Cet article est une republication du test import originellement paru le 6 Janvier 2012.

Si Final Fantasy XIII a bousculé les standards imposés par la série avec sa linéarité, FF XIII-2 prend le chemin inverse sans pour autant ressembler à ses prédécesseurs ! En effet, il nous balade à travers le temps et l'espace au moyen de l'Historia Crux, une sorte de tableau temporel dans lequel vous pouvez choisir différents lieux, correspondant à une époque précise, et qu'il faut alors explorer pour en comprendre la problématique et la résoudre. Une architecture à priori risquée mais qui revient à dire au joueur : avance comme tu le sens et explore ! Etonné au début (voir déçu), j'en ai finalement redemandé par la suite. Le rêve que beaucoup caressaient depuis deux ans est donc une réalité : vous êtes libre, ou presque, tout en étant affranchis des notions de temps et d'espace. Mais commençons par le commencement, l'année zéro de Final Fantasy XIII-2 qui débute juste après la fin de Final Fantasy XIII...

Historia Crux et la bannière

A la suite des événements qui concluent FF XIII, Lightning a disparu et le temps a été fragmenté, ce qui crée des paradoxes temporels. Comprenez que plusieurs époques et lieux se mélangent et que les éléments de ceux-ci apparaissent là où ils ne devraient pas, ce qui peut alors modifier le cours du temps et de l'histoire. Et c'est justement ce qui va se dérouler à New Bodhum, le village dans lequel vit Serah, la soeur de Lightning. Cette dernière se morfond depuis la disparition de sa frangine, que tout le monde semble étrangement oublier peu à peu. Mais les choses vont changer. Un paradoxe temporel s'ouvre sur le monde de Serah et laisse entrer un jeune homme du futur, Noel Kreiss. Ce dernier est envoyé par Lightning pour retrouver Serah, car elle a un rôle à jouer dans l'avenir du monde, tout comme Noel d'ailleurs. Serah y voit l'opportunité de retrouver sa soeur perdue dans les méandres du temps. C'est pourquoi elle part avec Noel dans un portail temporel explorer les époques et accessoirement sauver le monde. Cette astuce narrative nous fait visiter FF XIII-2 d'une manière originale au travers d'un tableau temporel. Et même si certains passages sont obligatoires, ils permettent de découvrir de nouveaux lieux afin de comprendre la totalité de l'histoire ainsi que ses finalités diverses. Un excellent concept qui perturbe évidemment au début mais qui se révèle particulièrement retors et intelligent une fois qu'on l'a assimilé.

Architecture élargie

Les couloirs de FF XIII ont donné des boutons à des milliers de joueurs. Qu'à cela ne tienne, XIII-2 offre des environnements nettement plus ouverts avec des embranchements multiples. Attention, nous sommes loin de la gigantesque carte de chasse sur la fameuse Gran Pulse du précédent volet. Néanmoins, il y a assez de variété dans l'exploration pour se laisser happer par cet univers sans souffrir de ses limites en termes d'espace. Et ça fait du bien après les interminables couloirs linéaires du dernier opus, avouons-le. C'est d'autant plus intéressant que les quêtes annexes y sont nombreuses. En effet, pour débloquer les lieux et les époques, Noel et Serah doivent résoudre des paradoxes temporels pour retrouver différents types d'artefacts (des Ooparts en japonais dans le texte) afin d'ouvrir de nouvelles portes de voyage dans le temps. Alors autant vous dire que vous allez bouffer de la recherche et de l'exploration ! D'ailleurs, vous pouvez désormais sauter et utiliser des Chocobos plus fréquemment pour mieux vous déplacer. Bref, vous êtes armés pour reluquer chaque centimètre carré des cartes et tous les lieux afin d'explorer toutes les périodes de fond en comble dans le but de remplir toutes les quêtes, résoudre tous les paradoxes et dénicher tous les objets cachés. Ces objets ont d'ailleurs différentes utilités et notamment celle de faire grandir les compagnons de nos héros.

