Les versions étant légèrement différentes, les tests le sont également.

On le sait tous à présent, Mass Effect 2 débute avec la mort du commandant Shepard et de son vaisseau le Normandy (ce qui ne veut pas dire pour autant qu'on ne jouera pas avec, mais je vous laisse découvrir par quelle entremise). Cette introduction coup de poing et les nombreuses explosions qu'elle sous-entend annoncent la couleur de ce nouveau chapitre : du grand spectacle.

Plus action que jamais

L'action a été mise en avant et les phases de combat nettement améliorées. Les bases du third person shooter sont toujours là, avec un système de couverture bien plus efficace notamment, mais aussi une plus grande fluidité générale que ce soit dans la direction de l'escouade ou l'utilisation de nos propres armes. Si la roue des pouvoirs permet toujours de lancer et combiner les différentes capacités spéciales de l'équipe, l'ergonomie du titre a été globalement clarifiée. Et les efforts de Bioware sont récompensés dès les premiers affrontements. Les chargeurs se vident de leurs munitions à plasma, les charges télékinésiques et les surchauffes de bouclier fusent... Et le combat se termine. Très rapidement. On a même l'impression que c'est plus facile que dans le premier épisode. Une prise en main rééquilibrée et simplifiée, mais un niveau de challenge pas relevé pour autant ? L'intelligence artificielle des ennemis n'a pas été améliorée, et n'importe quelle classe disposant d'un fusil à lunette peut mettre un terme à la majorité des combats rapidement et sans prendre trop de dégâts.

Moins Asari que Krogan

Intuitif et conçu pour offrir un sentiment de plaisir et de puissance immédiat, Mass Effect 2 sacrifie très logiquement certains aspects moins directs sur l'autel du divertissement de masse. Exit donc la spécialisation des armes, chaque membre de l'équipage aura le choix entre deux calibres attribués dès le départ. Et les déjà peu nombreux modèles de fusils et d'armures ainsi que leurs modifications respectives se voient remplacés par une poignée de brevets de recherche. Pour améliorer son équipement, il faudra donc payer pour un brevet, puis miner des ressources, et enfin lancer sa fabrication. L'inventaire disparait purement et simplement et les modifications d'équipement peuvent se faire un peu partout et avant chaque mission. C'est bien tout un pan de l'aspect RPG qui a été remisé au placard pour faire la place à l'action grand spectacle. L'exploration des planètes avec le Mako - dont on attendait un retour en grandes pompes - disparait purement et simplement, au profit d'un scanner qui se contente de sonder des billes de différentes tailles et couleurs pour en extraire des minéraux utiles à l'élaboration des améliorations d'équipement. Les quelques planètes sur lesquelles on peut débarquer n'offrent plus d'exploration libre, simplement des quêtes et "donjons" secondaires. Les zones de Mass Effect 2 sont globalement plus étriquées encore que dans le premier épisode, et la Citadelle, centre névralgique de la Voie Lactée, apparait encore plus petite et vide qu'avant. On oubliera les quêtes annexes, encore moins nombreuses et intéressantes que dans le premier épisode...

Space Drama

Pourtant, Mass Effect 2 est un bon jeu. Il est un peu plus beau que son prédécesseur, même si les cinématiques souffrent des mêmes défauts d'affichage. Surtout, son univers complexe, ses nombreuses races exotiques, et son Histoire ne vous laisseront pas indifférent. On a rarement l'occasion de jouer un héros au passé aussi riche. Grâce à sa première aventure, Shepard s'est fait des amis et des ennemis aux motivations crédibles. Les personnages de Mass Effect 2 sont tous attachants. Si le recrutement perd le charme d'une rencontre au comptoir d'un bar mal famé, les candidats à votre mission suicide ne manquent pas de charisme, ni de passés troubles. Dans un premier temps, les différentes quêtes de Shepard lui permettront d'embaucher ses alliés. C'est son petit CV sous le bras qu'il ira à l'abordage d'un vaisseau abandonné ou d'une planète inhospitalière, fera le ménage, et repartira avec un nouveau compagnon de jeu. En revanche, le système de loyauté tant vanté par Bioware déçoit un peu. Chaque nouveau membre de l'équipage entretient par défaut pour Shepard des sentiments neutres. Il faut tout simplement accepter et réussir une quête propre au personnage pour le rendre loyal. Cela a pour effet de débloquer un nouveau pouvoir et d'augmenter les chances de survie du personnage en question. Des événements scriptés permettront parfois de faire remonter ou descendre cet état, mais cela influera peu sur le déroulement de votre mission finale. Heureusement, le quotidien à bord du vaisseau vous récompensera de vos efforts. L'évolution de l'opinion qu'ont vos compagnons de vous ne s'opèrera que petit à petit, et il faudra revenir souvent leur parler pour lier des liens d'amitié, et peut-être plus si affinité. De même, un très fort alignement pragmatique ou conciliant permettra de débloquer quelques répliques bien senties ou des QTE qui influeront directement sur certains évènements, pendant les cinématiques. Enfin, le scénario de Mass Effect 2, s'il n'a pas la fraîcheur et le souffle épique du premier, vous réserve son lot de surprises, encore plus savoureuses si vous avez joué au premier. Les défauts sont toujours présents dans cette galaxie encore un peu raide et étriquée, mais le charme de l'espace infini, vos coéquipiers de choc et trois modes supplémentaires de difficulté pas piqués des vers devraient permettre de remonter la barre...

On songe à Mass Effect 2 comme à une excellente série télévisée : le casting de voix originales, le découpage de l'action en une multitude de petites quêtes bien séparées les unes des autres, le suspens autour des relations entre Shepard et son assistante personnelle, Shepard et son second, Shepard et le Sujet Zéro, invitent à revenir entre chaque escarmouche sur le vaisseau pour faire progresser les sentiments et en apprendre plus sur un équipage attachant et riche en révélations. Cette aventure perd en dimension épique ce qu'elle gagne en intimité. Mais les efforts consentis sur la scénarisation et la mise en scène peinent à cacher des mécaniques de jeu bien trop rigides, un défaut qui se généralise dans les productions de Bioware - et les amoureux d'exploration spatiale seront déçus par les choix francs des développeurs. Prions pour que le plaisir du jeu en lui-même soit au niveau du plaisir des yeux, que la richesse du gameplay rattrape la richesse de l'univers, et Mass Effect 3 pourrait être un vrai grand jeu - un vrai grand RPG !