Le 30 novembre 2010 :

Ça y est, le dernier jour de stage est arrivé. Pour l'occasion, nous avons préparé un pot de départ, qui aura lieu en salle de détente des ortho, au sous-sol.
Mais à peine ai-je posé ma besace en arrivant au staff que J.A. (le second professeur du service) me fait signe : le programme étant chargé, nous descendons au bloc sans tarder. Moi qui espérais des adieux sans passion...

Première opération : une PTH, avec Arnaud (un des internes) et le professeur, donc. Rien à signaler, à part le gros coup de chaud que j'ai ressenti lorsqu'on commençait à attaquer le fémur à la scie. Attention, j'ai dit coup de chaud, pas malaise, que ce soit bien clair ! Parce qu'à peine ai-je déclaré mon état que l'infirmière me saisit comme on tient un colis piégé. Super, je suis déstérilisé... Je sors.

Je constate que mes camarades ont installé les victuailles sans m'attendre. Tout le monde est là. Même Enrico, qui repart en Italie la semaine prochaine. Je prends quelques photos pour la postérité et me gave des cookies d'Annie pour reprendre quelques forces. Mon instinct me dit que j'en aurais besoin... Et encore une fois, il vise juste : ma prochaine opération sera une discectomie L3/L4 enchaînée avec la pose d'une prothèse discale au même endroit.
Et qui dit opération de rachis dit opération longue, fatigante et difficile. Vraiment parfait pour terminer le stage, hahaha, hm...

A la différence du dernier rachis auquel j'ai assisté, pour atteindre les vertèbres, on fera une voie antérieure : en gros, on ouvre le ventre et on passe sous le péritoine, ce gros sac qui contient les intestins.
Je martèle les piquets dans les vertèbres pour retenir les tissus et dégager la vue ; ainsi commence le fastidieux travail de l'extraction du disque. Il convenait de ne pas se rater à cet exercice, vu que le disque était entouré de la veine iliaque (on l'ouvre, la patiente meurt) et de l'uretère (on l'ouvre, et la patiente meurt, mais plus lentement).
Ce fut l'occasion de connaître un peu mieux le Professeur, qui est un véritable aventurier : ses femmes, son unique procès qui s'est traîné sur 11 ans (alors qu'il n'était pas responsable !), son bistouri avec son nom gravé dessus (« T'as vu ? »  )...

Il a aussi copieusement engueulé les infirmières, qui, habituées à des opérations qui se déroulent bien, n'avaient pas mis sur la table les instruments nécessaires en cas d'urgence.
L'infirmière de bloc qui nous accompagnait, dont c'était le dernier jour aussi, a boudé jusqu'au bout après ça...

Après trois heures, l'intervention est un succès. Je salue tout le monde, et je passe dire au revoir à C-H, qui opérait de son côté. Il me dit de continuer à « rester frais ». Ça tombe bien, je ne compte toujours pas changer. Pour le meilleur, et surtout pour le pire...

Adieu orthopédie !


 

De gauche à droite, de haut en bas : Enrico, Jérémy, Vincent, Annie, Morgane, Sylvain, Françoise et votre serviteur...Oui, la zone de bloc, c'est l'équivalent du village Schtroumpf... En plus sanglant !