Marsh, ce héros

Certains l'ignorent peut-être, mais c'est à travers cette première épopée que Marsh s'est taillé sa part de notoriété, bien avant d'aller se castagner avec Mario, Link et Kirby dans les Smash Bros. Un personnage dont on espérait apprendre un peu plus lors du prologue ajouté spécialement pour cette version... Hélas, il ne s'agit en fait que d'un simple tutorial, quatre chapitres qui ont au moins le mérite d'aider les néophytes à apprivoiser le bestiau. Parallèlement, de nombreuses améliorations ont été apportées question ergonomie, notamment les contrôles optionnels au stylet et l'affichage d'informations complémentaires sur le second écran. On retiendra d'ailleurs la visualisation de la capacité de mouvement des troupes, une aide précieuse compte tenu de la vue sensiblement rapprochée qui n'offre fatalement pas le même recul qu'auparavant. Ce qui nous mène aux multiples ajustements de Gameplay, à commencer par le système triangulaire des armes (la lance a l'avantage sur la l'épée, qui a l'avantage sur la hache, qui a elle-même l'avantage sur la lance). De même, les cavaliers n'ont plus besoin de descendre de leur selle pour porter un coup d'épée. Dernier exemple, les objets chapardés par les voleurs peuvent désormais être récupérés en estourbissant ces gredins avant qu'ils ne se sauvent de la carte.

Retour aux origines ?

Ces évolutions viennent combler de réelles lacunes de la formule originelle, tout en permettant à Fire Emblem : Shadow Dragon de s'harmoniser par rapport aux derniers opus en date. Un surcroît d'accessibilité qui se manifeste également en terme de difficulté, puisqu'au niveau normal, la campagne s'avère assez abordable pour un amateur de la discipline. D'autant que l'on dispose maintenant de points de sauvegarde en cours de chapitre, une option fort appréciable en cas de décès inopiné... Car ne nous y trompons pas, Fire Emblem : Shadow Dragon reste fidèle aux bonnes vieilles habitudes. Quand l'un de vos soldats est blessé mortellement, il aura juste le temps de vous adresser ses derniers mots avant que la faucheuse ne l'emporte, définitivement. Idem pour les armes (même légendaires), qui s'usent à chaque utilisation jusqu'à se briser, là encore irrémédiablement. Il va donc falloir bien réfléchir avant d'investir d'importantes sommes d'or pour les faire affûter chez le forgeron. Une prudence qui s'applique bien entendu à l'ensemble des batailles, surtout en mode difficile. Ce dernier ne s'embarrasse pas du prologue et tranche directement dans le vif du sujet. Autrement dit, chaque décision doit être savamment pesée en fonction de ses éventuelles conséquences, à la manière d'une partie d'échecs.

Pas bête, mais méchant

Evidemment c'est brutal, voire cruel parfois, si bien que beaucoup de tacticiens peu aguerris risquent de jeter la console de rage. Pourtant il serait impensable de ne pas se prosterner devant le travail d'orfèvre accomplis par Intelligent Systems. En effet chaque carte a été conçue avec une méticulosité inouïe, de façon à susciter des manoeuvres héroïques si l'on veut recruter les ouailles en détresse ou mettre la main sur tous les trésors disponibles. De ce fait, aucun ennui ne s'installe au fil des ces âpres pugilats, au point de continuer à vous titiller une fois la console éteinte. Et les joueurs aux nerfs solides seront récompensés, car ce challenge velu limitera la taille de votre armée, condition qui donnera accès aux chapitres bonus issus de la mouture Gaiden (la suite sur Famicom). Les fans de la première heure seront aux anges, cela va sans dire, un parfum très vielle école émanant de Fire Emblem : Shadow Dragon. En témoignent les musiques remixées et les graphismes redessinés pour l'occasion. Un style austère certes, mais qui fera indubitablement son effet auprès des nostalgiques. Faut-il en déduire que la saga s'enlise dans le passéisme ?

Un mode en ligne à double tranchant

Non, puisqu'en plus de son Gameplay remis aux goûts du jour, cet épisode marque l'introduction du multi joueur dans la série, en réseau local et en ligne (une cartouche par joueur est requise). Un mode qui ne se limite pas à l'achat ou la vente d'objets, fort heureusement. Sans surprise, il s'agit de duels sur des cartes noyées dans le brouillard de guerre. Simple et efficace donc. Histoire de lisser les écarts de niveaux, on peut prêter ou emprunter des unités à ses amis, personnages que l'on pourra d'ailleurs utiliser dans la campagne solo. En prime il est possible d'affronter n'importe qui, sans qu'il figure dans son cercle d'amis. Seul hic, de grosses brutes errent d'ores et déjà sur le Nintendo Wi-Fi... D'un côté se faire massacrer de la sorte apprend les vertus de humilité, mais de l'autre on ne peut s'empêcher de soupçonner qu'une once de triche se cache derrière ces soldats surpuissants et suréquipés. Et cela gâche forcément un peu le plaisir quand on n'a pas un carnet d'amis suffisamment fourni. Mine de rien, ce mode à double tranchant résume plutôt bien ce Fire Emblem : Shadow Dragon. Si la formule s'est quelque peu adoucie, cet épisode n'en reste pas moins le digne héritier d'une lignée aux valeurs indéracinables. Une leçon de bravoure qu'il convient de saluer à notre époque, même si elle ne fera pas l'unanimité...