Gameblog : Maestro, un an après ton échec en finale de l'Orange eLigue 1, tu as enfin réussi à mettre la main sur ce trophée qui te tenait tant à coeur. Qu'est-ce qui a été le plus dur ? Revenir jusqu'en finale ? Ou disputer de nouveau ces playoffs ?

Corentin Thuillier : Franchement, les deux. C'est un parcours du combattant. On commence d'un tournoi chez Webedia, on vient en finale ici, on gagne, on va en playoffs, on doit de nouveau gagner. En plus, à part la finale, c'est BO1. Je le répète, c'est un parcours du combattant, je n'ai pas d'autres mots pour décrire tout ça. Je suis vraiment fier de pouvoir revenir et gagner le trophée. Je voulais vraiment le gagner au moins une fois dans ma vie. Je m'en fous de le gagner cinq fois, bien sûr que ce serait mieux. Mais je l'ai au moins gagné une fois et ça restera quoi qu'il arrive.

On t'a senti stressé. Limite pâle par moment. Tu as semblé rattrapé par l'enjeu avant la finale.

C'est vrai. Parce que l'année dernière j'avais perdu. J'avais les souvenirs. Surtout qu'ils ont remis les images deux secondes avant que je rentre sur le plateau (de BeIN Sports, ndlr)... Dans ta tête, t'es humain, tu penses, tu sais que tu as perdu avant l'année dernière. Cette année, je sais que je suis bon dans le jeu, je sais que cette année, j'ai quelque chose de plus. Mais tu ne sais pas ce qui se peut passer dans FIFA en fait, surtout en BO1 (confrontation sur un match NDLR). Je voulais surtout être bon, faire mon tournoi, sortir la tête haute. J'ai réussi à gagner, surtout contre DaXe, qui est mon ami. C'est vraiment symbolique.

Tu as gagné l'eNations Cup avec DaXe justement. Vous êtes partenaires en équipe de France d'eFoot. Vous êtes, outre les deux meilleurs joueurs français de la saison, très proches dans la vie. Finalement, il n'y avait rien de plus horrible pour vous deux de vous retrouver en finale de l'Orange eLigue 1, à vous disputer un titre inédit pour chacun d'entre vous.

On en parle depuis des années. DaXe et moi, c'était un kif de pouvoir se rencontrer. Avec Zal (le coach de DaXe, ndlr) aussi. On est vraiment proches, on est amis. Dans FIFA, on a des potes mais aussi des amis et eux en font partie. L'affronter en finale, c'est symbolique. Ça m'a fait mal de le voir comme ça. Je suis quand même triste pour lui, c'est un grand joueur. Ce jour-là, j'ai eu de la chance et maintenant je vais continuer à savourer mon titre.

"Un joueur de tennis, quand il gagne Roland-Garros, il veut être premier, il veut tout gagner. Moi, j'ai la dalle et je veux tout gagner"

On a l'impression que tu ne cesses de mûrir, année après année, compétition après compétition, depuis tes débuts chez Millenium.

Plus tu fais de tournois, plus tu vis des choses qui te font grandir. En 2017, quand je perds contre Rocky (champion de France 2017), j'étais un gamin. Franchement, je ne calculais rien. En 2018, je perds contre Rafsou (champion de France 2018, qui l'élimine en finale sur un coup franc), ça me refait grandir. Et là, je gagne. Il y a plein de choses qui te font évoluer. Même humainement, tu sais ce que peut ressentir l'autre quand il perd.

Maintenant, place aux Global Series (les playoffs de la Coupe du monde) en juillet. Tu es d'ores et déjà certain de prendre part à la phase finale du Mondial. Cette compétition, tu vas l'aborder dans quel état d'esprit ? En mode bonus ?

Il y a pas de bonus dans ce milieu. Un joueur de tennis, quand il gagne Roland-Garros, il veut gagner le tournoi d'après. Il veut être premier, il veut tout gagner. Moi, j'ai la dalle et je veux tout gagner ! Bien sûr qu'il y aura la Coupe du monde. Même si je perds, je pourrais me réconforter. Mais je ne veux pas penser à ça. J'ai envie de donner le meilleur de moi-même, même si je ne gagne pas.

L'eNations Cup, l'Orange eLigue 1, des prestations solides en équipe de France, une régularité au plus haut niveau cette saison et une place de finaliste à la Coupe du monde, est-ce qu'on peut dire que c'est ton année ?

Peut-être. C'est une bonne année. Mais tant qu'elle n'est pas finie, on ne peut pas vraiment y répondre. Lorsqu'on demande à Rafael Nadal si c'est son année, et qu'il n'a pas gagné Roland-Garros, il ne sera pas content, il ne va pas te répondre. Comme c'est du jeu en solo, je fais vraiment le rapprochement entre l'esport et le tennis. C'est vraiment pareil pour moi. Tant que tu n'as pas donné le meilleur de toi-même, tu ne seras pas content.