J'aime quand un plan à trois se déroule sans accrocs

Contrairement au dernier opus et aux Final Fantasy en général, Noel et Serah sont les deux seuls véritables héros de cette aventure. Cependant, ils recruteront plusieurs ennemis croisés, généralement des monstres, pour en faire des alliés de poids. A ce propos, FF XIII-2 reprend le même système de combat que son ainé en l'améliorant. Ainsi, vous ne contrôlez qu'un seul héros à la fois même si votre équipe est bien composée de trois personnages en combat. Il est désormais possible de changer de leader quand vous le voulez, ce qui fait que si votre héros du moment meurt pendant une rixe, l'autre prend la relève pour poursuivre ou même ressusciter son confrère ! Un changement d'envergure puisque lorsque votre champion mourrait dans FF XIII, c'était le game over. Souvenez vous aussi que chaque personnage pouvait endosser différents jobs pendant un combat : attaquant (dégâts au corps à corps), ravageur (lanceur de sorts offensifs), défenseur (pour mieux attirer et encaisser les dommages), tacticien (pour améliorer les statistiques du groupe), etc. On en changeait d'ailleurs à la volée grâce au Paradigm Shift, un système permettant de configurer différents rôles pour les personnages, avant les joutes, afin de s'adapter aux situations pendant qu'elles se déroulaient. Tout cela est toujours présent, s'avère encore plus dynamique à jouer (le Paradigm Shift est désormais instantané) et fonctionne à merveille ; mais sachez néanmoins que le troisième héros de l'équipe n'est autre qu'un monstre dont vous aurez décidé de booster les capacités. Et ça fait toute la différence...

Elevage de monstres

A la fin des combats, vous récupérez divers monstres. Plus de 150 sont à recruter et vous devez en sélectionner certains (trois pour être précis) pour les intégrer à l'équipe. Mais attention, un seul peut être utilisé à la fois. Sachant que contrairement aux héros les monstres n'ont qu'un seul rôle, ces derniers varieront donc en fonction de votre Paradigm Shift. Vous avez besoin d'un soigneur ? Changez de configuration de combat et faites venir le monstre correspondant. Evidemment, ces derniers peuvent gagner en niveau grâce aux fameux objets récoltés durant l'exploration. Tout comme les héros, ils bénéficient d'un Crystarium dans lequel vous les faites évoluer pour obtenir de nouveaux pouvoirs et augmenter leurs capacités. Serah et Noel profitent, eux, d'un Crystarium plus étendu qui évolue au gré des combats grâce à de l'expérience. Quant on sait que certains monstres gagnent vite en puissance, mais sont limités par la suite, alors que d'autres sont plus lent à grandir mais deviennent beaucoup plus forts à terme, on commence à comprendre la dimension stratégique de l'ensemble. Et c'est d'autant plus vrai lorsque l'on sait que certaines bestioles peuvent être sacrifiées pour augmenter les pouvoirs des autres. Vous l'aurez compris, il s'agit là d'un véritable élevage de monstres dans lequel il faut les collectionner mais aussi les mélanger et les faire évoluer intelligemment pour parer à toutes les éventualités. Franchement, c'est bien vu et cela motive encore pour continuer à explorer chaque recoin du tableau du temps afin de récolter de nouveaux acolytes de fortune. Malheureusement, une difficulté étrangement dosée dérange...

Difficulty Crux

Si FF XIII-2 a bien un défaut à mon sens, c'est celui-là : la plupart des combats proposés sont loin d'être difficiles. En effet, une fois que les systèmes d'évolution des monstres ainsi que celui des combats sont maitrisés, on massacre littéralement la plupart de ses adversaires, au point de ne pas forcément avoir recours aux changements de jobs via le Paradigm Shift, boss mis à part. Ce n'est que sur le tard qu'il faudra réellement faire preuve de stratégie pour continuer à progresser. Un point étrange qui ne détruit pas pour autant l'intérêt des combats (en effet, si vous faites des erreurs énormes, vous allez tout de même y rester en un rien de temps) mais qui semble souligner que Square Enix a plus travaillé sur l'exploration que sur le reste. Heureusement, plusieurs joutes clés valent réellement le détour (surtout à la fin) et c'est à ce moment qu'on voit bien que le système fonctionne globalement très bien. Il est d'ailleurs vraiment plaisant de construire une stratégie avant et pendant les rixes afin de dominer ses adversaires par la suite. Evidemment, on pourra toujours regretter que les héros se déplacent tout seuls sur l'aire de combat ou qu'ils frappent parfois dans le vent sans que l'on puisse rien y faire, comme dans FF XIII, mais le dynamisme et la stratégie nécessaires à l'ensemble font mouche, une fois de plus.

