Commençons par ce qui saute immédiatement aux yeux, le joli
ravalement de façade opéré sur les courts. Non pas que Virtua Tennis 2009 ait eu à rougir de ses arènes, on arrivait même
à distinguer les petits brins d'herbe sur un écran de bourgeois en 1080p (qui
coûtait un bras à l'époque), c'est dire ! Virtua Tennis 4 affiche pourtant des textures encore plus
détaillées, qu'un net travail sur les ombrages se charge de souligner. Parmi
les 27 terrains disponibles (dont deux par tournoi du Grand Chelem, maquillés
faute de licence), on apprécie particulièrement le surcroît de richesse offert
par l'environnement des courts annexes, un vrai bol d'air ! Côté joueurs, les
progrès sont évidents au niveau des visages. Il y a bien sûr toujours des
écarts selon les joueurs, notamment lorsqu'ils changent d'expression. Mais
à part les gouttes de transpiration suspicieusement figées sur leur peau (une
vilaine grippe ?), les échappés de The
House of the Dead
semblent définitivement retournés dans leurs tombes, du
moins concernant le panel de professionnels. Assez proche du cru 2009, le
casting compte quelques nouveaux venus, certains célèbres (Juan Martin Del
Potro et Caroline Wozniacki), d'autres moins (l'explosif Fernando Gonzales et
la jeune Laura Robson), sans oublier une poignée de retraités (avec le retour
de Jim Courier). On n'a aucun mal à les reconnaître, y compris de loin, car la
qualité de reproduction des gestes propres à nos champions mérite plus que
jamais d'être saluée. Citons par exemple le service si caractéristique de
Courier et son lancer de balle débuté près du corps, vraiment du beau boulot. Idem
pour son revers, et son fameux coup droit de bûcheron... En un mot :
BRAVO !!!

Veritas momentum...

Un souci du détail que l'on a tout loisir d'admirer - en
gros plan et à grands renforts d'effets graphiques - pendant les ralentis, et
ce, même au beau milieu d'un point ! Oui vous avez bien lu, la vocation spectaculaire
de Virtua Tennis 4 va jusqu'à
interrompre un échange. Rassurez-vous, cette fonction peut-être désactivée et
ne se déclenche pas pour n'importe quel coup. Ce dernier doit intervenir en
guise de « Match Momentum », le principal concept introduit par cet
opus. Concrètement, il s'agit d'une jauge qui se remplit à mesure que l'on
pratique le style de prédilection de son joueur. Une fois celle-ci pleine, il
suffit d'appuyer sur le 4ème bouton de façade (jusqu'alors
inutilisé) pour se fendre d'un coup potentiellement très efficace. J'entends
déjà grincer les dents des puristes, c'est pourquoi je tiens à préciser que ces
super frappes n'ont rien à voir avec les techniques fantaisistes d'un Mario Power Tennis. Les « Momentum
Shots » se résument essentiellement à des frappes plus puissantes et plus
près des lignes, voire à d'improbables plongeons. Bien exploitée, cette arme a
une forte probabilité de « tuer » le point, sans être infaillible. Voilà
un remède aux échanges souvent interminables des précédents épisodes me
direz-vous... En fait oui et non. D'abord la jauge met un certain temps à se
remplir, même en s'efforçant d'appliquer le jeu inné de son champion. Ensuite
se plier à cette contrainte tactique n'est ni nécessairement logique, ni
équilibré en fonction des styles. Naturellement, un serveur volleyeur comme
Edberg doit absolument camper à la volée, assez incisive dans son cas, pour
espérer faire gonfler sa jauge et accessoirement remporter le point.

... bancalus est

Avec un défenseur tel que Nadal par contre, être obligé de
se mettre en situation de défense - et donc théoriquement en difficulté - pour
bénéficier du « Match Momentum » s'avère plus discutable. Nul doute
que le majorquin signe ses coups les plus faramineux en ramenant des balles
impossibles. N'empêche que l'idéal pour lui reste de claquer des énormes coups
droits depuis l'intérieur du court (et pas 4 mètres derrière la ligne de fond).
C'est d'ailleurs pourquoi il pilonne Federer sur son revers, moins susceptible
de le mettre en difficulté, en espérant une balle faiblarde de la part du
Suisse, sur laquelle il pourra attaquer... En parallèle de ces contresens
tennistiques, on devine qu'un Djokovic, rangé dans la catégorie « fond de
court », a plus d'opportunités de pratiquer son style de jeu qu'un « gros
serveur », au hasard Roddick, surtout lorsque ce dernier retourne.
Heureusement la jauge se remplit quand même légèrement à chaque frappe, et réussir
des coups dans la philosophie de son jeu, en l'occurrence de bonnes pralines,
compense un peu ce désavantage. Malgré tout, ce principe louable sur le papier
se révèle bancal à l'usage, d'autant plus fâcheux que le gameplay a été remanié
tout autour. Les habitués constateront immédiatement le ralentissement global
du rythme du jeu, et plus grave, une diminution de l'angle des coups, à nouveau
très dépendant du temps de préparation. En clair, Virtua Tennis 4 revient à ce concept tennistiquement archi-faux (et
décrié par votre serviteur depuis les débuts de la série), afin de faciliter
les échanges et par la même occasion le remplissage de la jauge. Or dans le
même temps, l'AM3 voulait aussi éviter que les points ne s'éternisent...

