Codemasters a du talent, on le sait, lorsqu'il s'agit de nous livrer des jeux de course automobile de grande qualité. C'est une véritable passion qui anime ce studio anglais depuis toujours et qui se ressent dans chacun de ses nouveaux titres. La saga GRID, elle-même issue des sagas Race Driver et TOCA, profite depuis ses débuts d'un héritage particulièrement prestigieux, dont la force réside dans les sensations fortes, la variété, l'intensité et le plaisir de conduite. GRID 2 le prouvait à nouveau à merveille l'année dernière, et GRID : Autosport tente donc de nous livrer une suite à la hauteur de nos espérances après seulement une petite année de développement (en théorie)... et là forcément, le doute nous habite, la suspicion nous taraude : essaierait-on de nous livrer une suite rapide pour mieux remplir les caisses des maîtres du code ? Pas si sûr.

C'est dans les vieux pots...

Pour aller droit au but, comme on dit parfois au PSG, parlons d'abord de gameplay et précisons d'emblée que GRID Autosport propose une jouabilité différente de celle de GRID 2, qui valorisait une conduite tout en dérapage volontairement arcade mais pour autant hyper grisante. Si les sensations sont toujours aussi bonnes et si les deux jeux partagent de nombreux points communs (on y reviendra), Codemasters a cette fois revu sa copie en s'inspirant plutôt du premier volet de la série, repositionnant le curseur arcade/simu pour offrir une conduite un peu plus réaliste, qui obligera les joueurs - tout du moins ceux qui n'activent pas toutes les aides au pilotage - à doser subtilement les freinages et les accélérations en sortie de virage, sous peine de grands tout-droit ou de tourbillonnants têtes-à-queue. Voilà un "détail" qui a son importance pour tous ceux qui avaient trouvé décevant le virage un brin arcade du deuxième épisode. Cela dit, ne vous attendez pas à trouver ici des modèles physiques dignes d'un Forza ou d'un Gran Turismo, mais simplement une conduite plus proche de celle du premier GRID.

Le crédo : accessible et sensationnel !

Concernant les points communs, les choses qui font un agréable retour dans nos consoles et PC avec ce GRID Autosport, citons simplement les excellentes sensations que procure le jeu. Pour le dire clairement, on prend le pad (ou le volant) en mains, on lance les premières courses et on ne le lâche plus, tant chaque course offre une intensité redoutable. Le plaisir de jeu est total et il provient d'une somme de petits détails qui font la différence et donnent à GRID son aura si particulière... On est 16 en piste tout d'abord, mine de rien ça compte beaucoup, et le moteur de dégâts et déformations est vraiment très performant, si bien qu'il faut toujours appréhender le danger d'une touchette, ou pire d'un gros choc, en plus de ses trajectoires, freinages et accélérations. Ca donne d'office de l'intensité aux courses. D'autant que les sensations de vitesse sont elles aussi toujours au cahier des charges de GRID, et qu'elle sont une fois de plus ici grisantes. Les bruitages, toujours de bonne facture (et complètement différents selon la vue choisie), ne font qu'ajouter aux sensations jubilatoires que l'on éprouve en piste. Miam. Ah, et j'allais oublier un détail important : la vue cockpit est bien de retour. Dans une drôle de version, avec un effet de flou sur les éléments intérieurs qui semble trahir une espèce de "maquillage" maladroit, mais elle est très bien positionnée (deux choix) et offre de belles sensations... c'est déjà mille fois mieux que rien.

De l'air frais, tout le temps

La diversité est le point central de l'ADN de GRID, qui a pour mission de nous faire vivre le sport automobile au sens large, et bien sûr vous retrouverez dans Autosport toutes ces catégories de courses et de véhicules qui vous sont chères. Le mode carrière a d'ailleurs été refondu et il est désormais très clairement cloisonné... En gros, vous lancerez saison sur saison, en choisissant à chaque fois une catégorie parmi les suivantes : "Touring" (les courses à la TOCA), "Endurance" (épreuves de nuit dans lesquelles il faut faire le plus de kilomètres possibles dans le temps imparti), "Open Wheel" (les monoplaces type F1), "Tuner" (courses de voitures modifiées, muscle cars et compétitions de drift) et enfin "Street" (courses en ville).

