Grâce à Save me Mr Tako, voilà qui devrait rentrer dans l'ordre. C'est en tous cas le souhait de Christophe Galati, qui tente avec cette aventure monochrome de célébrer le style graphique de la petite Game Boy, qui rendit durant les années 1990 bon nombre de trajets en voiture et d'après-midi chez des amis bien moins frustrants.

Poulpe à la provençale

Ayant sans doute un peu trop lorgné sur la révélation indépendante de l'année 2015, Save me Mr Tako s'ouvre sur un conflit naissant entre les gentils poulpes et les très méchants humains. Simple troufion parmi tant d'autres, notre héros décide in extremis de sauver de la noyade une de ces hominidés qu'il pensait pourtant détester. Malgré les railleries de ses congénères, le courage du petit Tako sera justement récompensé, puisqu'une gentille fée lui permettra de supporter la vie en surface, histoire de poursuivre son exploration du genre à raison si décrié.

Si le jeu de Christophe Galati essaye de construire un univers un brin fouillé, il s'emmêle rapidement les pinceaux en laissant le joueur relier lui-même les pièces d'un puzzle dont on ne parvient pas toujours à saisir les enjeux. Déroulé de façon un brin décousue par les différents PNJ avec lesquels on peut interagir, on se contentera de rapidement prendre Save me Mr Tako pour ce qu'il est : un jeu de plate-forme dont on se moque un peu des tenants et aboutissants.

Une dose de viande au choix

Si les différents environnements proposés tendent bien souvent à appuyer de longs clins d'oeil aux jeux qui ont fait les grandes heures de la Game Boy, Link's Awakening en tête, c'est certainement Kirby's Dream Land qui traduit la plus grande inspiration du développeur. Découpé en mondes et sous-niveaux auxquels on accède en s'engouffrant dans l'entrebâillement d'une porte sombre, Save me Mr Tako propose d'enchaîner de bien sages phases de plate-forme ô combien classiques, sans jamais parvenir à sortir la tête du lot.

Car malgré ses dizaines de niveaux et son système de chapeaux interchangeables aux propriétés singulières, on finit après seulement une poignée d'heures à se demander ce qui justifie la progression : aussi brefs que génériques, les différents niveaux du jeu semblent bien vite souffrir d'un certain manque d'originalité. Les phases de plate-forme se contentent en effet de réciter des gammes sans y mettre la moindre conviction, et les ennemis placés ici et là finissent par complètement s'éviter, tant ils n'apportent que si peu de matière au gameplay. On saute, on ramasse des items pour gagner quelques vies, on boucle un niveau, et on recommence.

On aura l'air de nouilles

Ce n'est pas pour autant que le jeu soit mauvais, mais il semble souffrir d'un très clair manque d'inspiration, et se contente de rendre un hommage à une console qui aura pourtant accueilli bon nombre de classiques. Les nostalgiques indécis pourront d'ailleurs se perdre dans les innombrables filtres colorés parmi lesquels ils trouveront forcément une paire de lunettes à leur vue, sachant que vous pouvez très librement les faire défiler en pleine partie grâce aux boutons de tranche, histoire d'exiler leurs peurs, en rouge et noir.

Les musiques entendent elles aussi nous rappeler la bonne époque ou les écouteurs noirs offerts avec la console ne quittaient plus vos esgourdes, mais sauf à vouloir s'imposer les restrictions techniques d'alors en tenant compte de la capacité réduite des petits cartouches grises, on se demande ce qui a pu passer par la tête du compositeur Marc-Antoine Archier. En effet, chaque monde se contente de recycler durant sa dizaine de niveaux le même thème ad nauseam. Immanquablement, cette mélodie que vous trouviez sympathique au début finira par vous rendre fou...