Un écrit se présente devant nos yeux. Plus qu'un livre, Myst est une porte d'entrée vers un univers onirique où les écritures prennent vie. En posant notre main sur sa dernière page, nous y voici transportés. C'est en parcourant ce lieu mystérieux que nous faisons consécutivement la connaissance de trois hommes, un père et deux fils, le premier ayant emprisonné sa descendance dans deux livres distincts. Les deux frères, Sirrus et Achenar, s'accusent mutuellement du meurtre de leur père, Atrus, ainsi que de la destruction d'une partie de la bibliothèque de ce dernier. Chacun nous demande d'apporter des pages pour compléter le livre qui le retient prisonnier, et ainsi le libérer.

Myst France

Tout le mystère de cette île tourne donc autour de ces livres prisons, l'un bleu, l'autre rouge, qu'il faut compléter afin d'améliorer la communication avec Sirrus et Achenar, et ainsi analyser plus aisément leur comportement et tenter de trouver lequel des deux nous ment. Si dans le jeu de 1993, il s'agissait de vraies personnes numérisées, ce n'est plus le cas ici. Tous les personnages sont désormais modélisés en 3D, ce qui, il faut l'admettre, enlève un peu de charme à l'oeuvre, d'autant plus que ceux-ci ne sont plus doublés en français comme c'était le cas à l'époque. Ce remake est d'ailleurs 100% en anglais, y compris les livres de la bibliothèque qui regorgent d'indices. Un coup de massue difficilement compréhensible étant donné que les textes sont les mêmes que dans le jeu d'origine et donc qu'ils existent déjà dans notre langue...

L'île de Myst est composée de sept bâtiments, dont certains cachent un livre de liaison permettant chacun d'accéder à un « âge » (monde) différent. Trouver ces livres est déjà une première énigme en soi mais c'est une fois à l'intérieur de ceux-ci que le casse-tête commence véritablement. Chaque monde visité contient une page des livres bleu et rouge, très faciles à trouver, tandis que l'accès au livre de liaison pour en sortir est une tache bien plus ardue. L'observation, l'attention, notamment auditive car les sons ont parfois leur importance, et la concentration sont primordiales pour avancer. On passera ainsi plusieurs heures à errer, réfléchir, observer, prendre des notes captures d'écran avant de s'écrier « Eureka ! » et foncez vers la solution tout sourire et fier d'avoir démêlé le puzzle. Comme en 1993, plusieurs fins sont au programme selon le choix du joueur de faire confiance à Sirrus ou Achenar...

Vous prendrez bien un p'tit VR ?

Réalité virtuelle oblige, on ne clique plus sur la souris ou sur un bouton d'une manette pour actionner des interrupteurs ou des leviers, on les enfonce ou on les attrape désormais avec nos mains virtuelles, ce qui rend bien entendu l'expérience plus immersive que jamais. Et vous l'aurez compris, c'est aussi de cette façon qu'on tourne les pages des livres à la recherche d'indices... Pour se mouvoir, on le fait au choix par téléportation ou fluidement, avec rotation angulaire ou complète selon notre préférence et notre sensibilité.

Si la grande majorité du jeu est agréable à arpenter en réalité virtuelle, surtout pour les nostalgiques comme moi, on ne peut pas en dire autant du labyrinthe sur rail, qui, malgré son attrait originel et l'envie de découvrir ce qui se cache au bout, est d'une monotonie sans précédent. Heureusement, on s'en sort assez vite, du moins si on est capable de comprendre le fonctionnement de l'énigme, pas forcément simple au premier abord. On peut éventuellement trouver l'âge « passerelle de bois » un peu terne et vide, avec son brouillard un peu trop présent, et pourtant bien apprécier le reste du jeu, malgré une technique un peu simpliste, faute à un Oculus Quest peu puissant. Espérons que la version PC, prévue ultérieurement, proposera de meilleurs assets et quelque chose de plus réaliste, détaillé et vivant.

Un mythe ?

L'immersion est, quant à elle, de bonne facture, bien que la bande son semble datée. Il semblerait que certaines musiques ou bruitages, voire peut-être même toute la bande-son, proviennent du jeu d'origine et n'ait pas bénéficiés d'un réenregistrement moderne ; l'exemple le plus flagrant concerne les roues dentées de l'âge mécanique, dont le bruitage s'arrête brutalement sans raison, alors que les rouages continuent bel et bien de tourner. A moins que ce ne soit un autre des mystères de cette île...