Bien avant Arkham Asylum

Pour renouer avec la tradition perdue, aujourd'hui je vais vous compter
l'histoire d'un bon vieux jeu Nes, l'un des premiers sortis, le j'ai
nommé Batman, dont le scénario, et vous allez être surpris, a inspiré un épisode de Friends sitcom des 90's.

 

Batman sur Nes, c'est la triste histoire du jeune Bruce Wayne qui a
la bonne idée de se rendre à un bal costumé de la belle époque dans une
combinaison intégrale moulant son corps d'un cuir luisant et libidineux, comprenant même un masque de chauve souris d'où seules ses lèvres son
mises à nues. Bruce fait fureur dans la soirée, récolte les 06 et met
le feu à la piste de danse; dans son costume il est le roi.
Mais la
magie prend vite fin lorsque le fier jeune homme s'aperçoit que la sueur du succès fait rétrécir le cuir de son costume qui lui colle maintenant à la peau, et dont il ne peut plus s'extirper. Bruce Wayne, à peine
20ans, est condamné à vitam aeternam à une apparence de chauve souris
aux penchants sexuels dit-vergents et hétéro-clites...

...il devient alors Batman.

Batman, c'est la tragédie d'un homme dont la vie sociale est ruinée par son indissociable costume au sadomasochisme  prononcé. L'homme masqué est contraint de vivre avec sa lourde différence,
supporter le regard accusateur, l'agressivité et la moquerie des gens.
Malgré sa sortie en 1989, Batman traite de maux sociaux toujours
d'actualité, à savoir le phénomène de discrimination menant à l'exclusion et parfois à l'éradication d'un groupe ou individu jugé différent. Par une mise en abime astucieuse, cette mouture NES
propose à chacun de se confronter à plusieurs variations d'intensité de
sa propre intolérance en incarnant cet homme dans son quotidien, tout au long de niveaux dont les missions ne consistent qu'à simplement se
rendre au supermarché, prendre le métro ou aller acheter le journal.
Le challenge de la vie quotidienne ne semble pas pimenté aux premiers
abords, mais c'est une fois le bouton START poussé que l'on se rend
compte que la moindre sortie dans la rue fait esclandre, ameute la foule inquisitrice, et qu'il faut bien rudoyer les boutons de sa manette pour sortir Batman de chaque battue des passants.

 

Batman, pris en grippe par des cailleras fans de théâtre.

                              Batman, pris en grippe par des cailleras fans de théâtre.

 

Survivre dans l'enfer de la société rongée par la peur de l'inconnu,
c'est le mot d'ordre pour Batman qui ne recevra de cadeau de personne.
Le jour, pour se rendre d'un point A à un point B de la ville, vous
devrez affronter le mépris des gens et les noms d'oiseaux fusant dans
votre dos, essuyer les jets de pierres des enfants des rues, détaler
devant les chiens qui grognent, et éviter les croche-pieds des personnes âgées qui laissent trainer leurs cannes volontairement.

« Obsédé ! vieille pédale ! Viens m'su... !»

Le soir tombé qui ne dissimule que peu votre silhouette de cuir ne vous
offrira pas plus de répit, bien au contraire. La traque continue, et
seuls diffèrent vos opposants. Cette fois le bestiaire varie du loubard
cherchant les noises, aux groupes de skinheads homophobes en rut, en
passant par des flics de la BAC, les mêmes que ceux du Droit de Savoir, aux contrôles d'identité musclés et à l'appetit sexuel attisé.
Tout sera prétexte aux provocations, aux rixes saignantes, ainsi qu'aux
harcèlements sexuels, vous obligeant à rivaliser d'agilité et d'astuce
pour préserver votre intégrité physique jusqu'au pas de votre porte.

La plus grande menace de ce Batman sur Nes est sans aucun doute le
prostitué transsexuel qui règne en maitresse sur les trottoirs de votre
quartier. Cette créature dissimulant sa masculinité sous un maquillage
grotesque lui donnant un air de Joker de carte à jouer, vous prend pour
une concurrente brésilienne venue tapiner du martinet sur ses plates
bandes, et en a juré votre peau tannée.

En mettant en scène
toute cette diversité sociale, Batman va même jusqu'à souligner la
fatalité du mal; où les premières victimes de traitements
discriminatoires sont elles-mêmes les bourreaux d'un autre quidam,
décrivant un cercle vicieux tel un bat-boomerang fendant la nuit.

Que ceux qui ont apprécié la richesse de l'expérience de ce premier volet
de la série, s'abstiennent de jouer aux suites, qui ne se limitent qu'à
un tas de nanards où Batman fait du kung-fu au côté de son petit copain
Robin contre des méchants sortis de la Foire du Trone.
Pour les autres, foncez !

 

Le destin cruel dans homme 10 ans en retard sur la mode.

                           Le destin cruel dans homme 10 ans en retard sur la mode.