Que les choses soient claires d'emblée, Little Battlers eXperience est la version localisée de Danball Senki Baku Boost, autrement dit l'ultime mouture du premier épisode lancé au Japon. Par conséquent le scénario reprend consciencieusement la trame de la première saison de la série, une concordance facilitée par le développement du jeu en parallèle. De quoi profiter de somptueuses séquences du dessin animé accompagnées des compositions symphoniques de Rei Kondoh, tandis que le moteur graphique se charge d'afficher en 3D le reste des cut-scenes, le cel-shading gommant sensiblement le contraste entre les deux.

Et si les dialogues sont souvent doublés dans la langue de Shakespeare, les sous-titres ainsi que l'ensemble du jeu ont bénéficié d'une traduction en français, résolument soignée une fois de plus. Cela permet d'apprécier les différentes facettes de l'histoire, moins simple et enfantine qu'il n'y paraît, puisque de nombreux clins d'oeil se destinent également aux joueurs plus âgés.

Soul of Chogokin

A commencer par les LBX, des petits robots de poche un temps interdits à cause de leur dangerosité, sans doute une référence aux jouets Shogun Warriors de la fin des années 70, dont Mattel avait du modifier les missiles en raison des risques qu'ils présentaient pour les bambins. Dans le cas des LBX, il a fallu que les fabricants inventent un carton renforcé pour sécuriser leurs arènes afin que tout le monde puisse s'adonner aux batailles de robots. Pas encore assez rassurant pour la mère du jeune Van, qui partage cette passion avec son père désormais disparu et ne rêve naturellement que d'en posséder un.

Et c'est un modèle expérimental très particulier qu'on lui confie, car le sort du monde tout entier en dépend ! Cette intrigue a priori classique se déploie de manière étonnante au fil des chapitres, une flèche indiquant comme d'habitude la marche à suivre pour avancer. La plupart des personnages croisés n'ont de toute façon pas grand chose d'intéressant à raconter, au point de tourner leurs propos insipides en dérision.

Des ressorts rudimentaires mais efficaces

Néanmoins bon nombre d'entre eux constituent des adversaires potentiels, signalés clairement sur la carte. Libre à Van et ses camarades d'accepter de les affronter, alors que les combats surviennent aléatoirement au sein des dédales qui jouent le rôle de donjons. Ces escarmouches se déroulent en temps réel, à la 3ème personne, seul ou en équipe suivant les règles en vigueur. Le gameplay se veut totalement tourné vers l'action, avec un unique bouton pour effectuer les combos et les attaques éventuellement chargées, les autres boutons de façade servant à utiliser des objets (offensifs ou réparateurs), sauter et sprinter.

S'y ajoutent les techniques spéciales soumises à une jauge de tension et exécutables par le biais du bouton R ou de l'écran tactile, qui liste celles disponibles. Celui-ci joue davantage le rôle de pense-bête, tant la rapidité des joutes exige la réactivité des boutons. Elles tirent leur dynamisme de l'usage extensif du "dash", souvent associé aux doubles sauts, du moins quand ils sont réalisables.

Mécanismes au millimètre

Au delà de la jauge d'endurance à surveiller sous peine de se retrouver au ralenti quelques instants, la palette de mouvements est ainsi conditionnée par l'équipement. Les fusils lourds interdisent par exemple le recours à l'esquive, ce qui contraint à bien calculer son coup lorsque l'on passe d'une arme à l'autre (deux peuvent être portées simultanément, y compris une dans chaque main). Idem pour la gestion des sauts et des assauts, suivis d'un court temps de latence potentiellement dommageable.

Le timing se révèle donc crucial, une approche pointilleuse que perturbe légèrement la double fonction du bouton L, voué à la fois à la garde et au repositionnement de la caméra. Plus fâcheux, il arrive que l'on peine à verrouiller l'adversaire visé et que les équipiers décident inopinément de cibler le même, intensifiant le chaos latent en cas de manoeuvres non planifiées, a fortiori avec les limites parfois peu évidentes de l'aire de combat, murs invisibles obligent.

Custom Robot L-5X

Plutôt que de blâmer l'IA et ses quelques défaillances ponctuelles somme toute logiques pour des robots, on regrette surtout que nos compères nous privent ainsi du coup de grâce, idéalement synonyme d'objet(s) rare(s) quand on achève le dernier ennemi avec une attaque spéciale, si spectaculaire en prime. La collectionnite et la customisation qui en découle s'avèrent en effet les principales occupations dans Little Battlers eXperience. Terminer la quête principale demande peu d'efforts, à l'instar des missions annexes, tout juste faut-il adapter un tantinet son arsenal en fonction de la teneur de l'adversité et de la nature du terrain.

Évidemment la stratégie à appliquer varie beaucoup selon que l'on affronte des adeptes du corps à corps ou des snipers, de même qu'un environnement très escarpé ou composé de larges étendues d'eau a une influence considérable sur le cours de la bataille, sans oublier les faiblesses ou résistances engendrées par l'équipement de son LBX.

Multi Battlers eXperience

La défaite n'a toutefois pas de réelle incidence, si ce n'est d'en rajouter une à son palmarès et de motiver à prendre sa revanche. Cependant, le New Game + nécessite de se pencher bien plus sérieusement sur les pièces détachées, dont les attributs se développent distinctement grâce aux points d'expérience récoltés. Leur évolutivité et les bonus octroyés par une panoplie complète n'encouragent guère à mettre les mains dans le cambouis, exception faite de l'unité centrale, un véritable petit jeu du puzzle pour bricoler les caractéristiques des LBX.

Mais ces réglages deviennent décisifs face aux ennemis les plus coriaces ou dans les parties multi joueur, jouables à six et en coopération, hélas seulement en réseau local. Une lacune franchement regrettable qui cantonne cette aspect convivial aux abords des cours de récréation, seul lieu propice aux matchs classés et à l'obtention de points pour la boutique dédiée au multi, celle-ci comportant des objets exclusifs.

Cyber Gashapon

Au regard du temps écoulé depuis la sortie nippone, faut-il y voir un manque d'ambition de Little Battlers eXperience sous nos contrées ? Une chose est sûre, la dimension multi joueur n'est heureusement pas un passage obligé pour récupérer des pièces de haut niveau, carrément vitales face au copieux challenge proposé après la conclusion. Dommage qu'elles ne se distinguent que par leur(s) couleur(s) et soulignent ainsi le peu de designs de robots différents, malgré plus de 4000 pièces à rassembler.

Dans la lignée de ses rivaux, Little Battlers eXperience puise donc son intérêt dans la course à la puissance, avec des montagnes de combats, des cartes, des jouets capsule distribués au hasard et même le StreetPass à l'appui pour collecter les précieuses pièces. Et avec les futurs DLC, cette quête s'annonce de très longue haleine, la campagne prenant déjà une trentaine d'heures. La plupart s'en contenteront, alors que les fans absolus de combats de petits robots peu sensibles à la répétitivité prolongeront longtemps l'eXperience, eussent-ils théoriquement dépassés l'âge.