Cette critique est une mise à jour de notre test import publié initialement le 12 février 2015.


Pendant la génération PlayStation 2, les jeux vidéo ont connu une sorte d'âge d'or. À l'époque, les fans de Vegeta et compagnie ont successivement eu droit à la série des Budokai puis à celle des Budokai Tenkaichi. Sur PS3 et Xbox 360, les choses se sont ensuite compliquées avec des titres n'arrivant jamais à atteindre le niveau de leurs illustres aînés. Lorsque Bandai Namco a dévoilé le concept derrière Dragon Ball Xenoverse, le premier jeu basé sur la licence à paraître sur consoles New-Gen et PC, de nombreux fans se sont mis à rêver d'un comeback fracassant des Z Warriors. Le fait que la charge du développement de ce nouveau titre soit confiée à Dimps, le développeur de la série des Budokai, n'a eu pour seul effet que de faire monter d'un cran l'espoir des joueurs.

Si vous lisez ce test, il y a de fortes chances pour que vous soyez des fans de Dragon Ball (Z). Nul besoin, donc, de faire un rappel de l'histoire imaginée par Akira Toriyama. De toute évidence, c'est également ce que se sont dit les développeurs de Xenoverse. En effet, le titre évite une énième redite et créée une nouvelle intrigue plaçant l'importance de l'univers de DBZ au coeur de l'intrigue. Une mystérieuse force altère les événements de la mythologie de Dragon Ball Z à différents points de son histoire (par exemple, Raditz esquive le Makankosappo de Piccolo et seul Goku est tué par ce dernier) et il revient à un héros, invoqué auprès de Shenron par Trunks, de voyager dans le temps pour rétablir l'ordre des choses.

Personnalisation de qualité

Ce héros, c'est justement l'avatar du joueur et il est immédiatement demandé à ce dernier de le personnaliser. S'il a déjà été possible de se créer un personnage dans un précédent jeu Dragon Ball Z sorti en occident, Xenoverse va beaucoup plus loin dans les options de personnalisation. Et il s'agit incontestablement d'un des points forts de ce nouveau titre. En plus de permettre au joueur de sélectionner parmi plusieurs races (Namek, Humain, Majin, Freezer, et Saiyajin) et deux sexes (sauf dans le cas de la création d'un Namek ou d'un "Freezer"), le jeu donne accès à un outil de création ouvrant de très nombreuses possibilités. Ces possibilités se situent non seulement au niveau de l'apparence physique, mais aussi de la tenue et des accessoires (certains vêtements renvoient à des personnages apparus au tout début de Dragon Ball). Libre à vous de créer le fruit de la fusion entre Piccolo et Tortue Géniale. Croiser les créations des autres utilisateurs du jeu a en tout cas quelque chose de savoureux (quand ces dernières ne se limitent pas à de simples clones de Goku).

Strict minimum

Pour en revenir à l'histoire originale proposée par Dragon Ball Xenoverse, il apparaît rapidement qu'il s'agit principalement d'esbroufe. Une petite scène cinématique montre le bouleversement subi par le continuum espace temps de DBZ (nom de Zeus !) s'en suit une autre scène où Trunks envoie le joueur dans le passé, puis un combat où ce dernier rétablit la situation originale. L'impact des bouleversements effectués par les méchants du jeu n'est jamais ressenti. Le joueur n'est à aucun moment exposé aux conséquences que ces altérations auraient pu avoir. Et c'est particulièrement dommage car à plusieurs moments de l'histoire, le jeu donne l'impression qu'il va prendre une nouvelle tournure s'éloignant vraiment de la trame bien connue de DBZ (un passage avec Trunks rappelant Retour vers le Futur en est un exemple) sans jamais vraiment aller au bout du concept. Les premières scènes avec Beerus, personnage apparu pour la première fois dans le film Battle of Gods laissent quant à elles entendre que le caractère du personnage va être étoffé. Mais une fois encore, les scénaristes se sont contentés de la facilité.

Cela étant dit, il convient de souligner la présence à certains moments de l'aventure de scènes cinématiques réalisées spécialement pour l'occasion en animation 2D traditionnelle. Même si le budget accordé à ces scènes animées n'a de toute évidence pas été gigantesque, elles ont le mérite d'exister et montrent qu'un certain effort a été fait en matière de mise en scène. Et il est important de ne pas se méprendre. La campagne de Xenoverse n'est pas mauvaise ou déplaisante à suivre. S'il paraît important de saluer son envie de proposer quelque chose d'original, elle n'est simplement pas tout ce qu'elle aurait pu être. Dommage.

Un "simple" Beat'em All ?

