La D-League, ça vous dit quelque chose ? C'est l'antichambre de la NBA, la division dans laquelle des graines de champions, mal dégrossies, répètent leurs gammes, espérant un jour décrocher un contrat à l'étage supérieur. Aller faire un tour en ligue de développement, c'est ravaler sa fierté, accepter ses carences du moment, mais également obtenir du temps de jeu pour (re)prendre confiance en soi. Faisant fi des médisances, justifiées, à son égard lors de la saison précédente, le redoublant NBA Live a accepté son triste sort, observant d'un oeil lointain et envieux son ancien rival, NBA 2K, collectionner les récompenses individuelles. Pour espérer le titiller de nouveau dans le coeur des fans, le mauvais élève a compris qu'il devait revoir de A à Z son fond de jeu.

Retour à la fac

C'est la première remarque que l'on peut effectuer au sujet de ce NBA Live 15 : il semble enfin trouvé son style. Une orientation, certes brute de décoffrage, mais qui ravira tous les néophytes de ce sport. On revient en effet aux fondamentaux du basket estudiantin : du spectacle, de l'intensité et des rencontres nerveuses. Sans tomber dans les fantaisies d'un NBA Jam, par exemple, on enchaîne ici les dunks sans opposition, les contre-attaques express et les feintes chaloupées. Comme dans un All-Star Game des familles, où les défenses sont aussi sécurisées que les portes de l'Elysée sous Hollande. Electronic Arts avait pourtant promis que défendre serait "fun" avec un système qui devait permettre de coller plus facilement à son vis-à-vis avec le stick gauche. Une promesse non tenue, les contacts étant sifflés systématiquement à l'avantage des attaquants pour encourager les raids individuels et le jeu en pénétration.

Du coup, les points se ressemblent presque tous et peuvent être discutés d'un point de vue purement technique. Ca reste du basket très - voire trop - basique, parfois artificiel, faisant la part belle aux highlights au détriment d'une certaine finesse tactique. On est plus dans l'esprit showtime des Clippers que dans le jeu léché des Spurs façonné par Greg Popovich. D'autant que la palette d'animations ne permet pas de retranscrire tous les moves qui font la richesse et le charme de ce sport. Quant à la mécanique de shoot, elle est si étrange (en gros, il faut sur-anticiper la fin de son geste) que l'on préfèrera cent fois réaliser un improbable alley oop, réduit à une seule touche, plutôt que de s'aventurer dans un tir hasardeux à mi-distance.

Attention, peinture fraîche !

Lorsque l'on doit revoir ses fondamentaux comme l'a fait NBA Live 15, on n'a pas vraiment le temps de s'attacher aux détails. C'est ce que l'on reprochera le plus à cet opus terminé à la va vite pour ne pas laisser trop d'avance à son concurrent. Et ce, même si l'on peut s'interroger sur le timing de sortie du titre, retardé à maintes reprises et mis en vente plusieurs semaines après un concurrent injouable depuis une décennie. Si ce léger décalage a permis au studio de soigner la réalisation (modélisation des visages et des accessoires, respect des gabarits, physique du ballon), les noctambules ne retrouveront que sporadiquement les artifices qui les font tenir jusqu'à l'aube : l'ambiance dingue dans la salle, les effets de caméra, les jeux de lumière, les émotions des joueurs, les commentaires "made in USA"...

Un manque de finition qui se ressent également dans les modes de jeux. Tout y est en aspect (carrière individuelle, évolution d'une franchise...) mais sans le génie et la consistance de son rival. On se plaira néanmoins à revivre les moments forts de l'exercice en cours à travers des petits défis sympathiques. Mais le terme "sympathique" n'existe pas dans la dure loi du sport où il ne peut y avoir qu'un seul vainqueur et que votre adversaire ne boxe pas dans la même catégorie.

Finalement, est-ce que les jaquettes des deux simulations de basket ne résumeraient pas à elles seules la classe d'écart qui les sépare ? D'un côté NBA 2K représenté par Kevin Durant, dernier MVP en date, redoutable machine à scorer et gendre idéal de la Ligue ; et de l'autre NBA Live qui a choisi Damien Lillard, prometteur meneur des Blazers appelé à devenir grand... un jour ou l'autre. Rendez-vous donc l'année prochaine, même jour, même heure, même note ?