Un Manhattan dans lequel on peut librement se balancer d'un gratte-ciel à un autre, où l'on peut se laisser tomber des sommets pour balancer ensuite au dernier moment du fluide arachnide et se faire kiffer en voltigeant au ras du crâne des badauds, voilà enfin ce que propose un jeu de la licence Spider-Man sur cette génération de consoles, alors que les derniers jeux en date nous cantonnaient à des environnements fermés. Car le plaisir primaire, celui que l'on veut avoir en incarnant l'Araignée, c'est bien celui-ci, lorsque la ville se présente alors comme un immense terrain de jeu à explorer. Certes ce Manhattan là ne possède pas la frénésie de celui de notre réalité, même pas le souffle de vie de celui d'un GTA IV, mais avec ses passants clonés et ses rues uniformisées, cet environnement urbain tape déjà bien plus fort que celui d'un Prototype 2, proposant aux fans de Spidey de réels moments de fun. Il les séduit encore un peu plus en misant sur leur soif de collectionnite, en leur permettant de rassembler des pages de comics aux quatre coins des rues pour ensuite les lire dans la section bonus du jeu. Et puis, pour le reste, Beenox ne s'est pas compliqué la tâche en s'inspirant tout simplement de ce qui se fait de mieux ailleurs, de ce que fait de mieux un autre super-héros...

L'Araignée qui pique

Son totem, son symbole, son costume, Bruce Wayne l'a choisi pour marquer l'esprit des criminels qu'il affronte. Avec sa chauve-souris, celle de Batman : Arkham Asylum et de Batman : Arkham City, Rocksteady a marqué le petit monde du jeu vidéo en laissant une empreinte indélébile et en érigeant un standard de qualité dans l'univers encore plus resserré des aventures de super-héros sur consoles et PC. Ainsi, alors que le sympathique Captain America : Super Soldier empruntait déjà tout au Chevalier Noir, c'est au tour du Spidey de Beenox de prendre pour modèle le Batou. De l'enchaînement des missions, au système de combat, jusqu'à la trame narrative même (!), tout rappelle Batman : Arkham City. Enfin, concernant l'intrigue, c'est surtout qu'il est question d'antidote pendant un bon moment comme dans AC, mais contrairement au titre édité par Warner Bros. Games, le scénario de ce Spider-Man est en carton. Avec toute l'affection et le respect que j'ai pour les Tortues Ninja, même elles ne voudraient pas de cette intrigue où l'on retrouve des animaux auxquels ont a inoculé de l'ADN humain pour en faire des mutants, type le Scorpion ou le Rhino. Haha, je ris. Après, j'imagine que le jeu prend évidemment la suite de certaines bases scénaristiques posées dans le film, avec la présence du Lézard qui aura un rôle essentiel dans le jeu par exemple. Mais au-delà d'une intrigue bidon et de méchants de seconde zone, ce qui dérange, c'est l'enchaînement des missions, tellement peu inspiré, utilisant de grosses et vieilles ficelles du jeu vidéo. Exemple : il faut aller dans ce labo pour donner un antidote à Gwen Stacy mais l'antidote n'est pas le bon, donc il faudra en récupérer un autre pour lui amener dans un autre endroit dans lequel il faudra pirater un ordinateur pour ouvrir des portes pour... Aaaah ! Laissez-moi jouer les acrobates dans Manhattan !

Grande Chauve-souris, petite Araignée...

Toujours comme dans Batman : Arkham City, l'aventure avance réellement dans les environnements clos. Ici, les laboratoires Oscorp remplacent le musée ou le tribunal d'Arkham City mais on ne s'y rend pas avec le même plaisir. En effet, ces environnements fermés sont beaucoup plus génériques, moins travaillés, structurés avec moins de talent que ceux du modèle Batman et les mêmes situations s'y répètent bien trop souvent. Avec son sens d'araignée, Peter Parker se bat comme le fait Bruce Wayne dans Arkham City (on fait aussi évoluer ses capacités avec de l'XP, d'ailleurs), avec contres et esquives, de manière plus virevoltante, mais aussi moins précise et moins fluide, l'Araignée possédant aussi une palette de coups bien moins étoffée. Il pourra aussi depuis un point en hauteur procéder à des éliminations furtives, enroulant dans la toile les vilains qui l'auront d'abord cherché avec leur lampe torche pointée vers le toit. Tout ici rappelle Arkham City et on a au final affaire à une version très diluée du titre Rocksteady... mais qui n'est pas désagréable à jouer ! Car si, en effet, tout est moins peaufiné, moins abouti que chez la Chauve-Souris, l'agilité en combat de Spidey est spectaculaire à observer, les combats face à des robots géants, en ville, une fois sorti des lieux type égouts ou labos, sont impressionnants. Globalement, on prend donc plaisir à progresser dans cet Amazing Spider-Man qui n'impressionne en rien, mais a bien fait de copier avec assez de justesse un excellent titre récent pour susciter l'attention et le fun. Ainsi, il sera également possible de sauver des New-yorkais en train de se faire agresser, d'aider la police, de prendre des photos pour une journaliste et d'ainsi gagner des artworks, des versions 3D des personnages, permettant au titre qui en ligne droite se boucle en une bonne dizaine d'heures, de gagner en contenu, bien que celui-ci soit assez redondant. Mais vu le temps que j'ai passé à seulement voltiger dans Manhattan, attrapant ici et là une page de comics pour pouvoir ensuite lire les origines du Lézard dans les bonus, ben y'a pas de règle imposée, et l'on peut grandement trouver son compte de The Amazing Spider-Man.

Un Manhattan ouvert, dans lequel Spidey peut montrer ses talents d'acrobate, voici l'argument principal qui devrait séduire les fans de l'Homme-Araignée et ce même si on a connu des environnements urbains bien plus vivants... Je me suis bien amusé avec ce titre qui pompe quasiment tout sur Batman Arkham City, en particulier grâce à cette liberté en ville. Et puis si tout est copié en moins bien, l'ensemble reste assez convaincant pour que ça passe, à l'exception d'un scénario qui serait déjà limite pour des enfants de 12 ans et qui ici s'adresse à des adultes, le jeu étant PEGI 16. Difficile de dire pourquoi d'ailleurs, le titre ne se trouvant jamais en terme d'ambiance, oscillant entre drame et scénario de dessin animé de seconde zone, là où un Batman Arkham City impose d'emblée une atmosphère prenante. Au final, au-delà de la copie, on reprochera deux choses à The Amazing Spider-Man : une écriture médiocre, autant dans son scénario que dans la progression qu'il propose aux joueurs, et un manque d'originalité et de concepts forts, alors que la structure du jeu repose sur la copie d'un autre titre... Pour le reste, si on est fan, on trouvera de quoi s'amuser !