Le temps et l'espace

Certains avaient reproché à FF XIII d'exposer un scénario trop bon enfant, avec des personnages souvent agaçants. Square Enix l'a bien compris et c'est sans doute pourquoi FF XIII-2 est si différent. Malgré des débuts décevants qui servent de transition au voyage initiatique de Serah, les situations deviennent de plus en plus sombres, complexes, et les révélations ne manquent pas à mesure que l'on explore les époques. Au point même que l'on pourrait s'y perdre tant d'un point de vue narratif que sur celui de l'exploration à proprement parler (heureusement, on vous guide souvent). Mais c'est le prix à payer pour profiter d'une histoire d'un meilleur acabit (que celle du dernier opus) et qui devrait séduire le plus grand nombre. Et puis, les paradoxes temporels ainsi que les changements d'époque permettent quelques jolis retournements de situations lorsqu'on revient dans un lieu déjà visité auparavant. C'est d'ailleurs ce qui pousse à toujours aller de l'avant dans ce FF XIII-2. Que va-t-il se passer ? Quelles seront les conséquences de ces actes ? Très logiquement, ce volet propose donc plusieurs fins alternatives qu'il faudra découvrir. Certaines sont plutôt séduisantes alors que d'autres partent un peu "en live" mais avec les conséquences des voyages dans le temps, tout est possible, ai-je envie de dire...

D'ailleurs, profitons-en pour souligner un sentiment assez étrange au final : on a vraiment l'impression qu'il y a plus à faire à côté de l'aventure principale plutôt qu'en suivant le scénario en ligne droite jusqu'à sa conclusion (très dérangeante et inhabituelle d'ailleurs pour la saga, au point même de mettre un peu sur les nerfs...). Square Enix aurait préféré être certain que son jeu regorgeait de contenu annexe plutôt que de réellement pimenter le challenge sur l'aventure centrale ? Voilà qui expliquerait peut-être la facilité de la plupart des combats et l'augmentation de la difficulté sur la fin... Quoiqu'il en soit, l'ambiance plus dramatique, notamment soulignée par les histoires respectives de Noel, Serah, Lightning et Caius, le grand méchant du jeu, ainsi que la narration plus mature apparaissent au fur et à mesure de l'exploration, ce qui marque une montée en puissance séduisante de l'histoire malgré quelques explications parfois nébuleuses (à l'image de Fabula Nova Crystallis, la mythologie officielle instaurée depuis Final Fantasy XIII). Comptez un peu moins d'une trentaine d'heures pour voir le bout de l'aventure principale et nettement plus si vous voulez tout débloquer (fins, époques, lieux, quêtes à accomplir, etc.) et tout récupérer. Comparativement à d'autres titres souvent courts qui se vendent comme des petits pains, on peut donc dire qu'il y a là de quoi être satisfait.

A n'en pas douter, les développeurs ont entendu les doléances des joueurs et ont tenté de les mettre en application, tout en conservant ce qu'il y avait de mieux dans le précédent volet. Alors malgré des combats étonnement aisés sur la majeure partie de l'aventure principale et une conclusion un peu abusée à mon sens (une fois que vous l'aurez vue vous comprendrez pourquoi on peut dire qu'ils en ont dans le futal chez Square Enix), le système d'exploration via le temps et l'espace procure un incroyable sentiment de liberté qui motive le joueur à toujours visiter de nouveaux lieux, notamment au travers des quêtes annexes et de la recherche d'artefacts. Square Enix a donc su se remettre en question sans pour autant tout envoyer valser pour nous proposer un titre atypique et innovant dans son architecture mais aussi dans son évolution et sa narration. De quoi lui pardonner ses quelques égarements temporels, une certaine redite dans les lieux traversés, une fin déroutante, sa multitude de DLC en préparation ou encore une difficulté étrangement dosée ? La réponse est oui, même si encore une fois, ce volet n'est pas réellement un Final Fantasy comme ceux que l'on a connus avant la sortie du treizième épisode.