Testé à partir d'une version import américaine.

C'est un rêve que partagent secrètement tous les développeurs japonais mais qu'on devine en voyant les figurines qui jonchent généralement leurs bureaux. Tous brûlent de réaliser un jeu Gundam. Ou au moins quelque chose qui s'en approche. On ne se rend pas forcément compte de l'impact de cette série de SF en occident mais son approche réaliste des conflits de robots a bouleversé le Japon, au point de devenir une saga, un véritable standard. Capcom a eu sa chance. Koei aussi. Même Level-5 qui est allé jusqu'à produire sa propre série Gundam. Mais Kojima, jamais. On le sait, c'est un fanboy devenu pro. Il dévore films et séries, mais comme tous les japonais, il rêve de tenter sa chance avec Gundam. En 2001, il se bricola le sien sur PlayStation 2. Zone of Enders a même eu le droit à une suite bien meilleure deux ans plus tard. Ce sont ces deux jeux qui sont présents sur cette compil' HD.

Cash converter

Z.O.E mêle sa fibre Gundam à une grosse louche d'Evangelion, la série qui a révolutionné la robotologie japonaise dans les années 90. Tous ces "Orbital Frame", enrichis d'une forte inspiration de mythologie égyptienne, étaient pile dans l'ère du temps. Z.O.E 1 & 2 ont vraiment la gueule de jeux lissés en HD. Mais ce genre de remakes est généralement loupé techniquement. Avant, Kojima les confiait à ses stagiaires et débutants pour qu'ils se fassent la main. Cette fois-ci, ils ont été externalisés chez des gaijins. Le travail de High Voltage Software, les "yesmen" de la programmation du jour, s'avère assez médiocre. D'habitude, je laisse toujours les histoires de frame rate, qui m'ennuient profondément, aux articles de techniciens... Ok, le framerate baisse, mais hé, ho, les Z.O.E originaux ralentissaient comme pas possible aussi mais dans l'absolu, je ne suis pas certain que ma PS2, qui a pris la poussière, puisse lire les missions aussi vite qu'une PS3 ou une X360. C'est du travail bâclé ; le fait qu'ils ramaient déjà à l'époque n'est certainement pas une excuse. Mais ce qui me chagrine toujours plus, c'est le manque d'options. Pas de multi-langues ? Vous vous êtes crus devant un film sur TF1 ou France 2, les mecs ?

V.O. lover

Alors que pour Metal Gear Solid, on a toujours débattu pour savoir si la version originale était plutôt l'anglais ou le japonais, on peut supputer que la japonaise est la V.O. dans le cas de MGS, dans celui de Z.O.E ça ne fait aucun doute. Zone of the Enders version anglaise matraque des dialogues d'une platitude cauchemardesque. Et je ne vous ferais pas l'offense de vous rappeler à quel point les jeux Kojima sont chargés en dialogues. Z.O.E 1 est tout simplement insupportable et c'est malheureusement l'image qu'il en restera. Il ne prend même pas la peine de refaire les séquences en 3D Playmobil, déjà hideuses. Ce qui était pénible à regarder devient atroce. Heureusement, sa suite Anubis, alias The 2nd Runner, nous plonge dans du pur Kojima moderne, chargé en dialogues mais mieux intégrés à la narration par un procédé pas si éloigné du Codec. Linéaire mais vraiment abouti et maîtrisé, c'est un vrai classique du jeu de mecha.

Gundam Forever

Mais les deux Zone of the Enders ne peuvent pas se jouer indépendamment. Ils reprennent les mêmes thèmes que le diptyque Gundam - Z Gundam. Je vous la fais courte (mais ça vaut le coup de se plonger dans ces deux séries). D'abord, on se retrouve dans un premier conflit avec, comme héros, un gamin un peu pénible sur les bords. Puis une suite avec un nouveau héros, plus mature. Le gamin du premier est toujours vivant mais il a grandi. Adulte, il revient meurtri, cogné comme seule la vie peut vous cogner. Zone of The Enders 1 & 2 existent pour cette rencontre, montée en épingle dans 2nd Runner, un peu de la même manière que se faisait attendre le retour de Solid Snake dans MGS2. Le clash arrivé, Z.O.E 2 n'a plus qu'à enchaîner ses séquences cultes, un véritable fan-service des amoureux de robots.

Il y a beaucoup d'émotions dans les Z.O.E, sans doute plus que dans aucun autre jeu Gundam, mais il faut en passer par un premier jeu vraiment moyen qui se boucle heureusement en 5h seulement avant de profiter des qualités de sa suite. L'ayant déjà fait une fois, je sais que ça vaut le coup de s'accrocher. 2nd Runner est vraiment génial et propose quelques scènes d'anthologie comme seul Kojima sait les balancer, après une couche de dialogues désespérés sur le pathos du cybermonde et d'autres technos blablas rigolos. Je le refais aujourd'hui. Même avec le portage très moyen de cette compilation HD, comme dans tous les jeux Kojima, y compris les plus unidimensionnels, il y a toujours une marge pour découvrir de nouvelles choses.