Les victoires augmenteront votre niveau d'expérience indépendamment, dans chaque catégorie, mais il faudra atteindre des niveaux plancher dans chacune d'entre elle pour débloquer les championnats "GRID" qui, eux, mélangent tout type d'épreuve. Résultat : on passe sans cesse d'un type de course (et donc d'un type de gameplay) à l'autre, variant les plaisirs et renouvelant tout le temps l'expérience. Les sensations sont tellement différentes à chaque fois qu'on prend vraiment plaisir à réajuster ses réflexes.

J'ai trouvé ce mode carrière franchement réussi, mais notez tout de même que tout fonctionne par contrats de sponsoring validés en début de saison, avec des objectifs d'équipe, etc., et que votre véhicule sera du coup à chaque fois imposé... Pas de garage où piocher ni de choix de personnalisation donc, il faudra aller dans le mode en ligne pour ça. A noter cependant que les développeurs ont ajouté des options de réglages sur les voitures (sauf sur les modèles préparés), car une fois de plus, comme avec la vue cockpit, les fans avaient pas mal râlé à ce sujet l'année dernière.

La vie en rose ?

De là à dire que tout va bien dans cette suite rapidement pondue par Codemasters, il y a tout de même un grand pas... que nous ne franchirons pas. Non, en effet tout n'est pas rose. Dès la première partie, et avant même de faire tourner les roues, vous remarquerez notamment que le jeu accuse le coup des années, visuellement. C'est en effet très aliasé, les textures bavent un peu... c'est fluide, heureusement, mais visuellement on ne peut s'empêcher d'être un brin déçu. Mais là je parle de technique pure, attention, car esthétiquement c'est toujours très détaillé et designé avec beaucoup de goût et de classe. Il suffit de reluquer la version PC, vraiment splendide pour sa part (il y a même un pack de textures 4K pour ceux qui sont bien équipés) pour s'en convaincre... et regretter l'absence de versions PS4 / Xbox One pour les "consoleux" !

Et je ne vous parle pas du mode multi en écran splitté (une bonne chose qu'il soit là tout de même !), qui pique carrément les yeux, surtout sur les circuits urbains. On n'oubliera pas de citer une autre chose, qui trahit un petit manque de temps et donc de finition : la version testée (jeu commercial PS3) souffrait de bugs de son absolument ahurissants (aucun bruit de moteurs ou de collisions)... espérons qu'un petit patch viendra régler ça rapidement, car ça craint ! Autre point important : le contenu. Le jeu offre en effet assez peu de bolides, mais surtout il réutilise beaucoup de courses issues de l'épisode précédent, ce qui fait qu'on ne peut s'empêcher parfois de voir GRID Autosport, malgré toutes ses (grandes) qualités, comme une espèce de "rhabillage" de l'épisode précédent.

Mais laissez-moi tranquille messieurs !

Cela dit, le plus gros défaut du jeu reste à mon sens l'I.A. des adversaires, très inégale, allant du correct à l'absolue catastrophe ! On apprécie toujours une certaine forme d'agressivité, qui peut rendre les duels âpres et les dépassements jouissifs... et c'est assez souvent le cas d'ailleurs, mais en revanche on verse parfois dans l'insupportable, avec des concurrents qui vous rentrent dedans sans ménagement, vous envoyant dans le décor en moins de deux alors qu'ils auraient pu freiner ou tout simplement vous éviter. Ca m'a vraiment fait hurler sur certaines courses, heureusement pas trop nombreuses non plus. Mais dans tous les cas il reste assez incompréhensible de voir tant de variation dans l'intelligence ou la pure bêtise des pilotes qui vous entourent...

Bref, les fans de course appréciant un compromis arcade/simu à la faveur de l'accessibilité, dès lors qu'il offre de belles sensations en retour, prendront une nouvelle fois leur pied avec GRID Autosport, qui est littéralement sensationnel. Le jeu souffre certes d'un problème d'IA, d'une réalisation vieillissante sur consoles "old-gen" et d'un contenu relativement limité et repiqué sur l'épisode précédent, mais les quelques changements dans le gameplay et dans le mode solo offrent de quoi (re)prendre du plaisir. Et pas qu'un peu. Quant au mode en ligne, classique mais efficace, et au réseau RaceNet, ils nous permettront de patienter d'autant plus longtemps jusqu'au prochain gros coup des maîtres du code.