Difficile de savoir s'il y a des fans de Zelda chez Codemasters (il faudra leur poser la question à l'occasion), mais pour leur nouveau jeu de rallye, ils ont décidé d'utiliser la Triforce comme gimmick dans les menus 3D et 2D, et même dans les "loadings". Etonnant. Ceci étant dit, exit donc la fameuse caravane-menu de DIRT 2 et F1 2010, place à quelque chose de beaucoup plus sobre et classieux. Le jeu est ainsi divisé en plusieurs saisons, 4 en tout, remplies chacune de plein de bonnes choses à déguster sans modération.

Dirt Tour okans

C'est donc bel et bien dans le DiRT Tour, assimilable au mode Carrière, que vous allez faire vos armes au volant de différents bolides. Voitures de rallye des années 70, 80 et 90, du Groupe B, WRC, ou encore S2000, sans oublier quelques 4X4 et autres bagnoles monstrueuses (Buggy, LandRush et autres TrailBlazer)... rien à dire : c'est complet de chez complet. Le hic, c'est que vous allez devoir les mériter, ces caisses. Pour cela, rien de plus simple : il faut gagner un maximum de courses dans différentes disciplines et sur les trois surfaces proposées (neige, terre et asphalte), histoire d'engranger des points de réputation. Ces points de "rep", comme on dit de par chez nous, vous permettront alors de vous faire remarquer par des sponsors qui vous prêteront gentiment leurs voitures. Cela vous permettra aussi de débloquer de nouvelles compétitions. Et si vous voulez en plus récupérer des points bonus, rien de plus simple : il suffira non seulement de vous poser sur le podium, mais également de réussir certains défis supplémentaires affichés à l'écran (faire un drift sur une distance donnée, réaliser un super temps ou encore atteindre une vitesse précise).

Gymkha... quoi ?

Si DiRT 3 s'est clairement recentré sur le rallye et ses nombreuses spéciales, plutôt nombreuses dans le jeu, la nouvelle discipline qui monte est le "Gymkhana". Vous savez, cet ersatz de course auto (qui n'en est pas une d'ailleurs), consistant à faire des figures ultra précises qu'on appelle communément "drift", "spin", "donuts" et autres sauts, voire bidules et machins, le tout dans un environnement type "skatepark" avec des poteaux, des échafaudages, des grues... Oui, vous l'aurez compris, cette discipline ne me botte pas plus que ça. Pourtant, elle demande beaucoup de technicité, de précision et de doigté (des nerfs d'acieraussi), aussi bien au pad qu'au volant d'ailleurs. Je le confesse volontiers : cette discipline est fort réussie et ses didacticiels, bien que peu clairs, sont obligatoires pour "comprendre" ce machin venu des States et progresser comme il se doit. Elle vous demandera pas mal de temps avant d'en intégrer toutes les "subtilités". Parce qu'ici, plus qu'ailleurs, il vous faudra avant tout de la pratique. Ca tombe bien, libre à vous de venir dans le DC Compound ouvert en permanence pour vous améliorer. Et remplir des tonnes d'objectifs aussi, histoire de ne pas vous endormir (récupérer des paquets cachés, drifter autour de poteaux, faire des sauts de ouf malade, défoncer des caisses...). Dans les épreuves du Dirt Tour, le Gymkhana est également au programme, avec cette fois des épreuves imposées, ou presque, avec des figures à effectuer dans un laps de temps précis, ou encore le suivi d'un chemin précis via une flèche au sol. Bref, les amateurs du genre devraient apprécier. Les autres iront voir ailleurs, même si l'appel des points de réputation les feront certainement revenir.

EGO Trip

Une fois n'est pas coutume, les images fournies par l'éditeur depuis des mois sont aussi jolies que la "réalité" du jeu. Le moteur maison de Codemasters, l'EGO Engine, donne toute sa puissance et permet d'afficher des décors absolument magnifiques, quel que soit le pays et les environnements traversés. La neige de la Norvège, le désert et les pistes poussiéreuse du Kenya, le circuit aseptisé de Monaco, les superbes forêts de Finlande, ou encore le Michigan et Los Angeles pour les X-Games (le Coliseum)... nos rétines sont flattées en permanence (les passages dans les flaques d'eau sont superbes !), d'autant que le frame rate est là encore au sommet de sa forme. Tout juste quelques micro-baisses dans les épreuves de rallye-cross, et en écran splité, mais sans plus. Et encore je parle d'une version "review" non définitive aux loadings assez longs également, dont l'éditeur nous a promis qu'ils devaient être corrigés dans la version finale.

