J'ose même parfois tenter un "le meilleur Final Fantasy depuis le Big Bang", généralement pour attirer des regards un peu moqueurs issus de mes pairs - JulienC le premier - qui ne peuvent s'empêcher de lancer les classiques "Rhôôôôôô, Final Fantasy VI, mec !" ou "Rhââââââ, FF VII, vieux !". Ouais. Effectivement, c'est un titre en marge du reste de la série, puisque c'est un tactical. Mais sa retranscription du royaume d'Ivalice, son système de jeu à la richesse inoubliable et son scénario ultra chiadé en font un incontournable, les enfants. Un peu difficile d'accès, mais incontournable.

Rappel des faits

Brièvement, pour tous ceux qui ne connaissent pas du tout, petit rappel. FFT, dans cette version PSP, reprend trait pour trait son aîné PSone : du combat au tour par tour, des cartes partagées en cases, des équipes de héros à coordonner vers la victoire, une vaste carte d'Ivalice à explorer au fil d'un scénario riche et retors (plus médiéval que fantastique) et une myriade de trucs cachés. Un des meilleurs systèmes de tous les temps aussi : celui des jobs, déjà présent dans d'autres titres de la série, mais transcendé ici. Un graphisme dont le style épuré et coloré n'a pas pris une ride, des musiques figurant parmi les meilleures du jeu vidéo et, surtout, un titre sans concession, à la difficulté tenace, une IA qui ne fait pas de cadeaux, un aspect tactique extraordinairement prononcé pour des dizaines et des dizaines d'heures de jeu à accumuler avec plaisir, tant le jeu regorge de possibilités. Tout, de la texture des bulles de dialogue jusqu'aux petites saynètes remplies de chevalerie et de thèmes à des années lumière de toute niaiserie Final Fantasyesque récente, en passant par les petites animations et le design des personnages comme des mécaniques de jeu, tout, donc, impose FFT comme un jeu de la toute grande époque, un titre comme on n'en fait plus. Ceux qui n'ont pas connu cette époque en seront déboussolés, tant il est riche de contenu et ciblé vers les tacticiens les plus fins, qui n'hésitent pas à passer des heures à tourner pour faire de l'XP juste pour acheter cette capacité centrale ou monter de zéro un job sur un personnage, histoire de rééquilibrer son équipe sur un combat particulier. Ceux-là même qui, plutôt que de tuer le dernier adversaire d'un groupe, vont patiemment exploiter cette occasion de récupérer les cadavres des ennemis tombés au combat et faire des job points à l'oeil jusqu'au dernier moment.

Fidélité trop parfaite ?

Ô grands Dieux non, jamais assez. Quand une formule est si réussie, un titre aussi culte, pas besoin d'y toucher. D'autant plus qu'il est parfait pour une console portable, la transition est toute naturelle. Pourtant, Square a pensé à ajouter quelques trucs pas piqués de hannetons. Evidemment, on pourrait citer les cinématiques d'intro au rendu d'illustration crayonnée, magnifiques, ou quelques éléments nouveaux de-ci, de là, mais on retiendra surtout les deux modes ad-hoc en wi-fi. Si vous avez un pote qui a le jeu également, il devient possible, de passage dans une taverne, d'entreprendre des missions spéciales ensemble. Ou bien encore de s'affronter bien sûr. Deux modes qui ne risquent pas de tuer des membres de votre groupe (alors qu'un perso non ressucité pendant les combats de la campagne est perdu à jamais), et peuvent rapporter des butins comme de l'expérience... Rien que l'idée de pouvoir affronter un autre joueur au travers de ce système génial justifie cette version. Et puis, plus simplement, c'est la première fois en France que ce titre sort : auparavant, les amateurs avaient dû se contenter de versions import, japonaises ou américaines.

Achetez, en toute objectivité

Malgré tout, je suis obligé de signaler quelques trucs. D'abord, il manque une vue pivotant un peu plus les cartes sur l'axe vertical, la lisibilité étant parfois limite à cause de bâtiments cachant des cases. Celle fournie ne change que trop peu la perspective (comme dans l'original, quoi). D'autres petits trucs pourraient agacer : des détails d'ergonomie dans certains menus, par exemple l'impossbilité de passer d'un personnage à l'autre directement quand on leur apprend de nouvelles capacités (on nous oblige à revenir en arrière sur l'écran de séléction). Mais le plus grand argument est beaucoup plus évident et surtout loin du chipotage : rien n'est traduit en français. Personnellement, vue l'excellence de la version anglaise et de ses formulations en vieil anglais, j'en suis presque ravi. Mais vu l'immense complexité du scénario et la richesse du système de jeu, si vous n'avez pas un *très* bon niveau d'anglais, vous risquez d'être particulièrement contrarié. Pour les autres, FFT est aujourd'hui sur PSP un titre tout aussi incontournable qu'il l'était alors sur PSone, c'est incontestable. J'aurais pu détailler des heures l'excellence de ses mécaniques, le système des jobs, les easter eggs planqués (Cloud ou Aerith à récupérer, le donjon caché plongé dans le noir accessible vers la fin, etc.), l'intérêt des thèmes centraux que sont l'opposition des bien-nés et des autres, etc., mais ce serait bien trop long. Ce qu'il faut retenir, je l'ai déjà écrit : avec FFT, vous en prendrez pour des années.