Un appartement au style rétro, une rue de Londres bien achalandée non loin de Big Ben, et le son du violon doublé d'accordéon pour porter les délicieuses compositions de l'inoxydable Tomohito Nishiura, L'Aventure Layton rappelle immédiatement l'atmosphère cosy de la saga. Pourtant la pureté de la cinématique d'introduction témoigne du temps écoulé depuis les dernières pérégrinations d'Hershel, et surtout du développement simultané sur tablette et smartphone. Ce surcroît de résolution originel se traduit par davantage de finesse dans les décors, au rendu sensiblement moins cartoon. Et si leurs différents pans demeurent mobiles suivant la perspective, ils ont perdu l'affichage en relief sur 3DS. La ville semble dorénavant plus contemporaine, en particulier à travers son architecture comme l'illustre l'édifice de Scotland Yard, mais dans l'ensemble, l'univers présente un aspect plutôt lisse. Cette remarque s'applique également à l'allure des protagonistes, voire à leur caractère, exception faite du truculent chien parlant Sherl (mention spéciale aux doublages) lors de ses discussions avec Oliver, l'assistant de Kat.

Affaires déclassées

Pour ses débuts dans le métier, notre jeune détective se voit confier plusieurs enquêtes successives, un format épisodique qui se distingue ouvertement du découpage en chapitres des épopées de son père, malgré la latitude d'action offerte au cours de l'Héritage des Aslantes. Hélas, ces intrigues et leurs personnages a priori curieux manquent de profondeur, les anecdotes racontées dans les coulisses apportant peu de détails complémentaires. Idem pour la possibilité de revenir sur les affaires résolues, puisqu'elle sert classiquement à dénicher les énigmes, pièces SOS et autres objets à collectionner oubliés au passage, faute de Mamie Mystère constamment à disposition. Enfin, le lien entre ces événements apparaît trop tardivement, et le coup de théâtre final n'atteint pas le retentissement dont Akihiro Hino a habituellement le secret. L'histoire n'esquisse donc les premières lignes de cette nouvelle série, plus lentement que sûrement. Avec sa bicyclette en guise de moyen de locomotion, Katrielle suit ce rythme tranquille pour ses investigations, qu'elle tend à conclure toute seule en un clin d'oeil, une fois les indices rassemblés.

Casse-tête "d'autodiKat"

En somme, Kat a beau faire preuve d'une incroyable légèreté, pour ne pas dire de mièvrerie, son rôle d'héroïne lui laisse le privilège de dénouer les stratagèmes, qu'ils soient cousus de fil blanc ou tirés par le chignon, tandis que l'on doit se contenter des casse-tête distillés chemin faisant. Si leur corrélation souvent inexistante avec le contexte n'a désormais plus guère d'importance, il est appréciable que la proportion congrue de puzzles tactiles atténue l'impact des énoncés trompeurs. Dommage en revanche que la hausse de leur nombre (un tantinet supérieur aux autres volets en comptant ceux téléchargeables quotidiennement) n'aille pas de paire avec leur ingéniosité, qui oscille entre le simpliste et le tarabiscoté. Faut-il y voir la conséquence de la disparition de maître Tago ? En tout cas, les sympathiques mini-jeux ne débordent pas non plus d'inspiration, avec des concepts fort similaires aux précédents volets, quand il ne s'agit pas carrément d'extension telle que la confection de menus personnalisés ou de la garde-robe de notre donzelle, une activité très accessoire (DLC payants à l'appui pour certaines tenues), à l'instar de la décoration de son bureau. Souhaitons que Katrielle en ait gardé sous le chapeau pour la suite...