Un bruit de métal qui résonne, une conduite d'eau qui éclate soudainement, une ombre fugace qui traverse le couloir... Dead Space, c'est ça. Tout joue sur l'ambiance. Comme beaucoup de jeux d'horreurs, me direz-vous. Oui, mais Dead Space arrive à utiliser des petites touches simples mais diablement efficace pour vous faire peur. Le premier épisode était dans la lancée d'Electronic Arts pour reconquérir le coeur des joueurs. Malheureusement, malgré ses immenses qualités,il n'a pas eu le succès escompté, mais a su trouver une véritable aura durant ces dernières années. EA a su écouter les joueurs et a fait confiance aux équipes de Visceral Games pour mettre en chantier ce second opus. Pour notre plus grand bonheur.

Après un premier titre éprouvant pour Isaac à bord de l'Ishimura, notre bon vieux ingénieur se retrouve dans une station spatiale pour y être soigné, souffrant d'hallucinations chroniques. Sauf que ces visions vont revenir plutôt sauvagement alors que la station se retrouve attaqué par les mêmes monstres que le premier épisode, les habitants de la station de la Méduse ayant eu la bonne idée de construire un nouveau monolithe. Idée stupide évidemment, et c'est Isaac, désormais habitué des situations foireuses, qui va se charger de remettre de l'ordre. Après une scène d'introduction particulièrement impressionnante, vous devez vous débrouiller pour partir à la recherche d'aide pour arriver à bon port. A la place des couloirs sombres de l'Ishimura, vous avancerez donc dans des couloirs blancs maculés de sang et de grands espaces où vous pourrez admirer la beauté de la station spatiale.

Une des modifications qui me faisait peur, comme on peut le voir dans tous les tests, c'est de rendre Isaac doué de parole, alors que le premier épisode n'offrait aucune vision sur son visage et sur sa voix. Ici, l'homme prend des décisions, n'hésite pas à baisser sa visière pour discuter avec les personnages, et.... ça fait du bien. Dans le premier, Isaac se faisait souvent traiter comme un larbin par ses supérieurs, se contentant d'obéir aux ordres sans rechigner. Ici, il n'hésite pas à dire sa façon de penser et à prendre des initiatives. Ça fait bizarre quand on pense au grand timide du premier opus, mais je pense que c'était nécessaire pour que la licence évolue dans le bon sens.

Pour ce qui est de la mise en scène, c'est du grand art. Les développeurs ont pris un malin plaisir à rendre les apparitions plus vicieuses. Les plaques d'aérations ne sont pas aussi légion que le 1, et les monstres peuvent débarquer de beaucoup plus d'endroits. C'est franchement inattendu, et les monstres vont même jusqu'à marcher doucement derrière vous alors qu'habituellement ils vous foncent dessus, tout ça sans déclencher de musique alarmante. Vicieux, je vous dis! Et les grosses scènes interactives ne manquent pas et passent déja par la case culte tellement elles sont jouissives: la séquence dans le métro ou encore la scène juste après la fin de la démo sont véritablement extraordinaires. Dynamique, haletante, on en vient à plaindre Isaac tellement il s'en prend plein la tronche.

Du côté gameplay, des petites améliorations rendent la vie plus ou moins facile. Les attaques au corps à corps sont plus rapides et ont l'air plus efficaces, et certaines armes laissés au second plan sont devenus plus meurtrières. Le fusil d'assaut, par exemple, qui était bien faible dans DS1, est ici assez redoutable, sans compter sur son lance-grenades particulièrement redoutable pour faire le ménage. Certaines fonctions secondaires ont bien changé, comme celle du Trancheur qui lance une mine découpant les ennemis au bout d'un compte à rebours. Les nouvelles armes, qui vont d'un sniper à un lance-mines, sont sympathiques mais pas réellement originales. En ce qui concerne les nouveaux monstres, celui qui lance des acides est vraiment redoutable et vous ralentit, et les Traqueurs sont de véritables saletés, se planquant sans cesse en sautant partout avant de vous foncer dessus sans rechigner. Les affrontements avec ces derniers font partie des meilleurs du jeu tellement la tension est palpable et offre une nouvelle facette du combat. On sait qu'ils sont dans les parages et on cherche le meilleur moment pour les attaquer. Jouissif.

En règle général, les monstres sont beaucoup plus nerveux que dans le premier. On y trouvait des versions "dark" des monstres classiques, beaucoup plus hargneuses et rapide. Ici, elles arrivent beaucoup plus tôt et en nombre plus important. En particulier vers la fin, où la difficulté monte sauvagement par rapport au nombre d'ennemis. Dans les trois-quatre derniers chapitres, votre survie sera mis à rude épreuve vu le nombre d'ennemis qui arrive en même temps. J'ai d'ailleurs trouvé ça un peu "too much", comparé aux chapitres d'avant, et l'action est pris au détriment de l'ambiance. Certains diront qu'on obtient plus facilement des munitions avec de l'argent plus facile, mais dans ces moments-là, ça n'en devient pas plus facile pour autant. Il y a véritablement surdose et la maniabilité du personnage trouve un peu ses limites dans ces moments tellement il en sort de partout.

Mis à part cette petite déception, le reste est du tout bon. On avance lentement, l'arme à la main, en essayant d'entendre le moindre bruit suspect. Et les développeurs s'en amuse: conduite d'eau qui casse, réveil qui sonne, ballon qui éclate, tout l'environnement sonore est encore une fois superbe. J'en viens à aimer le bruit que fait l'armure d'Isaac lorsqu'il se reçoit de l'acide dessus, une sorte de crépitement mélodieux... En parlant des armures, elles sont beaucoup plus variés que dans le premier, et donne l'occasion de voir des designs un peu plus originaux que la version classique.

Et artistiquement, c'est toujours aussi propre. Ce n'est pas la baffe technique, la modélisation est carré et de très bonne facture, mais ça n'époustoufle pas: le fond de l'espace est très souvent un plan avec de petits détails, et certains détails naturels de roches ne sont pas extras. Mais c'est surtout pour sa cohérence visuelle et ses effets de lumière que ça en vaut la chandelle: les multiples jeux de lumières, jeux chromatiques ou encore les effets d'ambiance et d'atmosphères jouent leur rôle à la perfection. Les environnements sont eux aussi beaucoup plus variés, et un épisode en particulier rend un joli hommage au premier épisode. Je ne vous en dirais pas plus.

Un petit mot sur le multijoueur, rigolo mais assez anecdotique tellement celui-ci n'a pas l'air super équilibré. Contrairement à un L4D, les monstres sont beaucoup plus résistants et meurent aussi vite que les humains, ce qui rend la tâche de ceux-ci plus ardu. Le choix des monstres est libre mais un compteur vous oblige à attendre pour choisir les monstres plus puissants. Mais en règle général, le délai de réapparition est plutôt court.

En définitif, Dead Space 2 est une excellente suite qui remplit parfaitement son office. Un peu plus long, plus spectaculaire, plus varié, plus beau, le scénario n'offre rien d'exceptionnel mais permet un vrai développement d'Isaac qui rend son personnage bien plus complexe que dans le premier opus. Une grande licence est en train de se développer, espérant que les créateurs réussiront à continuer dans ce chemin tellement la qualité est au rendez-vous. Le cauchemar a un nouveau nom, et il s'appelle Dead Space.

Dead Space 2 en trois lignes, c'est:

- les Traqueurs, des bestioles salement vicieuses mais drôlement géniales.
- plusieurs séquences juste culte.
- dépréssurisez une pièce pour éjecter les monstres dans l'espace, c'est juste la classe.