté les moins connaisseurs. Et tout cela mènera vers une conclusion et un épilogue qui vous ressembleront sûrement. Les choix vous appartiendront. De mon côté, je n'aspirais à rien d'autre avant de dire au revoir au Loup Blanc.