Interdit et censuré pendant plus d'un demi-siècle, ce film maudit a brûlé les écrans avant d'être effacé. Mais, aujourd'hui, la légende sulfureuse refait enfin surface.
C'est rare qu'un film fasse trembler les studios les plus puissants d'Hollywood. Il est encore plus rare qu'une production soit interdite de diffusion pendant 50 ans. C'est pourtant le cas d'une création signée Ken Russel, censurée car jugé trop osé, blasphématoire même, allant jusqu'à être classé X. Pourtant, ce long-métrage visiblement sorti des enfers resurgit aujourd'hui, prêt à enflammer les écrans contemporains.
Le film maudit que même Warner Bros voulait enterrer
Diablo IV est un petit joueur à côté de ce film maudit de 1971. Il avait créé la panique dans toute l'industrie du cinéma. Les Diables, chef-d'œuvre britannique, relate avec force et images choquante l'histoire vraie d'une affaire remontant au XVIIe siècle. Les amateurs d'histoire auront peut-être entendu parler de l'affaire des possédées de Loudun et de la croisade lancée par le cardinal Richelieu contre un prêtre accusé de sorcellerie. Un récit sans compromis raconté sur grand écran par Ken Russel.
Le film Les Diables avait pourtant de quoi séduire le public sur le papier. On y retrouve l'actrice Vanessa Redgrave, déjà récompensée par deux fois à l'époque du prix de la meilleure interprétation féminine dans Morgan, puis dans Isadora. Chez Russel, elle incarne cette fois une nonne bossue en proie à des visions érotiques et mystiques. Pour lui donner la réplique, Oliver Reed, qui vait déjà collaboré avec le réalisateur deux ans plus tôt dans Love, camp le rôle d'Urbain Grandier, un homme charismatique et dévoré par la passion. En résulte une confrontation de choc entre foi et désir. Un film tourné avec une intensité qui ferait passer Midsommar pour une balade champêtre.
En outre, le film est jugé « pornographique » et même « blasphématoire » à sa sortie. Il n'en faut pas plus qu'il soit immédiatement classé X au Royaume-Uni. De son côté, la Finlande le bannit de son territoire, tandis que l'Italie menace de faire emprisonner son casting. Face à ces pressions, Warner Bros Pictures, bien qu'elle en soit la société productrice, décide de retirer Les Diables des salles. Il n'a même pas droit à une sortie DVD en raison d'un veto imposé par le studio.
Les Diables aurait alors pu rester indéfiniment dans les limbes du cinéma. Mais certaines personnalités ont levé le ton contre le scandale. Il y a quelques années, Guillermo del Toro — qui signe tout dernièrement Frankenstein pour Netflix — s'était insurgé contre la censure. Il dénonçait alors les « puissants de la Warner qui ne veulent pas que ce film soit vu ». Le réalisateur expliquait le film maudit « ne peut être projeté dans son intégralité en Angleterre que s'il est réservé à des fins éducatives ». Un véritable regret pour lui. L'œuvre de Russel est ainsi à ranger aux côté de projets tout aussi osés que le cultissime Salò ou les 120 Journées de Sodome.
Source : The Hollywood Reporter.