Dans le sillage des précédentes oeuvres mitonnées par Pastagames, la recette de Pix the Cat tient en quelques lignes : il s'agit de ramasser des oeufs au sein de niveaux labyrinthiques, un peu comme Pac-Man gobe des pac-gommes, la porte de sortie ne s'ouvrant qu'une fois les canetons déposés dans certaines cases au passage, façon ChuChu Rocket!. Car les oisillons ainsi recueillis suivent notre chaton à la queue leu leu, qu'il faut d'ailleurs veiller à ne pas se mordre, à l'image de Snake. Ces manoeuvres requièrent donc de la dextérité et de l'anticipation, des facultés d'autant plus essentielles que l'objectif se résume à réaliser le meilleur score possible avant la fin du temps imparti. Évidemment, les performances dépendent d'un système de combo, dont la jauge joue plus ou moins le rôle de barre de santé dans le mode arcade. Point de vies limitées ni de game over ici, en revanche les rêves de gloire s'envolent aussi rapidement que les pioupious à la moindre erreur, synonyme de rétrogradation du multiplicateur. Et s'il est assez facile de s'occuper des oeufs un par un, en rassembler l'intégralité avant de les relâcher pour obtenir un "perfect" s'avère autrement plus délicat. Surtout que la vitesse des déplacements augmente à mesure que l'on enchaîne les sauvetages, jusqu'à passer mode "fever" !

Ninchat Combo

Cet état de semi-invincibilité permet de se débarrasser des ennemis d'un bon coup de boule, avec des points bonus à la clef. L'accélération progressive de la musique en parallèle rend cette course au score encore plus frénétique, tandis que les couleurs des décors se font de plus en plus chaudes. S'y ajoute l'architecture des dédales, imbriqués les uns dans les autres tels des tableaux gigognes, de sorte que l'expérience s'apparente à une vertigineuse mise en abîme, quitte à parfois poser des petits problèmes de lisibilité. En somme, Pix the Cat constitue un vrai trip, à la fois rétro et moderne, ce qui s'applique pour chacune de ses composantes, à commencer par ses graphismes. Les pixels de cette bonne vieille 2D s'effacent sous le lissage de la HD et de multiples effets rutilants, un style résolument high-tech illustré par l'affichage en négatif du mode fever. Idem pour les mélodies, les chip-tunes s'accompagnant de sonorités électroniques sensiblement plus sophistiquées. Enfin le gameplay a priori très carré cache certaines finesses dans ses moustaches, notamment la possibilité de se faufiler le long des parois pour gagner du temps et remplir la jauge de combo un poil plus vite.

Un chat retombe toujours sur son pad

Bien entendu, de telles prouesses n'auraient pas été réalisables sans l'usage de la croix de direction (oubliez le joystick), seul outil à même de répondre aux exigences de précision de Pix the Cat, n'en déplaise aux aficionados du tactile. En plus de réflexes dignes des félins et d'un oeil de lynx, ces manoeuvres nécessitent une bonne mémoire, puisque les trois plats de ce festin d'arcade demeurent identiques d'une partie à l'autre, hormis quelques inversions anecdotiques. En clair, la quête du gros score suppose d'apprendre par coeur la structure des niveaux, y compris l'emplacement des issues. Pas de quoi casser trois pattes à un canard, pour ne pas dire franchement lassant quand on n'appartient pas à l'espèce des affolés du scoring. Heureusement, l'intérêt perdure grâce aux plats du jour, une succession de niveaux certes moins peaufinés en terme de level-design, mais qui relancent régulièrement le challenge, a fortiori avec les classements en ligne. En outre, le menu comporte de savoureuses variations de la formule, le tout assujetti à divers défis aux récompenses plus ou moins anecdotiques (croquis, morceaux et voix alternatives entre autres).

Nostalgie réfléchie

Contrairement aux apparences, le mode Nostalgia ne se limite pas à sa palette en noir et blanc doublée d'un aspect granuleux. Au delà d'un clin d'oeil à Felix le Chat et aux dessins animés d'antan - orchestration vintage à l'appui - cette déclinaison se focalise sur la collecte des oeufs pour revisiter la recette de l'omelette sous toutes ses formes. Ces épreuves fort malicieuses demandent par exemple de contrôler de plusieurs minous simultanément, d'emprunter des trous de téléportation ou de déambuler à tout berzingue dans des espaces confinés. Le mode Laboratoire suscite pour sa part moins de pression, en se concentrant sur la facette cérébrale de Pix. Il consiste en effet à terminer des puzzles avec un minimum de manipulations, ce qui conduit à explorer les mécaniques du gameplay en détail. Cette approche plus posée contribue à rallonger considérablement la durée de vie, a fortiori avec la centaine de stages que comporte chacun de ces modes (des jokers sont proposés en cas de blocage). En prime, la version PS4 dispose d'un mode Arène qui la rend indubitablement attachante, sans compter la fonction cross-buy, quoique l'on regrette l'éviction de cette dimension conviviale sur PS Vita (voir le test de la mouture portable pour davantage d'informations).

Neuf vies et plus si affinités

Ouvertement inspiré par Bomberman et Towerfall Ascension, ce mode multijoueur ne se pratique qu'en réseau local. Un choix justifié, car en plus du plaisir de chahuter avec ses camarades en fourrure et en os, le déroulement ultra nerveux des parties ne saurait supporter un soupçon de lag. Ici les oeufs deviennent des munitions qui peuvent servir tantôt de projectiles, tantôt de carburant afin de foncer sur ses adversaires, après avoir pris de l'élan en maintenant un bouton. Fatalement percutantes, ces batailles reposent sur des mécaniques simples et soigneusement équilibrées : Le fait de porter beaucoup de balles ralentit les mouvements, mais donne l'avantage lors d'un tête à tête. De plus, un adversaire vaincu revient sous forme de spectre, dans l'espoir de littéralement voler la vie de l'un de ses camarades. Enfin la diversité des arènes vient renforcer la richesse des hostilités (mention spéciale au brasier pour les têtes brûlées), de même que les oeufs missiles et autres mines de proximité. Dommage que ces armes ne soient pas plus nombreuses, eu égard à la fièvre contagieuse engendrée par ce joyeux combat de "chatcheurs". Le studio ne ferme toutefois pas la porte à un DLC par la suite, si la communauté miaule suffisamment fort. Amoureux des chats, vous savez donc ce qu'il vous reste à faire.