Des vidéos de Viking, vous en avez bouffé par mégatonnes, sur Gameblog ou ailleurs. Elles laissaient présager de belles choses, mais un soupçon de méfiance pouvait persister - ce fut d'ailleurs mon cas - devant des trailers assez grandioses certes, mais qui auraient finalement pu révéler, une fois la manette entre les mains, la déception d'un jeu bourrin de seconde zone, classique et peu inspiré... "Les vidéos ne rendent pas les coups", comme dirait notre bon vieux Kendy, selon l'une de ses formules favorites. Vrai. Mais pour le coup, un plus sobre "les a priori, c'est pas bien" collerait mieux. Car après quelques bonnes heures de jeu, je vous le dis sans détour : Viking, sans transcender le genre, est définitivement prompt à régaler nos rétines tout en nous procurant d'excellentes sensations de jeu. Un vrai petit coup de coeur, dont je m'en vais vous parler immédiatement.

Un Skarin pour les rassembler tous

On incarne donc le musculeux Skarin, guerrier Viking qui meurt sur le champ de bataille dès les premières secondes de l'aventure, mais se voit ressuscité par la déesse Freya avant de partir pour le Valhalla. Elle voit en lui son champion, le potentiel héros qui rassemblera les armées de Midgard et les emménera à la reconquête du Royaume de Midgard, pris par l'effroyable Légion de Hel. Le but de l'aventure sera donc de reconquérir, village après village, les terres de votre peuple, qui s'étendent sur trois îles franchement énormes. Parti d'un camp de base "sécurisé", il faudra donc s'aventurer dans chaque recoin de la gigantesque map, bastonner les soldats ennemis qui s'y trouvent à grands coups de hache et d'épée, libérer quelques amis de leur cage et éventuellement accomplir au passage quelques objectifs divers et variés. Première surprise : la voie du bourrinage n'est souvent pas la plus efficace. Il faudra souvent tenter une approche plus ou moins furtive (on peut faire des "silent kills" à la Tenchu) pour déblayer le terrain et, pourquoi pas, libérer vos compagnons sans trop vous faire voir, histoire qu'il vous filent un coup de main pour massacrer les quelques membres de la Légion qui traînent encore dans le coin. En libérant progressivement tous ces villageois, il accepteront de gonfler les rangs de votre petite armée, que vous emmènerez ainsi, quand ce sera nécessaire (pour reprendre un citadelle assiégée par exemple), dans de gigantesques batailles impliquant des centaines et des centaines de soldats à l'écran. Ces dernières tentent d'apporter un soupçon de stratégie, mais autant le dire clairement, ça ne vole pas très haut. En gros, vous pourrez demander à un dragon de liquider une cible précise moyennant quelques runes, ou encore buffer votre lame et celle de tous vos alliés, un court instant, avec de la magie (glace, foudre ou feu). Point final. Le reste est une histoire de beat'em all, de combos et de décapitations à la chaîne.

Viens que j'te découpe

Viking se veut rageur, violent et même carrément gore. Qu'il s'agisse de la phase de libération des villages ou des batailles à grande échelle, vous enchaînerez vos ennemis avec des combos dévastateurs qui pourront être conclus par une "fatalité" des plus efficaces... Skarin plante par exemple son épée dans le bide de son opposant avant de le décapiter avec sa hache, puis de lui couper d'un coup les deux bras, au cas où il voudrait encore se débattre... ou juste pour se défouler, en fait. Tout cela dans un bain de chair et de sang, bien entendu. Bref, le jeu idéal pour monter un reportage à la con sur TF1. Cette violence exacerbée sert une ambiance guerrière franchement efficace, dans un univers teinté de mythologie nordique dans lequel on se plonge volontiers. Le scénario n'est pas assez mis en avant à mon goût, avec quelques rares séquences contées par une voix off sur fond d'illustrations bicolores, et quelques micro-dialogues pas vraiment convaincants, mais globalement on rentre dedans sans avoir jamais envie d'en ressortir. La réalisation et le gameplay n'y sont évidemment pas étrangers.

On pique-nique ?

Le jeu affiche d'abord des qualités esthétiques rares. Les trois îles sont gigantesques, et pourtant complètement différentes. Au sein même d'une map, chaque recoin est immédiatement identifiable tant il se démarque des autres. Une petite plaine, une forêt dense traversée par une petite rivière, une région rocheuse impraticable, une plage... C'est à chaque fois un régal pour les yeux. Les développeurs ont en plus eu l'idée toute bête de changer systématiquement l'ambiance d'une zone, qui passera de l'obscurité et la pluie (lorsqu'elle est sous le joug de la Légion) à la douce lumière du soleil (lorsqu'elle est "libérée")... Bien vu. Joli. Et puis durant toute l'aventure, c'est simple : je n'ai eu de cesse de me poser quelques secondes pour contempler ces merveilleux paysages. A noter d'ailleurs qu'à la manière d'un GTA, le jeu nous inflige un gros loading en début de partie, pour nous laisser ensuite complètement tranquille. Appréciable.

Ramasse ta mâchoire

Bien sûr, la plus grande prouesse de Viking tient dans ses fameuses batailles à grande échelle. Lancer de tels assauts relève franchement de la pure jubilation ! Les soldats sont d'abord super nombreux à l'écran (j'ai presque envie de dire comme jamais), les flèches enflammées pourfendent le ciel, ça crie dans tous les sens... Lorsque Skarin croise le chemin d'un géant, d'un champion ou même d'un troll géant, alors les choses se compliquent mais s'intensifient aussi, avec des Quick Time Event dans lesquels il plante ses lames dans un bain de sang... L'ambiance globale de ces affrontements géants et épiques fait irrémédiablement penser à certaines scènes du Seigneur de Anneaux, d'autant que le tout est servi par des musiques orchestrales de très bon niveau (évitons en revanche d'aborder trop longtemps les doublages français, franchement médiocres).

Bref, malgré ses allures de jeu de seconde zone, malgré ses petits défauts pas plus agaçants que ça, Viking m'a réellement scotché pendant des heures. Les phases d'exploration, seul, à enchaîner les villages et les décapitations, se sont révélées moins répétitives que l'on pourrait l'imaginer, tandis que les grandes batailles explosent carrément tout ce qui s'est fait dans le genre à ce jour, tout cela dans un univers cohérent qui ravit les mirettes en permanence... Bref, on pourra disserter sur le manque de stratégie pendant les batailles, ça reste une expérience originale, tripante et unique. Une vraie bonne surprise.