Les versions du jeu étant identiques, les tests le sont également.

Dans Venetica, tout commence on ne peut plus classiquement. Scarlett, une jeune orpheline, habite un petit village perdu dans la montagne. Et évidemment, un jour, une bande d'assassins déboule, trucidant à loisir. Il semblerait que la jeune donzelle soit bien plus qu'il n'y parait, car c'est bien après elle qu'ils en ont. Son fiancé Benedict se sacrifie pour la sauver, et quelques instants plus tard, la pauvre se retrouve dans les limbes, face à la Mort.

(Spoiler :) Il y a une vie après le trépas

Décéder dès les premiers instants du jeu, ça doit être la mode en ce moment. Mais dans le cas de Scarlett, c'est surtout l'occasion d'apprendre sa véritable origine en pénétrant dans le monde des trépassés : fille de la Mort, son géniteur lui confie une périlleuse mission afin, bien entendu, de sauver le monde. Pour cela, elle doit chercher son arme ancestrale, le Croissant de Lune, puis se rendre à Venise, et elle disposera de pouvoirs de nécromancie lui permettant notamment de voyager dans le monde des morts et de revenir à la vie.

Nous voilà donc partis à l'aventure, dans une ambiance qui n'est pas sans rappeler Fable : graphismes cartoons, orientation résolument action. Alors certes, la réalisation n'est pas au top : le moteur n'est pas fantastique, les textures pas fines du tout, tout comme la modélisation des différents personnages, et il y a de nombreux bugs de collision, aussi bien dans les cinématiques que pendant les combats. Mais l'univers possède un certain charme, du petit village du début, à la côte et son pont gigantesque qui la relie à la grande Venise (ne cherchez pas de rapport avec la vraie, à part les canaux peut-être).

Du jeu de rôle léger...

La progression dans Venetica est assez linéaire. L'univers s'ouvrira petit à petit, pour ne pas effrayer le débutant, mais il faudra à chaque fois progresser dans le scénario pour débloquer la zone suivante de la carte. Il y a bien une certaine liberté sur les moyens de parvenir à nos fins, mais tout cela n'aura pas d'influence sur le cours des événements. Que Scarlett soit motivée par la soif de vengeance, ou bien par l'amour (et là, il faudra m'expliquer ce qu'elle trouve à ce benêt de Benedict, à part partager son patronyme avec l'acteur qui interprétait LeBeau dans l'Agence tous risques), on pourra par exemple rejoindre telle ou telle guilde, et du coup accéder à certaines opportunités au détriment d'autres. Mais dans tous les cas, on se retrouvera au même point à chaque combat de boss pour passer au chapitre suivant.

L'autre partie JdR, à savoir le levelling à outrance, ou "grosbillisme", est bien là. Pas de classe, de tirage de perso, ou autres personnalisations, mais un inventaire sans fond - on se demande bien où cette frèle jeune fille planque son garde-manger et son armurerie portative - et des niveaux à monter avec des points à attribuer. Si vos caractéristiques se résument au strict minimum, santé, magie, dégâts, en revanche vous pourrez débloquer des tactiques, pour peu que vous trouviez des maîtres pour vous les enseigner. Scarlett dispose d'un arbre de compétences relativement sommaire, divisé en deux parties : martiales, pour les quatre types d'armes du jeu, et nécromanciennes. Ces dernières sont assez originales mais malheureusement, elles servent peu dans le jeu au final.

...et de l'action un peu lourde

Car Venetica reste essentiellement tourné sur l'action / exploration. Et les combats ne sont pas forcément très subtils. En effet, l'IA de vos adversaires ne vole jamais très haut, et même si les pouvoirs peuvent apporter un plus indéniable dans certains affrontements, voire se révéler nécessaires quand c'est dicté par le scénario, la plupart du temps, la bonne arme, un bon timing sur la touche attaque couplée à quelques esquives suffisent à venir à bout de la majorité des adversaires. Enfin, sauf quand les fameux bugs de collision vous font pester, donc. Il y aura également quelques énigmes, jamais bien difficiles - la solution n'est jamais bien loin - et de nombreux, trop nombreux crochetages de portes et coffres, à base du fameux jeu de memory : une séquence plus ou moins longue à reproduire.

Au final, il faudra compter une trentaine d'heures pour boucler le jeu, en vadrouillant un peu partout. On prend quand même un certain plaisir à accomplir la bonne quantité de quêtes secondaires qui nous sont proposées, surtout pour découvrir plus avant l'architecture originale du monde, ses catacombes, ses coupe-gorges nocturnes, mais aussi ses grands monuments. Mais une fois le jeu fini, vous n'y retournerez probablement pas, linéarité du scénario oblige.

Dommage que la technique ne soit pas au niveau de 2010. En plus des graphismes, le son n'est pas bien glorieux : les musiques s'oublient vite, et le doublage français est médiocre, avec des effets de reverb dignes d'un enregistrement dans des WC. Le doublage anglais est passable, et j'avoue ne pas avoir essayé la langue de Goethe, les germanophones nous dirons ce qu'il en est. Enfin, entre les versions PC et 360, ma préférence s'est portée (étonnamment) sur cette dernière : le gameplay au pad est assez bien pensé, et on souffre beaucoup moins des irrégularités du moteur graphique, qui est poussif dès qu'on monte en résolution sur PC, avec des chutes de framerate très importantes.

Perdu au milieu d'un océan de succès annoncés, Venetica peine à nous convaincre, malgré ses très bonnes intentions. Techniquement daté, assez répétitif et peu original au niveau du gameplay, on aurait aimé être plus surpris par la jolie Scarlett. Mais c'est tout de même un jeu agréable qui pourra faire passer un bon moment aux amateurs du genre.