La Gen Z fait face à une crise que personne n'avait vraiment anticipée avec des chiffres qui donnent froid dans le dos. La situation serait même pire qu'on ne le pense.
La sonnette d'alarme se fait de plus en plus retentissante. Les millions de jeunes qui entrent dans le monde du travail ces dernières années et, plus encore, ces derniers mois, font face à une désillusion effroyable. Chiffres en berne, annonces inquiétantes, alertes des économistes... tout semble converger vers une même réalité. Pour autant, les discours officiels restent prudents, évitant de prononcer les mots qui fâchent malgré une tendance qui pèse lourdement sur le destin de la Gen Z.
Une partie perdue d'avance pour la Gen Z ?
L'heure n'est plus aux théories alarmistes. Les économistes sont de plus en plus nombreux à l'affirmer : la Gen Z traverse une crise de l'emploi historique. Le patron de la Réserve fédérale des États-Unis, Jerome Powell, le reconnaît lui-même alors que le taux de chômage dans son pays a dépassé celui des offres d'emploi pour la première fois depuis des années :
Les jeunes diplômés et les plus jeunes, notamment issus des minorités, ont du mal à trouver un emploi.
Jerome Powell, pour Fortune.
Suzy Welch, professeur à l'Université de New York, soulignait elle aussi ce problème tout dernièrement. Selon ses observations, la Gen Z ne peut plus prétendre à une sécurité économique. Powell expose certaines explications à cette situation. Il parle d'une économie « low hire, low fire » (« faible recrutement, faible licenciement »). Il décrit à ce titre un marché du travail figé, où l'embauche est restreinte, tandis que les licenciements n'explosent pas non plus ou, quand ils ont lieu, n'augurent pas nécessairement de remplacement.

Un problème d'emploi plus global, rencontré jusqu'en Europe
Cela risque d'en surprendre plus d'un, mais plusieurs experts tempèrent l'importance de l'intelligence artificielle dans cette état de fait. Plusieurs économistes du groupe bancaire UBS et de la banque d'investissement Goldman Sachs expliquent que la crise à laquelle fait face la Gen Z serait le fruit d'une économie ralentie et à un taux de rotation professionnelle tombé à son plus bas depuis la fin des années 1990.
Une autre observation pourrait bien créer la surprise. Si les jeunes diplômés, en particulier les hommes, peinent à trouver du travail, celles et ceux qui ont suivi des études moins longues auraient davantage de chance dans leur recherche d'emploi. La Gen Z subit ici une inversion totale du schéma classique.
Notons enfin que si ce problème trouve écho chez les économistes nord-américains, les États-Unis sont loin d'être le seul pays touché. Les études rapportent un taux de 16,5 % de chômage chez les jeunes en Chine. Les chiffres montent à 17 % pour l'Inde et même à 36 % au Maroc, autant d'États dont les modèles sont loin d'être les mêmes. En Europe, le problème se rapprocherait plutôt des constatations de Suzy Welch. Comme elle l'évoque, la Gen Z serait confrontée à une précarité chronique, avec des contrats à durée limitée et peu étendue (les CDD et l'intérim en France, notamment).
Pour autant, la Gen Z ne semble pas baisser les bras. Face à une situation que les “boomers” peinent souvent à comprendre, elle tente de se réinventer. Elle se forme, explore des métiers techniques parfois délaissés à une période encore récente au profit du tertiaire. Elle ose même proposer d'autres modèles d'organisation qui ont fait leur preuve. L'adversité économique qui règne sur le marché de l'emploi serait-elle l'occasion d'une mutation plus profonde ?
Source : Fortune.