Les spéciales se déroulent à différents moments de la journée, et le crépuscule ou la nuit valent leur pesant de cacahuètes. On regrettera juste des effets météo médiocres à mon sens (pluie et neige, mais pas de variation climatique durant les courses), dont la vue cockpit ne peut même pas profiter (à part un peu de poussière, les essuie-glaces n'ont rien à balayer sur le pare-brise). Une vue cockpit d'ailleurs plutôt bien modélisée et très jouable, même si l'on aurait aimé pouvoir l'ajuster un peu mieux. Elle fait partie des 5 vues proposées et, ma foi, elles sont toutes utilisables dans toutes les épreuves. Les dégâts sont eux aussi parfaitement rendus : les chocs plus ou moins violents brouillent l'image en vue interne et parviennent littéralement à détruire votre caisse, jusqu'à la rendre totalement inutilisable. Et ça c'est trop bien. Ou pas. Quant à l'ambiance sonore, elle est tout simplement superbe, avec une foule en délire, de belles musiques et des sons de moteur qui vous arracheront les tympans si vous mettez le son à fond. Essayez, vous verrez...

Alors, Arcade ou pas ?

S'il y a bien un point que vous attendez tous, c'est celui-ci. Quid de la conduite de DiRT 3 ? Hmmmmm... pas évident, puisque selon moi elle est multiple. le jeu est finalement facile à prendre en mains, à partir du moment où vous activez toutes les aides à disposition. Trois niveaux de difficulté s'offrent en effet à vous : Novice, Intermédiaire et Expert. Si pour le premier d'entre eux, vous pouvez conduire le coude sur la portière, avec une IA volontairement aux fraises, pour les deux autres ce sera déjà nettement plus corsé. A tel point que ça en devient décourageant. Car oui, la conduite est assez nerveuse et la remise des gaz peut s'avérer fatale. Tout comme un freinage ou une trajectoire mal négociés. Oui, l'hypersensibilité de la direction peut en faire flipper plus d'un (dans WRC, c'est plutôt bien maîtrisé de ce côté-là), mais tout est question d'habitude et de pratique. Ce qui me paraissait insurmontable au départ est finalement devenu "normal" par la suite, les épreuves aidant. Quoiqu'il arrive, un niveau de difficulté "personnalisé" est présent, de sorte que vous pourrez changer quelques paramètres sur vos voitures (ABS, aide à la traction, contrôle de stabilité, direction...) pour vous sentir plus à l'aise. Et si vous êtes du genre génie mental de la mécanique, vous pourrez là encore bidouiller quelques réglages (super simples, rassurez-vous) comme l'étagement des rapports, le différentiel, les suspensions... Avec des différences assez notables sur vos caisses. Et si tout cela vous fait décidément trop flipper, pas de panique : vous disposez toujours, comme dans DiRT 2, des fameux flashbacks, qui permettent de gommer vos bévues en remontant dans le temps quelques secondes avant le crash fatal.

Socialement vôtre

Outre le mode 2 joueurs en écran splitté, dont nous avons déjà parlé, DiRT 3 propose également un mode multi à 8, avec un championnat en ligne (Pro Tour) et du "Jam Session" pour se défouler entre amigos. Sans oublier le mode Party, qui propose moult joyeusetés (Invasion, Cat'n Mouse et Transporter)... on pourra également envoyer ses propres vidéos, quelque peu retouchées, directement sur Youtube, à condition de posséder un compte valide et d'avoir un Pass en ligne de bourgeois. idem pour certaines voitures d'ailleurs, qu'on ne peut récupérer qu'avec ce Pass VIP. Bref, cette dimension "sociale" avec Youtube devrait faire plaisir aux geeks de tous poils, même si chaque vidéo est limitée à 30 secondes.

Avec DiRT 3, Codemasters a voulu apporter du sang frais dans le monde du rallye vituel, tout en gardant les qualités qui ont fait le succès du précédent opus. Si la dimension "Rallyesque" est un peu plus étoffée ici, le fait d'apporter du freestyle avec le Gymkhana n'est à mon sens pas forcément digne d'intérêt à la longue. Et ce même si ces épreuves sont plutôt rares, hormis le fameux DC Compound. J'aurai préféré voir plus de variété dans les spéciales et les pays traversés, plus de différences de comportement entre les voitures, ou encore une météo variable et plus spectaculaire. Bien entendu, il y a plein de points positifs : les spéciales sur la neige, le multi en écran splité, les vidéos à uploader sur YouTube, plusieurs manières d'appréhender le jeu pour différentes sensations, un mode Dirt Tour long et varié... Mais je trouve qu'il manque encore quelque chose qui faisait l'intérêt de Dirt 2 : des joutes spectaculaires avec cette dimension de rivalité entre pilotes, plus de punch dans les courses, une cohérence globale que je ne retrouve pas vraiment ici. C'est assez décousu et c'est bien dommage. Fort heureusement, il assure graphiquement et techniquement. Mais est-ce suffisant pour laisser tomber la version précédente ?