Tous les jeux datant de l'époque où l'on écoutait Benny B et Vanilla Ice en portant des vestes en jean et des baskets fluorescentes peuvent-ils tenter un come back sur la base d'un simple lifting ? La question est balayée au moment où l'on se lance dans cette nouvelle version de Toki - souhaitée de longue date par deux anciens d'Ocean, l'artiste Philippe Dessoly et le programmeur Pierre Adane - mais revient souvent à la charge, pour s'imposer dans le tout dernier segment de l'ultime niveau. Il faut dire qu'après avoir sué sang et eau pour battre un dernier Boss coriace dont le checkpoint se trouve juste avant une séquence qui ne pardonne aucune approximation, on la garde dans un coin de la tête.

Au sol est Miho

Mais reprenons depuis le début. Jeu d'arcade de 1989 à la réputation solide, sorti sur consoles et ordinateurs personnels du début des années 90, Toki vous voit incarner le prince guerrier éponyme, parti délivrer sa belle Miho, prisonnière du sorcier Vookimeldo. Avec un twist pas très sympa : d'un grand blond costaud et agile, un sortilège a fait un singe lent et balourd. Mais pas démuni. Capable d'écraser les bestioles se dressant sur son chemin d'un bond sur leur caboche, le maudit primate a pour particularité de cracher des boulettes qui tuent dans six directions. Nous voilà engagés à ses côtés dans un mélange de run & gun et de plate-forme atypique car assez lent, qui a conservé absolument toute la saveur d'origine.

Bien que présentant des proportions très différentes, ce qui empêche de parler de fidélité au pixel près, les six tableaux se révèlent toujours composés de la même façon. Les cavernes, le lac, les stages de de lave et glace, la jungle ténébreuse et le palais doré voient les placements des ennemis, des pièges, des séquences un peu différentes et appréciables comme la plongée et / ou le chariot sur rails mais aussi des bonus inchangées. Et ce genre de choses, c'est important.

Ton Toki t'a pas quitté

Techniquement, Toki peut se terminer en 20-30 minutes. Mais sa proposition n'est pas celle d'un titre où la maniabilité aide vos réflexes à briller. Si vous vous rendez coupable d'un temps d'inattention, d'un saut mal jugé, vous voyez la mort - en un seul contact - vous arriver en pleine tronche. Et si vous n'avez pas bonne mémoire, même punition. La difficulté (ajustable sur plusieurs degrés qui altèrent le nombre de vies et de "continues" ainsi que le nombre de munitions nécessaires pour éradiquer les monstres), à l'ancienne, c'est de se souvenir et rester précis. Et, souvent, de mourir avant. Ce qui peut durer une bonne après-midi.

Cela dit, comme on parle d'un produit de presque trente ans, on n'a heureusement pas à retenir des architectures cyclopéennes. La magie du coup d'oeil dans le rétro agissant, on pourra trouver sympathique que rien n'ait changé - et quand on dit rien, c'est zéro contenu supplémentaire. Les speedrunners et chercheurs du score parfait apprécieront le challenge. Ceux qui le boucleront sans trop peiner se demanderont peut-être s'il n'y aurait pas eu matière à offrir plus. Ceux qui n'aiment pas qu'on leur résiste n'auront probablement pas envie de lui laisser sa chance.

En monnaie de singe

Mais peut-on ne pas adhérer ? Surtout lorsque l'on sent un tel amour du matériau d'origine et une telle envie de lui rendre le meilleur visuellement ? Ce qui était un modèle technique pour son époque revient dans un écrin absolument somptueux, une 2D flamboyante dessinée à la main, à laquelle on pardonne sans peine quelques étapes d'animations manquantes. Les sprites redessinés par Dessoly s'avèrent absolument superbes, drôles dans leurs mimiques, donnant une allure de bande-dessinée vivante à un ensemble dont les décors se montrent, en extérieur, souvent magnifiques.

Les musiques réorchestrées et les bruitages ne sont pas en reste comme on disait dans les années nonantes, et achèvent de donner un cachet moderne à un jeu qui, bien qu'il aurait gagné à s'enrichir ou à nous livrer, pourquoi pas, des artworks ou autres, garde un certain cachet encore aujourd'hui. À moins que ce ne soit la nostalgie qui parle.