À l'instar de ses prédécesseurs, Dragon Ball Xenoverse est présenté comme un jeu de combat. Dans les faits, la simplicité de son gameplay fait qu'il ressemble davantage à un Beat'em All. Les joueurs qui attendaient de Dimps un jeu de combat pointu risquent donc d'être déçus. Ce nouveau DBZ joue clairement la carte de l'accessibilité. La prise en main se fait rapidement et, grâce à des combinaisons de touches très simples, il ne faut pas longtemps avant de pouvoir réaliser des enchaînements impressionnants. Cela étant dit, le gameplay de Xenoverse n'est lui non plus pas exempt de défauts. Tout d'abord, l'intelligence artificielle, aussi bien alliée qu'ennemie, est relativement limitée. Dans le cas d'un combat en équipe, nul ne sert de compter sur l'aide d'un personnage incarné par le CPU. De plus, le système de détection des impacts des coups laisse clairement à désirer.

Il peut par exemple arriver qu'un coup clairement porté dans le vide touche un adversaire. Autre situation gênante : un personnage qui tente de frapper par derrière un adversaire en train d'envoyer une attaque de ki, dans le vide ou sur un autre protagoniste, subit les dégâts de cette attaque de ki. Ce qui a le don d'agacer le joueur qui avait réussi à placer une bonne esquive. Malgré tout, il n'est clairement pas impossible de passer un bon moment en jouant à Xenoverse. Mais ces défauts laissent comme un arrière-goût d'inachevé.

Pour ce qui est de la ville-hub de Dragon Ball Xenoverse dans laquelle le joueur peut se déplacer, il n'est clairement pas question des phases d'exploration dont rêvaient certains joueurs (dont votre serviteur). En l'état, Toki Toki City est une sorte de menu d'un genre nouveau dans lequel le joueur peut naviguer de mode de jeu en mode de jeu (Versus, Tournoi, Quêtes Parallèles, Quêtes Parallèles en ligne, boutique d'objets, boutique de techniques, etc.). C'est également dans cette ville que l'avatar du joueur pourra croiser des personnages bien connus de Dragon Ball Z qui lui proposeront de l'entraîner (afin de gagner des techniques supplémentaires) ou des missions annexes. Comme pour le scénario, le fait que Bandai Namco et Dimps aient cherché à innover est apprécié. Il est simplement regrettable qu'ils ne soient pas allés plus loin. Ils avaient pourtant toutes les cartes en main pour taper un grand coup dans le coeur des fans de la licence et marquer l'arrivée de la licence sur consoles New-Gen.

Pas vraiment New-Gen

Cette sensation d'inachevé se ressent également dans la réalisation de Xenoverse. À ce niveau, le titre de Bandai Namco montre clairement que tout avait été pensé pour la précédente génération de consoles. Si le jeu est propre, l'écart entre Xenoverse et ses prédécesseurs sortis exclusivement sur old gen est bien trop mince. L'omniprésence d'aliasing en est une preuve. De plus, il est regrettable de noter que les environnements ne sont pas autant destructibles que par le passé. S'ils l'étaient dans les Raging Blast, pourquoi ne le sont-ils pas dans Xenoverse ? C'est d'autant plus triste que les environnements sont plus vastes et plus crédibles que par le passé.

Enfin, et c'est un problème fréquemment retrouvé dans les jeux DBZ proposant un gameplay en arène ouverte, la caméra est très souvent à la ramasse. Cette dernière ne sait tellement pas où se placer qu'il n'est pas rare... qu'aucun personnage ne soit à l'écran. Ce qui est fâcheux. Histoire de rendre à César ce qui lui appartient, il convient de noter que Xenoverse propose tout de même de jolies cinématiques bien animées et réalisées avec le moteur du jeu dans lesquelles les personnages sont particulièrement expressifs. Cela change des scènes dans lesquelles ils se retrouvent debout face à face et se parlent à travers des visages immobiles (type de scène également présent à certains moments de Xenoverse soit dit en passant).

L'envie d'aimer Dragon Ball Xenoverse est bel et bien là. Mais il apparaît très rapidement que les promesses du scénario inédit ne sont pas vraiment tenues et que le jeu est techniquement tiré vers le bas par son statut de titre cross-gen. Vu l'intérêt clairement généré ces derniers mois par l'actualité autour de Xenoverse et les attentes des joueurs à son sujet, il reste possible d'espérer que Bandai Namco accordera un jour prochain toute l'attention et le budget qu'elle mérite à une adaptation vidéoludique de Dragon Ball Z. En attendant, il y a Dragon Ball Xenoverse. Même s'il est loin d'être parfait, il est également loin du niveau de médiocrité des dernières productions du genre. En somme, les fans occasionnels de l'oeuvre d'Akira Toriyama peuvent passer leur chemin. Les drogués au Senzu ont quant à eux de quoi s'occuper.