Avec son scénario barré, sa galerie de personnages improbables et son gameplay atypique, Zeno Clash à de quoi intriguer. L'histoire, divisée en 18 chapitres très courts, vous met dans la peau d'un héros passablement dépassé par les événements. On découvre pourquoi il a flingué Père-Mère (une seule créature...) au fil de flash-backs et autres dialogues suffisamment bien ficelés pour donner envie de continuer à se battre. Survivre à la vengeance de ses (nombreux) frères et soeurs ne sera pas une mince affaire... Suivre le scénario non plus du reste. Tour à tour poétique ou carrément philosophique, ce dernier s'amuse à distiller des messages parfois pertinents, parfois plus obscurs, à la manière d'un conte des plus réussis. Chacun se fera une joie de l'interpréter à sa sauce. Mais une chose est certaine, pour un jeu "de castagne", l'histoire et les personnages sont bien plus travaillés que d'habitude.

Des dents dans le sable

Les rares phases de FPS ne resteront pas dans les mémoires. Une fois l'amusement de la découverte des armes bizarroïdes passé, on se rend compte qu'elles ne servent pas à grand-chose : 99% des adversaires sont là pour vous foncer dessus et vous cogner au corps à corps. Vos armes les plus efficaces sont donc vos poings et vos pieds. L'équipe chilienne d'Ace Team a du reste pondu un gameplay de baston très travaillé : esquive, contre-attaque, casse-garde, coup de savate dans les côtes sur un adversaire à terre... on trouve tous les indispensables d'une rixe de rue. Le tout s'apprend très vite et les enchaînements deviennent naturels et parfaitement jouissifs. Tout le début de l'aventure fait d'ailleurs office de formation à ce gameplay. Placer un énorme direct (avec prise d'élan en arrière) sera vite aussi gratifiant que n'importe quel headshot dans un FPS classique.

Jeu de jambes

Là où tout se complique, c'est sur la construction du jeu lui-même : c'est en fait une succession d'arènes et de blabla pour faire avancer le scénario. On s'habitue bien trop vite à ce schéma qui enchaîne baston avec quelques ennemis et phase "scénaristique". Le rythme en souffre, mais pas très longtemps. Si vous jouez correctement, vous verrez la fin en 4 à 5 heures. Oui, c'est très court... Plus pénible, ces combats façon ring sont rarement équilibrés. Vous aurez toujours en face de vous plusieurs adversaires. Malgré la garde, il faudra toujours rester en mouvement, viser ceux qui courent vers les armes pour leur faire lâcher, sous peine de se retrouver coincé dans un coin sans pouvoir faire grand-chose, avec un fourbe qui vous cartonne à distance avec un lance-os. Cela donne à Zeno Clash un feeling parfois trop brouillon pour exploiter pleinement ce gameplay de combat au corps à corps pourtant très réussi.

Saveurs d'ailleurs

Ces défauts de jeunesse ne doivent pourtant pas faire fuir les joueurs curieux. À 16 euros sur Steam, ce titre reste un OVNI à déguster. Les développeurs de l'équipe ont même été jusqu'à poster eux-mêmes leur jeu en Torrent, en attendant la démo. Un geste accompagné d'un message clair : "voilà ce que nous avons fait, aidez-nous à continuer". Une véritable démo est aussi en préparation, ainsi qu'un SDK. Et si le succès est au rendez-vous, Ace Team promet du DLC gratuit pour booster la durée de vie qu'ils savent réduite, malgré le mode "Challenge Towers", sorte de mode "survival" où il faut atteindre le sommet d'une tour en se débarrassant des vagues d'ennemis. Le tout chronométré, avec scores en ligne.

Pas parfait, pas très long, mais bourré de talent et de créativité, le tout à un prix plus que raisonnable, Zeno Clash prouve au passage que Steam et autres Direct2Drive sont plus que des moyens de distribution : ce sont des portes grandes ouvertes sur la créativité des équipes les plus talentueuses. Même celles coincées au Chili, loin des éditeurs classiques. Rien que pour ça, ce titre mérite votre soutien.