A la recherche d'une personne à zigouiller pour le compte de l'ICA, on a déjà arpenté des pâtés de maison, des complexes super sécurisés, des place de marché, des boîtes de nuit et leurs alentours. Et dernièrement, un palais parisien bondé d'invités et transformé à l'occasion d'un défilé de mode. Mais un village entier ? Là réside la première force du nouveau chapitre de ce Hitman épisodique. L'ensoleillée et typiquement italienne Sapienza, qui contraste énormément avec la froideur parisienne, semble beaucoup moins confinée. Plus ouverte. Ce qui se vérifie en arpentant ses rues et places ravissantes, sa jetée, ses falaises, sa petite église, ses échoppes pleines de touristes, locaux... et porte-flingue prêt à vous dégommer à la moindre suspicion.

La taille, ça compte

Les objectifs, un génie un peu cinglé et une scientifique précautionneuse qui préparent un virus dont il va falloir également se débarrasser, se situent dans une villa de taille importante, bien gardée et pleine de secrets. Y pénétrer et accomplir ses méfaits, tout en découvrant une base bien cachée sur une musique façon James Bond, dépendra de votre sens de l'observation, de votre capacité à vous faufiler sans un bruit et couvrir vos traces ainsi que des opportunités que vous choisirez de saisir ou non, certaines facilitant grandement la tâche.

Mais vu la quantité de moyens parfois bien tordus mis à votre disposition et la curiosité induite par certains indices ou l'existence de certains bâtiments dont on ignore la fonction, vous aurez envie d'expérimenter à coup sûr. Expérimenter des costumes, allant d'un fleuriste à un psy en passant par un détective privé, un prêtre ou un cuisinier - en prenant toujours garde de ne pas vous faire griller par les ennemis. Expérimenter des chemins qu'on jugerait hors-cadre. Expérimenter des objets insolites qui changeront des presque trop classiques pistolets à silencieux et poison vomitifs. Sapienza passe clairement un cap tant en matière d'espace que d'approches possibles. Ce qui lui conférera, simplement pour la quête principale (non on n'oublie pas les annexes, les fugitives, et celles créées par la communauté) une rejouabilité assez forte. Et qui peut se voir calibrer par les puristes qui refusent l'Instinct - pour illuminer personnages et objets avec lesquels interagir - et les chemins tout tracés.

Fino alla fine

La taille du terrain à arpenter, le polo et les lunettes de soleil de l'Agent 47, les situations insolites, l'humour omniprésent ainsi que les accents chantants ne font pas de l'expérience globale quelque chose d'inattaquable. Les développeurs ont clairement franchi un cap avec un cadre de toute beauté, vraiment gigantesque, vivant et assez atypique car moins ramassé en termes de population. Certains problèmes demeurent toutefois. On évoquera des chargements trop peu adoucis, notamment celui lançant la map, et qui vous rappellent que la sauvegarde manuelle ne doit pas être envisagée comme optionnelle. Reste aussi quelques vieilleries niveau animations et réactions ou placement des cachettes, que certains verront comme des doudous réconfortants.

Et cette I.A. qui fait de certains des flèches capables de voir à travers les murs tandis que d'autres, censés vous abattre en un clin d'oeil resteront tétanisés pendant que vous tabassez un proche... C'est une fois encore variable et, en sortant du roleplay assassin silencieux, on s'expose à quelques désillusions. Reste enfin le cas de la trame de fond. On comprend qu'il se passe quelque chose à chaque contrat réussi. Mais quoi ? Impossible de le savoir à travers la seule cinématique offerte une fois les rivages méditerranéens loin derrière. Ce qui fera un argument de plus pour les anti-épisodiques. Et une raison d'attendre le prochain chapitre, à Marrakech, qui s'annonce, lui aussi, assez géant...