The Run part d'une excellente idée : Jack est un pilote arrogant aux prises avec des mafieux. Criblé de dettes, il accepte l'offre d'une amie qui lui propose de participer à une gigantesque course entre San Francisco et New York pour rafler 25 millions de Dollars. Pour remporter ce grand prix, notre héros n'hésite pas une seule seconde et fonce tête baissée dans la compétition. Un scénario hollywoodien qui malheureusement passe au second plan très rapidement. Notons tout de même que certaines cinématiques à pieds sont agrémentées de QTE. EA nous avait vendu la chose en grandes pompes, disons que cela est finalement anecdotique et ce n'est pas plus mal puisque lorsqu'on achète un jeu de course, c'est pour piloter, pas pour suivre une série de touches affichées automatiquement à l'écran.

Top Chrono

Need For Speed : The Run en solo se decompose en une dizaine d'étapes (et pas mal de sous-niveaux) dans lesquels Jack doit dépasser un certain nombre de concurrents, arriver avant le temps imparti à la fin d'une portion de route, échapper à des malfrats sur-armés (oui, on vous tire carrément dessus !), ou encore dépasser des rivaux précis. Et les flics (la marque de la série) dans tout ça ? Eh bien ils sont là et si leur participation fait souvent sensation même s'ils manquent d'agressivité, on regrette de ne pas les voir plus souvent en course. En effet, ce volet de la saga se concentre sur les challenges plus que sur la lutte avec les poulets sur l'asphalte. Un choix discutable dont il faut s'accommoder... Au final, cette campagne souffre malheureusement de plusieurs défauts. Un scénario peu développé, des épreuves qui se répètent trop souvent et surtout une durée de vie minime. Moins de 4h30 sont suffisantes pour boucler l'ensemble. Et si on compte en temps de jeu effectif, on passe sous la barre des deux heures trente. Cela devient encore plus agaçant lorsque l'on comprend que les défis imposés durant les runs doivent impérativement être complétés pour progresser. On se retrouve donc a refaire obligatoirement ce qu'on nous impose. De là à dire que le sentiment de liberté est inexistant...

Voyage touristique

Heureusement, NFSTR profite d'une excellente réalisation. Le scénario nous fait traverser l'ensemble des Etats-Unis ce qui donne lieu à de superbes décors souvent extrêmement variés. Campagne ensoleillée, montagnes enneigées, villes détaillées, déserts ensablés et courses de nuit sont autant de décors à traverser qui profitent, en plus, de superbes effets de lumières dans lesquels un grand nombre de fumées parsèment les routes pour un rendu très séduisant. Dommage malheureusement qu'un aliasing persistant vienne gâcher le rendu global (surtout sur PS3 mais totalement absent sur PC). Sur Xbox 360, le problème est moins flagrant mais il est clair que la version PC est nettement plus réussie que celle de nos consoles HD. De même, les ralentissements, parfois très prononcés en ville, n'existent pas sur nos ordinateurs (si vous avez une bonne bécane) et prouvent bien que les PC sont en train de reprendre une bonne longeur d'avance sur les consoles de cette génération.

Drift, accélération, boost, aspiration

La jouabilité de The Run est extrêmement classique. Basée sur une conduite très arcade, vos dépassements dangereux, vos drifts ou vos échappées à contre-sens font grimper une barre de boost qu'il faut utiliser régulièrement afin de dépasser vos concurrents. Notons d'ailleurs que celle-ci est à débloquer très tôt dans le jeu, tout comme la jauge indiquant l'aspiration et permettant d'assurer ses dépassements. Si l'ensemble fonctionne plutôt bien, avouons que la latence, tout aussi prononcée que dans Hot Pursuit, peut agacer. En effet, il faut quelques micro-secondes à votre véhicule pour réagir après un coup de stick sur la gauche par exemple. Rien qui ne vienne gâcher le pilotage, d'autant qu'on s'y fait très bien avec le temps, mais il s'agit là d'une indication que le titre s'adresse vraiment aux joueurs aimant le pilotage arcade et pas la simulation. Autre détail gênant : après quelques heures de jeu, on se rend compte que les véhicules d'une même catégorie (il y en a trois : celle avec des voitures pour autoroute, une autre pour les tracés techniques et une dernière à utiliser en ville) offrent tous les mêmes sensations. De plus, piloter sur la neige ou sur l'asphalte n'a que très peu d'impact sur le pilotage.... Côté impression de vitesse, le constat est assez étrange. Certaines courses avec certains types de voitures paraissent ultra-rapides, surtout avec le trafic, alors que sur d'autres épreuves, on a vraiment le sentiment que les bolides se traînent... Un constat dérangeant qui prouve que Hot Pursuit a clairement une longueur d'avance sur sa suite du point de vue des sensations de conduite.