Grand écart

D'où la réduction du champ d'action des coups dans la foulée,
seul vrai moyen de contre-attaquer, eu égard à l'incidence de la puissance des
frappes sur celui qui les reçoit. Suivant la même logique, le positionnement
par rapport à la balle se montre plus exigeant, ce qui suscite un surcroît de
fautes ou des coups extrêmement flottants en cas d'approximation. Autre élément visant à brouiller les cartes,
les amorties (rétro) se veulent plus vicieuses. Et soulignons enfin la gestion
mieux huilée des balles jouées en avançant ou en ayant contourné son revers. Comme
quoi, les développeurs n'ont pas rechigné à retravailler la formule en
profondeur. Le problème, c'est que le gameplay a perdu de son accessibilité et de
son punch au passage. Si les parties tendent à s'écourter chez les néophytes,
des adversaires de bon niveau se neutralisent mutuellement, jouant à la baballe
jusqu'à être en mesure de lâcher un « Momentum Shot ». Dans les deux
cas, l'AM3 n'est clairement pas parvenu à conserver une réelle cohérence,
mission encore compliquée par l'ajout d'une option « Motion Control »
spécifique à chaque console. Nos brefs essais avec Kinect ne nous ayant pas du
tout convaincus, nous avons préféré nous concentrer sur la mouture PlayStation
Move, théoriquement plus aboutie. Au-delà de l'affichage en 3D stéréoscopique,
l'expérience consiste à exécuter les gestes via une caméra subjective, en
essayant de préparer puis de frapper avec le bon timing. Il est possible
d'imprimer des effets et de varier quelque peu les trajectoires, un pas vers
l'avant servant à se ruer au filet. Le reste des déplacements est automatisé, en
totale contradiction avec les fondements du gameplay de Virtua Tennis. Par conséquent cette méthode de contrôle, amusante
au demeurant, n'a valeur que de simple distraction. Preuve en est son
retranchement dans un mode dédié, où l'on doit se contenter de matchs
d'exhibition et de mini-jeux.

Le Virtua Tennis Show !

A ce sujet, les épreuves toujours joyeusement délirantes de
ce 4ème volet témoignent d'une belle imagination. Entre le poker, les
tirs aux buts (sic !), le sauvetage de poussins (re sic !) ou les
échanges par très grand vent, ces mini-jeux tous originaux (exception faite des
balles explosives) apportent un zeste de fraîcheur, à l'image du mode World
Tour. Virtua Tennis 4 s'éloigne en
effet des sentiers battus, ou presque pour ceux qui connaissent le mode RPG de Smash Court 2 (version PSone japonaise),
puisque la carrière a été carrément transformée en une sorte de jeu de
plateau ! Le monde se divise désormais en quatre zones géographiques, une
pour chaque tournoi du grand chelem, l'étape finale de ces longs chemins truffés
d'embûches. On avance ainsi de case en case, le dé étant remplacé par des
tickets associés à un nombre. En fonction de nos choix (et des tickets disponibles),
on participe donc à des tournois, des mini-jeux ou divers évènements, dans
l'optique de gagner des étoiles et de l'argent. Exit le pseudo classement ATP/WTA,
la hiérarchie repose désormais sur le nombre d'étoiles obtenues, en d'autres
termes, la notoriété. Ce statut dépend autant des performances en compétition
que des prestations hors du court. Cela va de soit, remporter les grands
tournois (si l'on a le classement demandé pour y accéder), constitue la voie la
plus rapide vers la célébrité et la richesse. Toutefois libre à chacun de
préférer les séances d'autographes, les galas de charité ou les matchs
d'exhibition - costumés s'il-vous-plait - afin de doper sa popularité. Une
alternative pour ceux qui s'intéressent davantage aux paillettes qu'aux
raquettes, n'est-ce pas Miss Anna Kournikova ?

Tennis Party

S'il y a une notion de hasard, on garde quand même un
certain contrôle sur l'avancée de la carrière. Surtout que les cases de
« management » permettent d'acheter des tickets pré-numérotés (ou
aléatoires) et de récupération, voire de s'offrir les services d'un agent pour
glaner des étoiles bonus. Car il ne faut pas négliger la santé de son champion,
ni oublier d'arriver au bout de la saison en respectant le nombre de jours impartis (gare au malus sinon). Alors bien sûr, nous sommes à mille lieues du
véritable circuit Pro... Ce qui ne signifie pas que ce World Tour manque de
challenge. Au contraire, l'intelligence artificielle rudimentaire mais efficace
donnera du fil à retordre à ceux qui le souhaitent. Il est d'ailleurs toujours
regrettable que la machine dicte à ce point la tournure des matchs. En tout cas
les tennismen du dimanche auront tout loisir d'opter pour une promenade de
santé (de 6 heures environ), sachant que l'on a la possibilité de recommencer à
l'envi, histoire d'améliorer son score et par dessus tout ses aptitudes. Non
content de proposer une expérience rafraîchissante, le World Tour sert aussi à
se façonner son personnage, ne l'oublions pas.

En dépit d'une interface à peine
retouchée depuis le dernier opus (avec les visages un peu étranges que cela
suppose), les leçons de style changent complètement la donne. Jusqu'alors, on
se retrouvait avec un personnage aux capacités définitivement fixées, une fois
arrivé au bout de la carrière, ce qui obligeait à tout reprendre de zéro pour
créer d'autres types de joueurs. Ces leçons permettent de modifier à tout
moment le style de jeu de son joueur, dès lors que l'on a atteint les
caractéristiques requises (et payé le prof). Voilà une flexibilité appréciable
dans la perspective de jouer en ligne, un mode doté de toute la panoplie
d'options nécessaires pour s'amuser avec ses potes ou se lancer dans des compétitions.
Nous n'en dirons pas plus sur cette dimension, d'une part parce qu'il est
encore trop tôt pour juger de sa vitalité à long terme, et d'autre part en
raison des récents soucis d'accès au PSN qui ont compliqué les conditions de ce
test.