Un peu d'histoire

Si vous lisez ces lignes, il y a de fortes chances pour que Bleach
n'ait aucun secret pour vous, mais afin de ne pas perdre définitivement
ceux qui auraient pu s'égarer ici, survolons brièvement l'univers du
manga pour y situer les évènements de ce Soul Resurreccion. L'univers de Bleach comporte trois dimensions parallèles. D'un côté, le monde des humains,
essentiellement représenté par le quartier de Karakura, proche de Tokyo. De l'autre, Hueco Mondo un monde dévasté et peuplé d'âmes malfaisantes, les hollows, qui ont une fâcheuse tendance à vouloir envahir notre belle planète. Entre les deux, la Soul Society, que l'on pourrait assimiler à l'au-delà, veille et envoie ses combattants d'élite, les shinigamis à la poursuite des âmes égarées. Parce qu'il a l'étrange faculté de voir
les morts, Ichigo va assister à un combat entre un hollow infiltré
sur terre et un Shinigami. Simple témoin au début, Ichigo va rapidement
être formé et devenir un shinigami pour purifier, à son tour, les âmes malfaisantes qui rodent sur terre. Au
gré des épisodes, il va rencontrer et souvent affronter les membres
d'élite de la Soul Society, se lier à certains d'entre eux et être confronté à des ennemis toujours plus puissants contre lesquels il devra se surpasser sans cesse... Comme
dans tout bon shonen !

Il a rencart !

L'histoire de Soul Resureccion, que vous pourrez suivre dans le mode qui lui est dédié, se déroule au moment ou Aizen, le leader des arrancars, les plus puissants des hollows, projette d'envahir le monde
des vivants. Pour éviter ce funeste destin, Ichigo et les membres de la Soul Society décident de lancer l'offensive. Pendant qu'un groupe défendra la terre, un autre se rendra à Hueco Mondo pour y infiltrer le palais de Las Noches, où résident Aizen et sa garde rapprochée, les dix terribles Espadas. Et devinez quoi... Le succès de cette opération repose entièrement entre vos mains.

Sushi express

L'histoire se découpe en quatorze chapitres, et pas un de plus, lors desquels vous incarnerez les différents héros pris dans la tourmente. Le principe est bien huilé, mais sans surprise... jugez plutôt : vous évoluez dans des environnements en 3D, sur des chemins littéralement balisés, et progressez en taillant en pièces des hordes d'ennemis qui apparaissent ici et là, jusqu'à parvenir au boss. Chaque ennemi battu rapporte des points d'expérience, ceux-ci étant multipliés par les chaines de combos que vous réalisez. S'ajoutent a cela quelques objets destructibles "pour le fun" et des orbes de soins disséminés un peu partout... Rien de transcendant. D'autant que les niveaux sont très linéaires, similaires, austères... Bon je sais, Hueco Mondo est un désert aride et Las Noches un palais tout blanc... mais quand même ! Une fois le boss battu et l'épisode terminé, vous obtenez une note, débloquez le niveau suivant et de nouveaux personnages. Vous incarnerez ainsi une dizaine de combattants différents et en gagnerez une vingtaine au total, utilisables dans les autres modes. Avec les points d'expérience gagnés, vous pourrez ensuite faire évoluer votre personnage sur une sorte de gigantesque sphérier d'évolution.

Au même rang

En dépit de personnages plutôt bien retranscrits, la prise en main est sans surprise. On ressent bien la différence entre les combattants : ceux qui combattent à main nue, au sabre, à l'arc ou à l'épée double ; les lents et les rapides ; ceux qui piquent comme l'abeille et ceux qui fendent l'air en deux... Mais au final tous se contrôlent de la même façon et obtiennent à peu près les mêmes résultats. Chacun dispose d'un double saut, d'attaques au corps, d'attaques à distance, d'une projection, d'une garde, d'un lock et d'un dash illimité aussi pratique pour fondre sur l'ennemi que traverser les niveaux. Certaines attaques sollicitent une jauge de Pression Spirituelle qui se régénère automatiquement, les attaques les plus dévastatrices font, elles, appel à la jauge de pouvoir qui se remplit au gré des affrontements. On ne note cependant pas de grosses variations d'un perso à l'autre. Au début du moins. Car avec le temps, le sphérier d'évolution permettra de nuancer tout ça, de renforcer les aptitudes des uns ou les différences des autres, grâce à un nombre hallucinant d'améliorations diverses et de compétences spéciales. Mais avant de réellement sentir la différence, il faut passer des heures et des heures à refaire les mêmes épisodes, dans les trois niveaux de difficultés, encore et encore...

Extra ball

Pour éviter un tel acharnement et essayer de nous faire oublier les cinq petites heures passées à retracer l'histoire, les développeurs nous ont concocté un mode Missions. 28 missions pour être exact, dans lesquelles il est possible d'incarner et donc de développer n'importe quel personnage, y compris les arrancars débloqués dans le mode histoire... Malheureusement, là encore pas de grosse surprise, si ce n'est deux ou trois nouveaux décors. Les niveaux ont beaux intégrer quelques objectifs, restrictions de temps ou de pouvoir, on se retrouve à faire la même chose que précédemment. Et une fois encore les missions sont vite pliées. Seuls les fans les plus acharnés trouveraient la patience d'y retourner jusqu'à plus soif pour faire évoluer chaque personnage. Sachant qu'en plus l'évolution des uns est cloisonnée par l'évolution des autres... Il faudrait donc tout se retaper et avec tout les persos ! Ca vous dit ? Moi perso, pas plus que ça...

Emoussé mais pas brisé

On ne va pas dire que Bleach : Soul Resurreccion est une déception pour autant, c'est plutôt une désillusion. Avec un manga aussi fort, on s'attendait à un jeu qui le soit autant. Au premier abord on est d'ailleurs plutôt euphorique : ça bouge bien, les persos sont propres, les combats sont bien speed, les animations apportent du punch, on apprécie de jouer avec les différents protagonistes, on découvre leur panoplie de mouvements, leurs techniques spéciales... Et puis on observe vite que les possibilités sont assez limitées, que les niveaux se ressemblent, que l'action est souvent confuse, que le système de ciblage est assez capricieux. Sans être accro aux cinématiques ou aux QTE , on se dit qu'ils manquent un peu dans un titre comme ça. Il y a bien quelques animations lors des combos, des coups spéciaux ou des projections, mais c'est trop succint, pas assez marqué. Il n'y a qu'à voir un DBZ Tenkaichi ou un Naruto Ninja Storm pour voir que ça marche et que cela renforce l'aspect animé. Ici, même les combats contre les boss sont assez fades... Il aurait fallu un petit plus pour ajouter du panache aux affrontements et nous mettre quelques bonnes claques visuelles, ce n'est pas le cas.

Bleach : Soul Resurreccion n'est donc pas l'incontournable qu'on attendait. Il s'inscrit plutôt comme un banal produit de commande pour les fans. Mais je ne lui jette pas la pierre, je sais d'expérience (cf : Fist of The Northstar) que lorsque l'on est fan d'un manga, on ne voit pas tout a fait les choses de la même façon, et on vibre vraiment en voyant ses personnages préférés s'animer, parfois pour la première fois. En cela, Bleach sur console HD fait son office, et pour ceux qui le voient comme ça, le jeu méritera probablement une quatrième étoile. Mais pour tous les autres, qui le verront plus simplement, plus objectivement, Bleach Soul Resurreccion n'a pas grand chose de nouveau à nous apporter, et c'est bien là son principal défaut !