Mad Max

Contrairement à Hot Pursuit, il n'y a point d'artifice ici pour lever des herses ou utiliser des EMP afin de ralentir les autres concurrents. Tout est affaire de conduite et malgré la latence, on prend un réel plaisir à bouffer du bitume même si on aurait aimé moins de ralentissements et surtout des adversaires aux réactions un peu moins scriptées. En gros, ils ralentissent pour vous attendre et envoient les gaz à votre approche. De même, lorsque vous les dépassez, ils ne se font que très rarement distancer et sont donc toujours une menace qui pèse dans vos rétroviseurs. En cas d'accidents violents, une belle séquence ralentie façon Burnout se déclenche et la fonction Flashack s'engage. Il s'agit de revenir quelques centaines de mètres en arrière pour reprendre la course dans les meilleures conditions. Excellente idée (que l'on a déjà vu ailleurs néanmoins) mais qui souffre, là encore, d'un défaut majeur : des temps de chargement parfois extrêmement longs. Certains tardent tant, que ça en vient à casser le rythme des courses. Comme vous vous en doutez, le retour en jeu s'avère plus rapide sur PC mais on se demande vraiment si le jeu a été optimisé sur consoles (PS3 et 360) tant cela est agaçant...

Autolog, je t'aime

Avec un contenu en solo si minime (dont on nous a pourtant largement vanté les mérites), et malgré des courses plutôt variées, The Run propose tout de même de quoi s'occuper avec des courses-défis (54 en tout) reprenant certains lieux traversés dans The Run. Même s'il s'agit souvent de courses de vitesse, l'Autolog vient rattraper le tout en vous informant des scores de vos amis ce qui relance toujours le challenge. Il en va d'ailleurs de même durant la campagne solo et c'est donc avec plaisir que l'on s'y replonge pour battre ses potes virtuels. Terminons ce petit tour d'horizon par le multijoueur. Des dizaines de courses sont disponibles, avec énormément de bolides différents (dont les fameuses Porsches en exclusivité) cela va de soi et les courses sont tout simplement endiablées. La possibilité d'intégrer une course déjà débutée est confortable même s'il est souvent ardu de terminer dans le peloton de tête dans un tel cas. Contrairement aux épreuves solo, l'impression de vitesse est constamment élevée à plusieurs et c'est vraiment la guerre sur le bitume. Touchettes pour envoyer un adversaire dans le décor, esquives pour éviter le trafic, dépassements extrêmes en fonction des situations, utilisation du boost au bon moment sont autant de subtilités à maîtriser pour sortir vainqueur. De ce côté-là, il y a de quoi s'amuser même si la conduite arcade domine puisque certains vont carrément jusqu'à oublier le frein et comptent sur les rembardes pour s'en sortir. EA Blackbox a néanmoins prévu une solution en intégrant des rambardes destructibles à des endroits clés pour obliger les joueurs trop pressés à se taper un Flashback (retour sur la piste automatique faisant perdre du temps). Notons d'ailleurs que cette fonction se déclenche automatiquement après un accident mais aussi en cas de sortie de piste prononcée et que sa tolérance n'est pas très élevée. Du coup, certains écarts sont de suite sanctionnés alors que l'on espérait profiter d'une courbe un peu large. Rageant !

The Run est un bon petit jeu de course arcade mais le constat est évident, il aura du mal à concurrencer son ainé de par son architecture mais aussi son gameplay finalement trop classique et vraiment très (trop ?) arcade. C'est d'autant plus vrai que son solo se boucle très vite ou encore que son contenu est finalement moins riche que celui de Hot Pursuit. Criterion maîtrise donc mieux son sujet que Blackbox mais Need For Speed The Run n'en est pas pour autant un mauvais titre, il est juste décevant par rapport à son ainé et à la concurrence. A cause d'un temps de développement trop court ? On peut se poser la question...