Imaginons que la destinée de la série Castlevania ait été mise entre les mains de Corecell Technology au lieu de MercurySteam... Lords of Shadow aurait alors probablement ressemblé à AeternoBlade sur 3DS, en faisant néanmoins abstraction de la réalisation austère de ce dernier, qui reflète les moyens très limités de ce petit studio thaïlandais. La cinématique d'introduction vieillotte, la pauvreté des textures et la raideur cadavérique des animations ramènent une bonne quinzaine d'années en arrière, sans que cela soit désagréable, eu égard au charmant parfum rétro qu'exalte AeternoBlade. Justement, le retour dans le passé constitue la pierre angulaire de ce représentant de l'action plateforme, légèrement saupoudré de RPG. Ainsi l'aventure commence avec la mort de Freyja, vaincue à "plate armure" par l'impitoyable Beladim... puis ressuscitée une semaine auparavant. Les jours de notre héroïne sont donc comptés pour se venger de ce démon prétendument immortel, qui a réduit en cendres le village qu'elle devait protéger.

Revival

Le temps joue un rôle central dans le gameplay puisque l'AeternoBlade permet de modifier le cours des évènements en rembobinant une séquence ou en se téléportant via une distorsion temporelle. Ces mécaniques - aux airs fatalement prononcés de déjà vu - servent non seulement à résoudre des énigmes assez bien conçues, mais aussi à éviter des pièges ou des attaques, pour peu que l'on dispose de suffisamment de mana. Au fil de l'épopée, les pouvoirs de l'épée s'étendent, à l'instar des aptitudes de Freyja qui évoluent grâce aux XPs, reliques et autres objets collectés. Heureusement d'ailleurs, tant les techniques paraissent au départ restreintes, le temps que la liste des combos s'allonge considérablement. Reste encore à les étudier avec soin, ce que les Boss se chargent de rappeler brutalement aux guerriers dilettantes le cas échéant. Car si la 3D n'autorise pas la même précision que la 2D en matière de collisions, le système de combat repose sur une gestion rigoureuse du timing.

Intemporel ?

Les affrontements deviennent par conséquent de plus en plus tranchants, notamment dans le domaine aérien. Et cette montée en puissance va de pair avec une exploration progressive des niveaux basée sur le principe de "metroidvania", dont l'efficacité n'est plus à démontrer. D'autant que le level design comporte juste ce qu'il faut de bifurcations pour justifier ces allées et venues, plus nombreuses soit dit en passant que dans un certain Mirror of Fate. Au final, cette épopée récurrente s'étale sur une douzaine d'heures, sans compter le mode Arène proposé en DLC, qu'il aurait cependant mieux valu inclure en guise de bonus à la façon du Boss Rush des récents Castlevania. Fort de son traditionalisme visiblement assumé (en témoigne l'utilisation clin d'oeil du fameux cheat code de Konami inversé), AeternoBlade s'impose comme un bel hommage à la famille des chasseurs de vampires d'antan, ses manipulations temporelles palliant le manque d'éclat inhérent à son budget modeste. De quoi se consoler un peu en cette période difficile pour les vieux fans de la saga, encore assombrie par le récent départ de Koji Igarashi, et ceci même si la présence du père de Symphony of the Night chez Konami n'était plus que fantomatique depuis quelque temps...