A croire que Geralt de Riv s'ennuie vite, le voilà à nouveau à courir les plaines de Velen à la recherche de quelque quête à accomplir pour une population qui n'a toujours pas vu le bout de la guerre entre les Royaumes du Nord et Nilfgaard. Ses pérégrinations vont l'amener plus à l'est de Novigrad. Il y croisera le chemin d'une bande de brigands aux pratiques contestables dont le chef, aimerait débarrasser les égouts d'Oxenfurt d'une créature immonde. C'est là que les emmerdes vont commencer. Non sans avoir eu la chance de croiser au préalable la ravissante Shani , soigneuse bien connue des lecteurs des bouquins d'Andrzej Sapkowski et des joueurs du premier épisode vidéoludique. Après un triste twist, le voilà dans une sacrée galère. Au sens propre comme au sens figuré.

Les histoires d'amour...

Dans le cachot d'une embarcation qui l'emmène tout droit vers un échafaud, le beau Geralt va se voir offrir une aide précieuse de la part d'un personnage rencontré au tout début de The Witcher III. Il va hériter, en contrepartie, d'une vilaine marque sur le visage, une de plus. Et une mission de lui tomber dans les bras : réaliser les souhaits impossibles du patron des bandits précédemment rencontrés. Tout a l'air simple. En fait, c'est un sacré bordel qui va trimbaler notre héros dans des histoires d'amours contrariées et de malédictions, entre un cambriolage parfait, le devoir de divertir une personne qui n'est plus de ce monde ou encore l'exploration d'une bâtisse salement hantée. A chaque fois, baladé entre une occasion de découvrir que ceux qui le manipulent ont plus d'épaisseur que ce qu'ils laissent paraître. La qualité d'écriture de la trame et des dialogues, ainsi que l'acting, servis par une réalisation et une mise en scène qui n'ont rien perdu de leur superbe, sont au rendez-vous avec ce nouvel arc scénaristique. En une dizaine d'heures, on découvre une galerie de personnages des plus intéressants, jamais manichéens, on vit des situations tragiques, drôles, nostalgiques aussi, et même une séquence qui rappellera volontiers le film Ghost. Bref, c'est sans surprise qu'on se retrouve pris dans une vraie bonne histoire rondement menée et non dénuée de distractions annexes, dont un jeu de séduction avec la féline Shani bien entretenu. On appréciera sa compagnie et son bon coeur sans oublier que les conséquences d'un flirt sont minimes sur l'existence de notre sex-symbol au médaillon de loup et sur la trame principale, contrairement à d'autres décisions parfois très compliquées à prendre durant le parcours.

...finissent mal...

En termes de jeu... Hormis étendre un peu un monde ouvert déjà monumental et terriblement vivant, offrir de nouveaux contrats optionnels, des chasses au trésor, nids de monstres (le même bestiaire auquel se joignent des araignées géantes toutes belles) à déglinguer et 10 cartes de Gwynt à choper, pas trop de nouveautés marquantes par rapport au jeu complet. Alors oui, il y a les mots runiques et glyphiques... On pourra qualifier leur application, restreinte à un marchand située près du moulin de Brunwich, d'anecdotique et onéreuse. Si vous aviez des économies au moment de vous fader la Chasse Sauvage, tant mieux. Vous pourrez profiter plus rapidement de ces enchantements aux effets plus ou moins utiles pour vos armes et armures (avec trois emplacements libres nécessités à chaque fois) mais qui ne changent pas nécessairement la donne quand on dispose d'un équipement bien avancé comme le set complet de l'Ecole du Loup et qu'on maîtrise déjà le combat, les Signes et l'alchimie. Reste qu'il s'agit d'un bonus qui ne va pas arranger la gestion du temps des complétistes désirant la jouer "hot stuff". Pour les autres : on peut largement s'en passer.

...en général.

Tout heureux de pouvoir replonger dans l'univers si fascinant, sale et méchant de The Witcher III et d'avoir encore davantage à manger, on est quand même agacé par cette quasi-absence de sentiment de progression (tant dans les talents que dans le loot) ainsi que par la difficulté mal dosée. Il n'y a pas de juste milieu entre l'enfantin et l'infernal, qui se manifeste par des meutes de haut-rang plus nombreuses et souvent en endroits exigus ainsi qu'un boss en particulier dont on a bien du mal à évaluer les faiblesses dans l'instant, là où un brin d'étude roleplay en prélude ne nous aurait pas déplu. Juste parce que cette réminiscence de l'épuisant Nithral (général de la Chasse Sauvage qui a la fâcheuse tendance à se régénérer à chaque tiers de barre de vie épuisé) exige une patience d'ange et surtout les bons Signes dans la musette... De quoi abîmer légèrement les bonnes volontés de ce Hearts of Stone qui figure néanmoins comme une moyen plus qu'acceptable de rester en contact avec le très viril Geralt.